10 Régions de la face, régions superficielles du crâne
La région de la face est la partie antéro-inférieure de la tête, située en dessous de la ligne des sourcils et en avant du méat (ou conduit) acoustique externe et du bord postérieur du ramus de la mandibule (cf. fig. 1.6 au chapitre 1). Elle est dévolue principalement aux voies aérodigestives supérieures ainsi qu’aux organes des sens. La face a un rôle majeur dans l’identité de l’individu, dans sa communication et dans son intégration sociale. Ceci est particulièrement illustré par l’explosion actuelle de la demande d’actes de chirurgie esthétique de la face, en particulier pour atténuer les effets du vieillissement facial, ou sénescence faciale.
La région du crâne est la partie postérosupérieure de la tête, au-dessus de la ligne des sourcils, en arrière du méat acoustique externe et du ramus de la mandibule (cf. fig. 1.4 et 1.6 au chapitre 1).
I Régions superficielles du crâne et de la face
A Crâne
La région du crâne est subdivisée en quatre régions, selon la nomenclature anatomique internationale (INA) : frontale, pariétale, occipitale et temporale. Ces régions constituent pour l’essentiel le cuir chevelu, zone recouverte de poils, les cheveux, qui ont une croissance constante tout au long de la vie, ce qui est une curiosité lorsqu’on compare l’homme aux autres primates (fig. 10.1).
1 Région frontale
La région frontale est définie comme la surface du crâne répondant à l’os frontal. Elle est glabre en bas, chevelu en haut. La ligne d’implantation des cheveux a une morphologie variable et recule parfois chez l’homme, laissant apparaître les golfes temporaux. La peau de la région frontale est parcourue de plis transversaux liés à la tonicité du muscle frontal. Une hypertonie de ce dernier est à l’origine des rides frontales, qu’il est possible d’atténuer par l’injection de toxine botulinique.
2 Région pariétale
La région pariétale est définie comme la surface du crâne répondant à l’os pariétal. C’est une région convexe normalement recouverte de cheveux. La peau de la région pariétale est séparée du périoste de la calvaria, ou voûte crânienne, par le plan du muscle occipitofrontal et de son aponévrose épicrânienne, ou galéa aponévrotique (de Theile). Cette région est fréquemment utilisée pour réaliser des prélèvements d’os de la calvaria, en particulier en chirurgie orale.
3 Région temporale
La région temporale. Au-dessus de l’arcade zygomatique, l’écaille ou partie squameuse de l’os temporal délimite avec la grande aile de l’os sphénoïde la fosse temporale, cloisonnée en superficie, sous la peau temporale, par le fascia temporal. Le muscle temporal s’y insère. Cette région est croisée par les vaisseaux temporaux superficiels, accompagnés du nerf auriculotemporal sur une partie de leur trajet (fig. 10.2). L’artère temporale superficielle est la principale artère nourricière du cuir chevelu. En clinique, cette zone est surtout importante en traumatologie neurochirurgicale ; en effet, l’artère méningée moyenne chemine à la face endocrânienne de l’os temporal, dans une zone où la dure-mère est moins adhérente à l’os : c’est la zone décollable de Gérard Marchant, où des hématomes extraduraux se constituent de manière élective.
4 Région occipitale
La région occipitale. La protubérance occipitale externe y est palpable, au centre de la ligne nucale supérieure. Au-dessus de la ligne nucale supérieure, la peau occipitale répond à l’os par l’intermédiaire de la partie occipitale du muscle occipitofrontal. En dessous de cette ligne est la région nucale, dont le plan superficiel est formé par le chef supérieur du muscle trapèze.
B Oreille externe
L’oreille externe est formée d’une partie externe, le pavillon ou auricule, qui capte les sons, et d’une partie interne, le méat acoustique externe, qui conduit les sons jusqu’au tympan.
