11 Saturation en oxygène du sang veineux mêlé (SvO2)
Définition
Portion d’oxygène restant liée à l’hémoglobine après l’extraction cellulaire de l’oxygène, mesurée sur le sang veineux mêlé1 prélevé dans l’artère pulmonaire.
TaO2 : volume d’oxygène délivré aux circulations périphériques par minute.
Principes physiologiques
Déterminants de la SvO2
La SvO2 peut donc être exprimée comme suit :
SaO2 : saturation artérielle en oxygène ; Hb : concentration en hémoglobine.
Procédure de mesure
Mesure par un prélèvement ponctuel de sang veineux mêlé à l’aide d’un gaz du sang à partir de l’artère pulmonaire
S’assurer du bon positionnement de l’extrémité du cathéter dans une grosse branche de l’artère pulmonaire. Le CAP doit donc être situé dans un gros tronc de l’artère pulmonaire, loin des capillaires et doit être purgé régulièrement.
Prélever par l’orifice distal du cathéter artériel pulmonaire.
S’assurer que le ballonnet du CAP est dégonflé lors du prélèvement, faute de quoi le sang prélevé risque d’être fortement contaminé par le sang capillaire oxygéné.
Purger l’espace mort du cathéter par l’aspiration d’au moins 2 mL avant d’effectuer le prélèvement du sang dans une seringue appropriée (seringue à GDS).
Effectuer ces manœuvres (traction exercée sur le piston de la seringue utilisée pour l’aspiration du sang) suffisamment lentement afin d’éviter d’aspirer du sang capillaire (capillarisation du sang prélevé) :
Acheminer le sang au laboratoire aussi vite que possible pour limiter la consommation d’oxygène par les éléments figurés du sang dans la seringue de prélèvement.
Mesure via un cathéter artériel pulmonaire pourvu de fibres optiques permettant une surveillance continue
Effectuer une calibration in vitro avant l’insertion du cathéter artériel pulmonaire à l’aide d’une référence optique à usage unique conformément aux instructions des fabricants. N.B. : une nouvelle calibration (« recalibration ») in vivo doit être effectuée par prélèvement du sang artériel pulmonaire chaque fois que le monitorage continu de la SvO2 montre des valeurs suspectes ou erronées (toutes les 24 heures environ).
Vérifier rigoureusement la bonne position du cathéter dans l’artère pulmonaire (pas trop distale) : l’exactitude du monitorage de la SvO2 en dépend. Par conséquent, de mauvaises interprétations de valeurs de SvO2 peuvent être minimisées par un repositionnement du cathéter artériel pulmonaire et une recalibration du système de mesure.
En cas de présence de fibrine sur l’extrémité du cathéter, ce dernier doit être mobilisé et rincé.
Mesure continue de la SvO2 (in vivo)
Analyse de l’échantillon sanguin en laboratoire par spectrophotométrie de réflexion.
Limites de la mesure in vivo et in vitro (tableau 11.1)
Limites de la mesure de la SvO2 in vivo | Limites de la mesure de la SvO2 in vitro |
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Sources fréquentes d’erreurs en cas de : Déplacement fréquent avec mauvais positionnement du cathéter Présence de fibrine à l’extrémité des fibres optiques | Technique très longue Source fréquente d’erreurs Peut exposer à la spoliation sanguine (surtout en pédiatrie) par prélèvements sanguins itératifs Peut entraîner des infections liées aux manipulations fréquentes du cathéter artériel pulmonaire Absence de monitorage réel |
Avantages et limites de la SvO2 (tableau 11.2)
Avantages | Limites |
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Moyen fiable de surveillance cardiovasculaire pour apprécier précocement l’existence d’un déséquilibre entre les besoins et les apports en oxygène (évaluation de l’oxygénation systémique globale) survenant chez les malades instables en réanimation ou dans les périodes per- et postopératoires Permet une identification précoce et fiable d’une perte sanguine (avant la PAM, la PVC, la diurèse, la concentration d’Hb) | Ne permet qu’une appréciation globale et grossière de l’utilisation de l’O2 de l’ensemble de l’organisme : ne prend pas en compte une souffrance tissulaire localisée (ischémie mésentérique, par exemple) Dépendant des nombreux facteurs modifiant l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène (hyperthermie, hypercapnie, acidose, augmentation du 2,3-diphosphoglycérate) Ne peut être utilisée comme témoin du rapport entre consommation et apport d’oxygène lors des insuffisances respiratoires aiguës où la SaO2 est basse et s’écarte sensiblement de 100 %. Médiocre intérêt de la SvO2 comme outil de monitorage dans les états hyperdynamiques (états de dépendance TaO2/VO2) : Marqueur médiocre de l’existence d’une hypoxie tissulaire ou d’une hyperlactatémie |
Indications et contre-indications de la mesure de la SvO2 (tableau 11.3)
Indications | Contre-indications |
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Monitorage : Évaluation du shunt pulmonaire dans le SDRA, atélectasies… Évaluation de la dose appropriée de l’agent thérapeutique ayant des effets thermogéniques Aide supplémentaire au réglage de la PEP | Liées aux contre-indications à l’utilisation d’un cathéter artériel pulmonaire |