Chapitre 12
Lésions intracanalaires extramédullaires
Nous proposons de diviser ce chapitre en trois parties : les lésions intracanalaires extramédullaires (intradurales et épidurales), les lésions développées aux dépens des racines et des méninges, les anomalies du LCS (qui reprendra les idées développées dans le chapitre 7). Les orientations étiologiques reposent sur l’analyse du signal et de la topographie de la lésion. Il est utile (mais parfois difficile) de préciser si la lésion est située dans l’espace intradural ou épidural, car les étiologies des lésions diffèrent.
LÉSIONS INTRACANALAIRES EXTRAMÉDULLAIRES
LÉSIONS TISSULAIRES (HYPOSIGNAL T1, HYPERSIGNAL T2)
Lésions tissulaires intradurales
On note en règle le caractère bien limité, ovale ou en sablier, de la lésion et le refoulement harmonieux de la moelle.
Schwannome
La prise de contraste est plus ou moins intense, homogène, et si la lésion est volumineuse, elle peut présenter des composantes kystiques. L’extension en sablier (composante intrarachidienne et débord à travers un trou de conjugaison) est évocatrice (fig. 12.1).
Méningiome
La deuxième lésion à évoquer est le méningiome (fig. 12.2), surtout si la lésion survient dans la région dorsale, chez une femme, et présente une prise de contraste intense, une forme oblongue, voire une prise de contraste méningée associée.
Lésions typiques
Si la masse est appendue au cône médullaire, bien limitée et prend le contraste de façon intense, il peut s’agir d’un paragangliome.
Si elle est volumineuse, occupant souvent partiellement ou en totalité le canal rachidien, et prend le contraste de façon hétérogène, c’est un épendymome myxopapillaire.
Si son signal est hétérogène, avec des zones graisseuses, l’aspect est alors très évocateur de tumeur dermoïde, épidermoïde ou tératome.
Si la lésion est bien limitée, présente des zones kystiques et une portion charnue rehaussée par le contraste, c’est un schwannome.
Après les interventions en particulier pour hernie discale, on peut mettre en évidence un comblement tissulaire dans le trajet opératoire, prenant le contraste : c’est la classique fibrose postopératoire.
Enfin, dans un contexte post-infectieux, il faut penser aux nodules de fibrose post-arachnoïdite.
Autres lésions : d’autres tumeurs plus rares peuvent se rencontrer (PNET, rhabdomyosarcomes…), en particulier chez l’enfant.
Lésions tissulaires épidurales
Les lésions sont généralement plus extensives que les lésions intradurales. Leur siège antérieur ou postérieur oriente le diagnostic étiologique.
Lésion épidurale antérieure
Schématiquement, les lésions situées en avant du ligament vertébral commun postérieur, dites préligamentaires, ont en général un aspect en « bissac », témoignant de leur origine vertébrale ou discale de contiguïté. Cet aspect ne préjuge pas de la nature tumorale, inflammatoire ou infectieuse de la lésion. La cause la plus fréquente est la hernie discale (fig. 12.3). Quand la lésion se rehausse de façon intense et homogène, il s’agit généralement de l’extension épidurale d’une tumeur osseuse du corps vertébral – métastase d’un cancer, surtout du sein, du poumon et de la prostate chez l’homme âgé (fig. 12.4), hémopathie, angiome agressif, chordome – ou d’une spondylodiscite.
Fig. 12.3 Hernies cervicales T2 sagittal (A et B), axial avec aspect en bisac (C ), paramédian (D ).
Fig. 12.4 Métastase vertébrale : cancer du poumon (). Extension épidurale () en T1 (A), T1 Gd (B) et T2 (C).
Si la prise de contraste est périphérique et en continuité avec le disque adjacent, on évoque, dans un contexte infectieux, un abcès épidural (fig. 12.5) et, en l’absence de ce contexte, une hernie discale sous-ligamentaire (fig. 12.6).
Fig. 12.5 Épidurite infectieuse sur spondylodiscite en T1 Gd (A, C, D). Œdème médullaire réactionnel en T2 (B).
Les lésions rétroligamentaires ne présentent pas d’aspect en bissac et peuvent correspondre à :
Lésion épidurale postérieure
Il peut s’agir de l’extension par voie hématogène d’une hémopathie systémique (lymphome, leucémie : fig. 12.9) ou bien d’une épidurite infectieuse (évolution secondaire vers l’abcédation) ou métastatique. Cette lésion postérieure peut également correspondre à l’extension d’une tumeur primitive de l’arc vertébral postérieur (par exemple un ostéoblastome ou un kyste anévrismal) ou bien à une métastase. Plus rarement, il s’agit d’un lymphome épidural primitif, prenant le contraste de façon intense, ou d’un méningiome épidural. Une lésion en hyposignal T2 est très évocatrice de tumeur fibreuse, rare mais assez typique.
Un cas particulier de lésion épidurale postérieure est à signaler : l’hématopoïèse extramédullaire observée dans un contexte d’anémie, d’hémopathie et de myélofibrose. La lésion est étendue, en hypersignal T2.