1 Auricule
L’auricule est une formation chondrocutanée fixée à la face externe de l’os temporal, autour du pore acoustique, entre le processus mastoïde de l’os temporal en arrière et l’articulation temporomandibulaire en avant (fig. 10.3).
a Conque
L’auricule est centrée sur le pore acoustique externe : c’est la conque qui forme un entonnoir communicant avec le méat acoustique externe.
b Hélix
L’auricule s’inscrit dans un ovoïde à grand axe vertical dont le bord est marqué par l’hélix, repli dont la racine est dans la conque. L’hélix décrit une circonvolution autour de la conque et se termine par une portion effilée, la queue de l’hélix, en direction du lobule de l’oreille. L’hélix est marqué par un renflement postérosupérieur, le tubercule de l’auricule (tubercule de Darwin).
c Anthélix
L’anthélix forme une saillie curviligne entre l’hélix et la conque. Il se divise en deux racines dans la gouttière scaphoïde et délimite la fosse triangulaire. Un défaut de plicature de l’anthélix est à l’origine d’un décollement de l’auricule : c’est la malformation la plus fréquente de l’oreille externe.
d Tragus
Le tragus est un relief chondrocutané situé en avant de la conque. Il forme un opercule protégeant le pore acoustique externe.
e Antitragus
L’antitragus est fixé sur la portion inférieure de la conque, en face du tragus. Il est séparé du tragus par l’incisure intertragienne.
2 Méat acoustique externe
Le méat acoustique externe est un conduit ostéocartilagineux qui relie le pore acoustique externe à la membrane du tympan (fig. 10.4). Son axe est oblique médialement, en avant et en bas.
Fig. 10.4 Oreille externe. Coupe frontale montrant le méat acoustique externe.
1. Auricule. 2. Cartilage. 3. Os. 4. Membrane tympanique. 5. Méat acoustique externe.
Son tiers latéral est fibrocartilagineux et les deux tiers médiaux, osseux :
• la portion fibrocartilagineuse est en continuité avec le cartilage de l’auricule ; elle forme une gouttière inférieure fermée par du tissu fibreux ;
• la portion osseuse est formée par la partie squameuse de l’os temporal en haut et par l’os tympanal en bas, en avant et en arrière.
Le méat acoustique externe est tapissé par de l’épiderme en continuité avec la peau de l’auricule et par la partie cutanée de la membrane du tympan.
L’innervation sensitive dépend du nerf auriculotemporal, rameau du nerf mandibulaire (V3), du rameau auriculaire du plexus cervical, du nerf vague (X) et du nerf facial (VII) (zone de Ramsay-Hunt) (fig. 10.5). Cette innervation est importante à connaître pour deux raisons principales :
• la zone de Ramsay-Hunt explique les éruptions vésiculeuses du méat acoustique externe et de la conque lors des zonas du ganglion géniculé ;
• le territoire auriculaire du nerf vague (X) constitue le substratum des techniques d’auriculothérapie utilisées en acupuncture et dans la médecine traditionnelle chinoise.
C Face et système musculoaponévrotique superficiel
La région de la face peut être subdivisée en deux étages :
• un étage orbitonasal, comprenant les régions nasale, orbitaire, infraorbitaire et zygomatique ;
• un étage oral, comprenant les régions orale ou labiale, buccales, mentonnières et parotidiennes.
1 Région nasale
La région nasale correspond à la pyramide nasale. Cette région s’inscrit dans une pyramide triangulaire dont la base inférieure présente les orifices narinaires (fig. 10.6). Les deux faces antérolatérales se rejoignent en avant au niveau du dorsum nasal. Le sommet de la pyramide correspond à la région intersourcilière, ou glabelle. La face postérieure de la pyramide nasale s’ouvre vers les fosses nasales. Cette région a été subdivisée en sous-unités esthétiques (Taylor), que l’exérèse et la reconstruction chirurgicale doivent respecter au mieux pour obtenir le meilleur résultat esthétique possible.