Chapitre 11 Artéfacts en imagerie par résonance magnétique
Les principaux artéfacts comprennent :
Artéfacts métalliques
La présence de matériel ferromagnétique s’accompagne de distorsions locales du champ magnétique entraînant une zone de vide de signal avec en périphérie un renforcement du signal et une déformation de l’image dont l’aspect est en général caractéristique. C’est la raison pour laquelle tout matériel ferromagnétique externe (bijoux, montre, dentier, soutien-gorge, ceinture, pantalon avec boutons ou fermeture Éclair en métal, etc.) doit être retiré au patient avant l’examen. De même, il faut s’enquérir de la présence de corps étrangers métalliques, en particulier intra-oculaires, qui constituent alors une contre-indication à l’examen (risque de migration). Les implants métalliques [clips chirurgicaux, valve de dérivation (fig. 11-1), prothèse dentaire fixe (fig. 11-2), dent à pivot, prothèse métallique, etc.], s’ils sont ferromagnétiques et proches de la région d’intérêt, peuvent rendre l’examen inexploitable. Lorsqu’ils sont volumineux, la qualité de l’image se dégrade encore davantage, l’accord de l’antenne étant perturbé par la présence du métal. Les fards à paupière (à base de pigments ferromagnétiques) sont responsables de déformations de la région oculaire (fig. 11-3). De même, les forages chirurgicaux laissent en place de petits débris métalliques microscopiques (invisibles en radiologie conventionnelle), responsables d’artéfacts. Citons encore les matériaux non ferromagnétiques qui créent de discrets liserés en hypersignal (plus ou moins marqués en fonction de la forme de l’objet en question). Les bijoux appartiennent plutôt à cette seconde catégorie.
Les artéfacts métalliques sont plus prononcés sur les appareils à haut champ. Il n’y a pas de véritable remède pour les éviter si ce n’est l’utilisation préférentielle de séquences en écho de spin plutôt qu’en écho de gradient, ces dernières étant plus sensibles aux hétérogénéités de champ. En effet, les séquences d’écho de gradient ne comportent pas d’impulsion de 180° permettant, justement, de s’affranchir des inhomogénéités du champ magnétique (voirChapitre 4). Dans le même ordre d’idées, les séquences d’écho de spin rapide, comprenant de nombreuses impulsions RF de 180°, sont encore plus efficaces pour corriger ces artéfacts que les séquences d’écho de spin (fig. 11-4).
Artéfacts de mouvements
Mécanismes des artéfacts de mouvements et solutions
Les mouvements peuvent affecter l’image de deux façons :

Fig. 11-5 Dans notre exemple, la structure en mouvement est représentée par une étoile.
Les mouvements peuvent affecter l’image de cet objet de deux façons :
L’origine de ces artéfacts fantômes fait appel à deux mécanismes de base :
Cette correction est satisfaisante pour les spins stationnaires (correction par Gd+ des décalages de phases induits par Gd–), mais incomplète pour les spins en mouvement : les spins se déplaçant durant l’application des gradients, la «compensation» par gradient bipolaire ne peut avoir lieu; il persiste alors des décalages de phase se traduisant par des images fantômes dans la direction du codage de phase (voir gradient de compensation de flux, de mouvement – Chapitre 10).

Fig. 11-8 Utilisation du codage radiaire pour réduire les artéfacts de mouvements.
Images : P.-E. Zorn.
comme pour le bruit de fond de l’image, par effet de «moyennage»)1 et de les espacer en les «chassant» du champ de vue; mais, la durée d’acquisition étant proportionnelle au nombre d’excitations (Tac = TR × Np × Nex), cette solution était, jusqu’à récemment, limitée aux séquences courtes (pondérées en
, séquences en écho de gradient ou, surtout, avec matrice asymétrique); néanmoins, grâce à l’avènement des techniques d’acquisitions parallèles, qui permettent de réduire les temps d’acquisition (voirChapitre 9), cette solution devient tout à fait crédible; enfin, l’espacement des «fantômes» étant aussi proportionnel au TR, une augmentation de ce dernier permet également de les projeter en dehors de la zone d’intérêt avec pour conséquence une augmentation du temps d’acquisition mais aussi une modification du contraste de l’image (voirfig. 11-6);Artéfacts liés aux phénomènes de flux
Le flux pulsatile du sang ou du liquide céphalorachidien engendre des artéfacts divers (dans la direction du codage de phase) dont l’intensité est variable en fonction de la prépondérance des effets de temps de vol ou de déphasage (voirChapitre 10).
Ces artéfacts de flux sont couramment rencontrés en projection des 3e et 4e ventricules, des siphons carotidiens et du tronc basilaire. On les rencontre souvent aussi dans les explorations abdominales, en regard de l’aorte et de la veine cave inférieure (fig. 11-11 et voirfig. 11-14).
Au niveau du genou, on peut se trouver gêné par des artéfacts de flux sur les coupes passant par les vaisseaux poplités (fig. 11-12).
On peut constater la visualisation d’artéfacts équivalents après une injection intraveineuse de gadolinium. En effet, après son administration, on note parfois une prise de contraste persistante dans les vaisseaux à circulation lente (veines), d’où l’apparition d’images fantômes dans le sens du gradient de codage de phase (fig. 11-13).
Différents moyens permettent de diminuer les images fantômes liées au flux :
ou
(explorations cérébrales, médullaires, etc.) (voirChapitre 10);Artéfacts de troncature
Les artéfacts de troncature (également appelés phénomène de Gibbs) prennent leur origine au niveau des interfaces présentant une zone de transition abrupte de signal (exemple graisse/muscle ou LCR/moelle). Ils apparaissent sous forme de bandes périodiques d’intensité faible et élevée (striations) parallèles à la zone de variation brutale de signal; la périodicité des striations (distance entre les bandes) est liée à la taille de la matrice (résolution spatiale). Leur mécanisme est lié au principe même de reconstruction de l’image : en effet, en IRM, l’image est reconstruite par analyse de Fourier impliquant que des formes fort complexes sont obtenues par une combinaison d’ondes sinusoïdales (fig. 11-16).
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avec suppression de graisse (b).


(a). L’artéfact est diminué sur la coupe réalisée en écho de spin rapide pondéré
, en raison des nombreuses impulsions RF comprises dans la séquence (b).



(a), on peut voir des images fantômes, liées aux mouvements de la graisse sous-cutanée de signal intense, en projection des corps vertébraux et du canal rachidien. Ces artéfacts sont fortement réduits par la mise en place d’une bande de présaturation antérieure (b). Une autre solution consiste à inverser le sens du gradient de codage de phase (c) : il est antéro-postérieur sur l’image (a) et dans la direction haut-bas sur l’image (c), ce qui évite la projection des images fantômes sur la zone d’intérêt.




