Chapitre 1 Radio-anatomie des cavités nasosinusiennes
Les cavités nasales constituent la porte d’entrée du système respiratoire ; elles sont associées aux cavités sinusiennes qui jouent un rôle de filtrage, de réchauffement et d’humidification de l’air inspiré, avant son admission dans l’arbre bronchopulmonaire. Les cavités nasosinusiennes (CNS) forment ainsi de chaque côté un ensemble anatomique fonctionnel, totalement séparé du côté opposé ; elles sont creusées dans trois des os du massif facial : le sphénoïde en arrière, l’ethmoïde et l’os maxillaire latéralement (fig. 1-1).
En dehors des tumeurs, assez rares, l’essentiel de la pathologie est représenté par l’inflammation des CNS (au sens le plus large, de la « simple » rhinite à la polypose nasosinusienne). Celle-ci entraîne un degré variable d’obstruction des voies aériennes et de rétention mucopurulente dans les sinus. Le traitement chirurgical de ces affections, lorsqu’il est proposé1, a pour principal objectif d’améliorer le drainage des CNS. C’est pourquoi la radioanatomie de ces cavités doit être envisagée avant tout comme une anatomie des voies de drainage : cette approche fonctionnelle est indispensable pour l’analyse des images.
Enfin, certaines variations peuvent comporter un risque lors de la chirurgie endoscopique des CNS : il est impératif de savoir reconnaître ces variations et de les mentionner dans le compte rendu radiologique [1–7].
Éléments d’embryologie des cavités nasosinusiennes
Les cavités sinusiennes sont des « diverticules » de l’intestin primitif. De chaque côté, un diverticule pharyngien, tapissé d’entoblaste, se développe en direction céphalique et dorsale par résorption du mésoblaste du massif facial primitif. Sur sa route au sein du mésoblaste, il rencontre des zones de plus grande résistance qui correspondent aux structures cartilagineuses primitives qui formeront bientôt les parois sinusiennes (notamment les racines cloisonnantes du cornet moyen et de la bulle, le processus unciné, etc.). Ainsi s’explique l’existence de plusieurs diverticules (les futures cavités sinusiennes) : lorsqu’un diverticule pharyngien rencontre une structure cartilagineuse dense, elle le contourne et se fractionne, donnant naissance à deux diverticules secondaires.
Il existe deux diverticules principaux, répondant aux deux futurs grands systèmes fonctionnels sinusiens (fig. 1-2) :
Radio-anatomie
Cavités nasales
Fig. 1-3 Vue schématique de la paroi latérale de la cavité nasale ; le cornet moyen a été sectionné, permettant la visualisation de la bulle et de l’infundibulum.
Cavités sinusiennes
La MLE est l’élément central des cavités sinusiennes. Elle est subdivisée en plusieurs compartiments par des lames osseuses frontales ou obliques : les racines cloisonnantes (RC). Ces racines sont le prolongement, au sein de la MLE, des cornets qui forment le relief de la paroi latérale de la fosse nasale. Chaque cornet ethmoïdal présente en effet trois parties (fig. 1-5) :
Fig. 1-5 Vue coronale schématique, montrant les trois parties du cornet moyen (AV : avant, DD : dedans).
Il est essentiel de comprendre le rôle de cette racine cloisonnante : l’espace limité en arrière et en dedans par la RC d’un cornet se draine dans le méat du même nom (par exemple, les cellules ethmoïdales situées en avant de la RC du cornet moyen se drainent dans le méat moyen) (fig. 1-6a-d). On obtient ainsi plusieurs systèmes fonctionnels ethmoïdaux indépendants.
Fig. 1-6 Construction schématique du cloisonnement de la masse latérale de l’ethmoïde. (a) Mise en place de la RC du cornet moyen sur la paroi latérale de l’ethmoïde. (b) Mise en place de la RC du cornet supérieur. (c) Mise en place de la RC du cornet suprême. (d) Cloisonnement de l’ethmoïde postérieur.