11: La méralgie paresthésique

La méralgie paresthésique


Nerf cutané fémoral latéral


N. cutaneus femoris lateralis



Généralités




Rappel anatomique et physiopatholoqique


Le nerf cutané fémoral latéral ou nerf cutané latéral de la cuisse est un nerf purement sensitif, issu du plexus lombal (L2-L3). Il émerge latéralement de sous le muscle grand psoas pour cheminer dans les fascias sur le muscle iliaque à la face médiale de l’ilium.


Il atteint la partie médiale de l’épine iliaque antéro-supérieure et quitte le bassin par la lacune musculaire avec le muscle ilio-psoas, en passant en dessous, en dessus ou au travers du ligament inguinal, en général à moins de cinq centimètres de l’épine iliaque antéro-supérieure. À l’endroit de son passage dans le ligament inguinal, le nerf présente une augmentation marquée de son tissu conjonctif de protection. Le nerf décrit souvent un angle droit à sa sortie du bassin, ce type de trajectoire compromet toujours la vascularisation intrinsèque du nerf. Des études réalisées sur des cadavres ont montré que cet angle et la tension du nerf cutané fémoral latéral augmentent lors de l’extension de la hanche et diminuent lors de la flexion.


Ensuite, il passe en général sur le muscle sartorius et se divise en au moins deux branches, une antérieure et une postérieure. Ces branches descendent dans la cuisse et traversent le fascia lata pour devenir superficielles dix centimètres en aval du ligament inguinal et innerver la peau de la face antéro-latérale de la cuisse, jusqu’au genou.


Chez de rares sujets, le nerf, après avoir quitté le bassin, traverse la partie proximale du muscle sartorius ou encore passe sous ce-dernier. On peut considérer que la tension du muscle sartorius, dans le cadre d’un syndrome myofascial douloureux, accompagné d’un point trigger myofascial, peut comprimer le nerf cutané fémoral latéral dans le muscle sartorius ou le comprimer contre l’ilium.


Un autre variante anatomique peut être observée : le nerf quitte le bassin en passant en dessus de la crête iliaque, en amont de l’épine iliaque antéro-supérieure, il est à cet endroit, spécialement vulnérable à toute compression vestimentaire ou traumatique (voir figure 7.11).



Bernhardt et Roth ont décrit en 1878 la «meralgia paraesthetica», du grec «meros» qui signifie cuisse et «algos» douleur, comme étant une neuropathie douloureuse présentant une distribution symptomatique typique, précisément localisée, en forme de raquette, apparaissant à la station debout, à la marche et surtout provoquée par l’extension de la hanche.






Tableau clinique


Douleur, souvent à caractère paresthésique ou légèrement brûlante, située à la face antérolatérale de la cuisse. Elle débute au niveau de l’épine iliaque antéro-supérieure pour s’étendre jusqu’au bord supérieur de la patella, topographiquement bien délimitée, elle couvre une zone en forme de raquette. Son étendue et son intensité varient d’un sujet à l’autre.


Dysesthésies, sensation de peau cartonnée, poilue ou trop serrée, paresthésies douloureuses, parfois hyperalgésie cutanée accompagnée de décharges électriques erratiques, exacerbée par les frottements vestimentaires ou manuels.


Trouble de la sensibilité superficielle, hypoesthésie, parfois anesthésie totale et diminution de thermoesthésie.


Douleur et/ou symptomatologie, exacerbées par le port des vêtements serrés, l’extension ou l’adduction de la hanche, la flexion du tronc, la marche, la course à pied, la station debout prolongée, la position assise prolongée en voiture qui favorise la compression vestimentaire et par la ceinture de sécurité, la flexion passive maximale de la hanche et le décubitus dorsal.


Symptomatologie diminuée par les mouvements de la jambe, la flexion de la hanche, la position assise sans vêtements, l’abduction de la hanche (un coussin entre les cuisses pour dormir).


Point hypersensible à la palpation et au tapotement en regard du «foramen inguinal» accompagné d’irradiations parfois atypiques vers la fesse ou le pli de l’aine.


Apparition tardive de troubles trophiques cutanés: peau lisse, épilée, amincie.













Bilan diagnostique



Examen neurodynamique


Le sujet est en décubitus latéral en position standardisée. Le praticien amène et maintient sa hanche, dans une position neutre entre abduction et adduction et sans rotation, à l’aide d’une prise en berceau.


Il réalise ensuite successivement:



Le mouvement est réalisé dans son amplitude maximale.




Le mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, la composante s’additionne à la précédente.






Le mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, la composante s’additionne aux précédentes.


Remarque : le choix de la rotation latérale ou mediale est fonction des conditions de reproduction des signes cliniques.




Le mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, la composante s’additionne aux deux premières (voir figures 7.1 et 7.2).




Remarque : la rotation latérale peut augmenter directement la tension sur le nerf cutané fémoral latéral, tandis que la rotation médiale augmente la tension sur ses interfaces musculaires: les muscles ilio-psoas et sartorius.


La symptomatologie est reproduite au niveau de la face antéro-latérale de la cuisse.


Le praticien demande au sujet d’effectuer une flexion de la tête et de la nuque (voir figure 7.5), si la symptomatologie au niveau de la face antérolatérale de la cuisse change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise. Il lui demande ensuite d’effectuer une extension de la tête et de la nuque (sans figure), si la symptomatologie du sujet change, l’hypothèse d’une origine neurogène est confirmée.





Le praticien maintient le nerf cutané fémoral latéral sous tension (voir figures 7.1, 7.2 et 7.4) et demande au sujet d’effectuer un mouvement combiné de flexion, abduction et rotation latérale de la hanche, contre sa résistance.



Remarque : le praticien teste la qualité de l’interaction dynamique des muscles ilio-psoas et sartorius et du nerf cutané fémoral latéral, liés par une relation anatomique étroite.


La symptomatologie du sujet est reproduite au niveau de la face antéro-latérale de la cuisse.


Le praticien effectue une inclinaison homolatérale (voir figure 7.7) ou hétérolatérale (sans figure) de la colonne lombale, à l’aide d’un mouvement du bassin du sujet.



Si la symptomatologie au niveau de la face antérolatérale de la cuisse change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise, voire confirmée.




Le sujet est en décubitus latéral en position standardisée, sur le côté à examiner.


Le praticien réalise successivement:



Chaque mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, toutes les composantes s’additionnent.


La symptomatologie du sujet est reproduite au niveau de la face antéro-latérale de la cuisse.


Le praticien lui demande d’effectuer une flexion (sans figure) et ensuite une extension de la tête et de la nuque (voir figure 7.9).



Si la symptomatologie au niveau de la face antérolatérale de la cuisse change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise, voire confirmée.



Examen palpatoire




Le praticien repère à la face latérale de la cuisse:





Remarque : plus le nerf est médial au niveau du ligament inguinal, plus il est distal au niveau du muscle sartorius.




Le praticien teste la mécanosensibilité du nerf cutané fémoral latéral du sujet en le comprimant ou en le percutant, au niveau de son passage dans le ligament inguinal, à 1 à 5 cm médialement à l’épine iliaque antéro-supérieure.


Il réalise cette manœuvre bilatéralement et prend note de toute hypersensibilité locale et/ou reproduction de la symptomatologie du sujet. Dans certains cas, le praticien perçoit une petite corde de 2 à 3 mm de diamètre, qui roule sous son doigt lorsqu’il la palpe transversalement.



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May 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 11: La méralgie paresthésique

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