12: Adénopathies et masses cervicales

Chapitre 12 Adénopathies et masses cervicales



La région cervicofaciale regroupe la plus grande partie des ganglions (400 à 700). Les adénopathies métastatiques lymphatiques cervicales sont un problème courant car les plus fréquentes dans la diffusion des carcinomes de la tête et du cou. Ils représentent environ 20 000 nouveaux cas par an en France dont plus de 95 % de carcinomes épidermoïdes, touchant les hommes 9 fois sur 10 mais avec un sex-ratio progressivement moins dominant. Selon la pathologie, la lymphophilie varie de 20–30 % pour l’endolarynx, jusqu’à 75 % dans les localisations très lymphophiles comme la cavité buccale, l’oropharynx, l’hypopharynx, le cavum et beaucoup ne sont pas palpables notamment en rétropharyngé [1]. D’où la nécessité d’une bonne connaissance de l’anatomie ainsi que des critères pathologiques et pronostiques de ces ganglions métastatiques. Ce chapitre rappelle donc la classification anatomique simplifiée des différents territoires, les différents critères pathologiques notamment selon le type d’imagerie utilisée puis les critères pronostiques et enfin différentiels des autres pathologies ganglionnaires. Un second problème est celui des masses cervicales notamment chez l’enfant et l’adolescent. Les plus fréquentes sont d’origine congénitale et une bonne connaissance embryologique associée à un repérage anatomique précis permet le plus souvent d’en proposer le diagnostic. Les autres causes sont aussi moins fréquemment inflammatoires ou plus rarement néoplasiques dans cette tranche d’âge.



Étude des ganglions de la tête et du cou


La classification topographique de Robbins [26] présente l’intérêt d’une bonne facilité d’emploi par les différents acteurs de la chaîne de prise en charge du patient (tableau 12-1) (fig. 12-1).


Tableau 12-1 Classification des groupes ganglionnaires cervicaux .











































Groupe Territoire Limites
IA Sous-mental (fig. 12-2) Sous le plancher buccal en dedans des ventres antérieurs des muscles digastriques
IB Submandibulaire (fig. 12-3) Autour et en avant du plan postérieur de la glande, en dehors du ventre antérieur du muscle digastrique homolatéral
II Jugulaire interne supérieur (fig. 12-4) Autour de la veine, sur toute la largeur et en dedans du muscle sterno-cléido-mastoïdien depuis la base du crâne jusqu’à hauteur de l’os hyoïde
En arrière de la glande submandibulaire
II-A en avant et au niveau de la VJI et II-B en arrière d’elle
III Jugulaire interne moyen (fig. 12-5) Autour de la veine, sur toute la largeur et en dedans du muscle sterno-cléido-mastoïdien depuis l’os hyoïde jusqu’au bord inférieur de l’anneau cricoïdien
IV Jugulaire interne inférieur (fig. 12-6) Autour de la veine, sur toute la largeur et en dedans du muscle sterno-cléido-mastoïdien depuis le bord inférieur de l’anneau cricoïdien jusqu’en sus-claviculaire
V Spinal accessoire ou triangle postérieur du cou (fig. 12-7) Depuis la région sous-mastoïdienne, le long du nerf spinal en arrière du muscle sterno-cléido-mastoïdien jusqu’à la clavicule. (V-A et V-B limités par le niveau du bord inférieur du cricoïde)
VI Cervical antérieur (fig. 12-5 et 12-8) Prélaryngé et trachéal ainsi que péritrachéo-oesophagien depuis l’os hyoïde jusqu’à la fourchette sternale en avant des territoires III et IV
VII Médiastinal supérieur (fig. 12-8)  
Autres Facial, occipital, mastoïdien, parotidien et rétropharyngé  


On remarquera la limite peu précise entre le territoire II-B en arrière de la jugulaire et en avant du bord postérieur du muscle SCM et le territoire V-A de très petite taille à ce niveau (fig. 12-7).









Critères pathologiques des ganglions


Dans le cadre du bilan d’extension des cancers bucco-pharyngo-laryngés, les trois critères pathologiques principaux en imagerie notamment en scanner sont [712] :


la taille : elle correspond au plus petit diamètre transversal. La mesure seuil est fixée à 10 mm dans les différents territoires sauf dans les territoires II (12 mm) (fig. 12-9a) et rétropharyngés (8 mm). Toutefois il faut retenir qu’avec ces mesures, 20 % des plus grands ganglions restent bénins et 50 % des ganglions atteints mesurent moins de 5 mm [13], d’où la nécessité d’examiner les territoires controlatéraux pour apprécier leur symétrie. De même, quelle que soit la taille, une éventuelle évolutivité dans le temps les rend suspects ;

