Question 106. Elle a eu un cancer du sein et souhaite un THS, que faire ?
La demande
Le préliminaire
Pour traiter une femme ménopausée, il faut se référer à la mise au point de l’Afssaps rendue publique le 3 décembre 2003 concernant le traitement hormonal substitutif (THS), que vous trouverez à la question spécifique 103.
■ Pour le suivi du cancer du sein : cf. question 95.
■ L’antécédent personnel de cancer du sein est une contre-indication au THS.
■ La castration est parfois un objectif thérapeutique, contre-indiquant alors un THS.
■ L’association d’une hormonothérapie et d’un THS n’est pas indiquée.
■ La discussion peut se présenter devant une patiente en ménopause induite post-chimiothérapie pour un cancer non hormonodépendant ou à long terme, plus de cinq ou dix ans après le cancer du sein en rémission.
La première consultation
Le médecin ne peut pas conseiller dans ces conditions un THS œstroprogestatif qui augmente le risque de cancer du sein et de maladies cardio-vasculaires.
En revanche il est possible d’utiliser des traitements symptomatiques anciens tels que l’Abufène.
Le tibolone et les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (SERM) n’ont pas encore suffisamment fait la preuve de leur innocuité.
En cas de difficultés ou de demandes très pressantes de la part de sa patiente, le médecin prend avis de son correspondant spécialiste.
La prescription d’œstrogénothérapie locale sera discutée avec information de la patiente.
Le point de vue du gynécologue
Le cancer du sein est hormonodépendant ce qui contre-indique tout traitement hormonal substitutif de la ménopause. En effet, les œstrogènes sur le cancer du sein ont des effets sur l’ADN, sur l’activation des facteurs oncogènes, la synthèse des protéases et les facteurs de croissance.
THS et cancer du sein
Il est maintenant admis que le THS augmente le risque du cancer du sein avec le temps.
L’étude américaine WHI et l’étude anglaise de la « Million » ont mis en évidence une augmentation du nombre de cancer du sein sous hormonothérapie substitutive quelle qu’elle soit. Le risque est multiplié par 1,66 pour cette dernière, par 1,3 s’il s’agit d’œstrogénothérapie seule et par 2 si ce sont de œstroprogestatifs. La surmortalité est multipliée par 1,22. Le nombre de cancers du sein augmente avec la durée de prescription, disparaît après l’arrêt de la prescription et semble indépendant de la galénique.
Le nombre de cas supplémentaires pour 1 000 femmes traitées est de +2 sur cinq ans et de +5 sur dix ans pour les patientes sous œstrogènes seuls, et de +6 sur cinq ans et +19 sur dix ans pour les femmes sous œstroprogestatifs. Le niveau de base attendu est de 32 cas pour 1 000 femmes entre 50 et 65 ans sur quinze ans.