l’homogénéité : la présence de nécrose centrale avec rehaussement périphérique apparaît pathognomonique du caractère pathologique du ganglion (fig. 12-3, 12-9c), d’où la nécessité d’une injection optimale. Parfois se pose le problème du diagnostic différentiel avec un hile graisseux peu marqué notamment sur de petits ganglions, d’où un effet de volume partiel pouvant être confondu avec une nécrose débutante (fig. 12-9e) ;

les contours sont très spécifiques de la pathologie s’ils sont irréguliers avec des signes de fixité musculaire, vasculaire, osseuse ou cutanée et une disparition de la graisse environnante (fig. 12-9d). Ces anomalies rendent très important le risque d’extension controlatérale. Le risque d’extension extracapsulaire est aussi très dépendant de la taille du ganglion atteint. Il est de 25 % environ sur des ganglions de 1 cm ou moins, et de 75 % pour des structures de plus de 3 cm [7]. La perte des contours ganglionnaires et l’infiltration des tissus environnants en sont les meilleurs signes. Cette anomalie de contours, à l’inverse de la précédente, n’est spécifique que sur des cous non irradiés. De même la fixité carotidienne est au mieux appréciée en préopératoire. Elle est négativée en cas de contact entre l’adénopathie et l’artère de moins de 180°. Par contre, elle est fortement suspectée si la surface dépasse les 270°, prédisant fortement l’envahissement de la paroi artérielle [10] (fig. 12-9f). De même l’atteinte osseuse de la base du crâne ou d’une vertèbre nécessite sa description du fait de l’indication d’inopérabilité qui souvent en découle. La préservation du liseré graisseux rétropharyngé est un bon signe d’absence de fixité aux muscles prévertébraux.



Les autres critères sont [14] :






Dans les autres techniques d’imagerie, il faut noter quelques particularités pathologiques :


en échographie [16, 17], l’hypoéchogénicité (sauf pour l’atteinte thyroïdienne souvent hyperéchogène), l’hypervascularisation périphérique extrahilaire (fig. 12-10) (sauf pour le lymphome), la disparition du hile graisseux central normalement bien visible, hyperéchogène sur les ganglions sains, la présence de microcalcifications et bien sûr la nécrose et l’irrégularité des contours. Les microcalcifications non atténuantes semblent aussi plus spécifiques d’une atteinte thyroïdienne. Ajoutons, avec cette technique, la possibilité de réaliser des ponctions cytologiques à l’aiguille fine ;

en IRM [8], l’hyperintensité T2 des zones de nécrose et le rehaussement inhomogène sont des arguments en faveur d’une atteinte ganglionnaire métastatique. L’usage des séquences T1 injectées avec saturation de graisse est particulièrement utile pour différencier un centre graisseux d’une nécrose ganglionnaire. Les séquences STIR semblent également d’un grand intérêt dans la détection et dans la cartographie des adénopathies métastatiques [19]. Plus récemment l’application des séquences de diffusion aux adénopathies cervicales semble montrer des résultats intéressants avec des valeurs du coefficient apparent de diffusion (ADC) inférieures pour les métastases ganglionnaires de carcinome épidermoïde et surtout pour les ganglions lymphomateux par rapport à des ganglions lymphatiques bénins ou inflammatoires, principalement en raison de leur hypercellularité [20]. Rappelons toutefois que des adénopathies très nécrotiques, comme les lésions kystiques, peuvent présenter des valeurs d’ADC élevées. À l’heure actuelle plusieurs équipes travaillent sur cette technique [21] et il n’est pas encore possible de définir une valeur d’ADC seuil permettant de discriminer avec certitude un ganglion bénin d’un ganglion malin (la valeur ADC varie avec le champ, le type de séquence et le type de machine). Enfin un hyposignal sur les séquences T2* après injection de produit de contraste superparamagnétique est en faveur d’un ganglion bénin [22, 23].


La sensibilité de la TEP est au moins équivalente à celle de l’imagerie radiologique et selon certaines études, la spécificité du TEP serait plutôt un peu supérieure. L’étude des aires ganglionnaires cervicales est bien sûr capitale compte tenu de la lymphophilie de ces tumeurs. En TEP, La mesure de l’intensité de l’hypermétabolisme (SUV) a le double intérêt d’apporter un élément pronostique, et de servir de référence dans l’hypothèse d’une TEP de contrôle. Un ganglion envahi est hyperfixant, et ce même s’il n’y a pas d’hypertrophie manifeste, permettant de détecter un certain nombre d’envahissements microscopiques. Plus rarement la TEP innocentera une adénomégalie d’origine inflammatoire commune ou séquellaire. De plus si la tumeur primitive n’est pas décelée, la TEP semble retrouver la tumeur initiale dans encore 25 % des cas. Aujourd’hui la TEP au 18F-FDG est donc proposée dans trois indications principales [9, 22, 23] :





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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 12: Adénopathies et masses cervicales

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