Chapitre 1
Intérêt et indication des séquences
RECHERCHE ET ÉTUDE IRM D’UNE LÉSION DE L’ENCÉPHALE
Les facteurs orientant le protocole d’examen et l’analyse des clichés sont :
les hypothèses diagnostiques suggérées par le clinicien demandant l’examen ;
la taille de la lésion présumée puis constatée sur les premières séquences (elle conditionne en particulier l’épaisseur de coupe) ;
les structures anatomiques aux dépens desquelles cette lésion est développée, ce qui détermine en particulier le choix de l’antenne, l’épaisseur de coupe, le plan de coupe ;
les caractéristiques tissulaires présumées ou déduites des premières images : les séquences à réaliser varient selon que la lésion est kystique, solide, hémorragique, calcifiée, etc. ;
les modifications possibles induites sur les éléments anatomiques voisins, telles qu’une lyse osseuse, un envahissement, un refoulement, une compression, etc.
RELATIONS AVEC LE CLINICIEN ET LE PATIENT
CONTRE-INDICATIONS À L’EXAMEN IRM
L’IRM ne peut être correctement réalisée que si le patient n’a pas de contre-indications à l’examen (encadrés 1.1 et 1.2).
PRISE DE RENDEZ-VOUS
TÂCHES INDISPENSABLES DU SECRÉTARIAT
La prise de rendez-vous se fait sur place ou souvent par téléphone.
Outre la saisie des données concernant le patient (identité, coordonnées, etc.), le personnel :
vérifie l’absence de contre-indications à l’IRM ;
contrôle l’ordonnance ou la fait lire au patient au téléphone ;
demande au patient d’apporter le jour de son rendez-vous les examens radiologiques concernant sa pathologie actuelle et en particulier les CD. Lors du suivi des lésions, la consultation des anciennes IRM permettra de reproduire les mêmes séquences, ce qui facilitera les comparaisons avec l’examen antérieur. Les PACS (picture archiving and communication system) simplifient de plus en plus la tâche du radiologue (examen fait dans le même établissement ou CD du patient intégré dans le PACS avant l’IRM) ;
donne des renseignements pratiques pour l’examen :
• pour les IRM encéphaliques et surtout orbitaires, il est préférable d’éviter tout maquillage, en particulier les khôls et rimmels. Cette notion est précisée sur la feuille de convocation éventuelle (et on peut garder dans la salle de préparation d’IRM un démaquillant et du coton…). Les bagues d’orthodontie peuvent gêner l’interprétation des images, car elles entraînent souvent des déformations du massif facial et de la partie antérieure de l’encéphale, notamment des lobes frontaux et temporaux (voir chapitre 2, p. 45). Si l’examen n’est pas urgent, il faut le programmer après l’ablation du matériel ou le réaliser avant sa pose ;
• le patient n’a pas besoin d’être à jeun, même si une injection de gadolinium est prévue ;
• si le patient a plus de 65 ans, il est conseillé de vérifier la fonction rénale (créatininémie à apporter le jour de l’IRM). Une insuffisance rénale sévère, même si le patient est dialysé (clearance de la créatinine < 30 mL/mn) peut faire contre-indiquer l’injection si celle-ci n’est pas absolument nécessaire, à cause des risques potentiels, même s’ils sont extrêmement faibles, de fibrose néphrogénique (voir fiche du CIRTACI, sur le site Internet de la Société française de radiologie). Si elle est indispensable, on utilisera un produit de contraste macrocyclique ;
• chez les patients à terrain atopique, une prémédication n’est pas justifiée compte tenu de la rareté des accidents liés à l’injection. En cas d’antécédent d’accident allergique grave, le médecin radiologue ne prendra la décision d’injecter que si cette injection est absolument obligatoire et si les conditions de sécurité maximales sont respectées :
CAS PARTICULIERS
Micro-adénome hypophysaire
En cas de recherche de micro-adénome hypophysaire (bilan d’hyperprolactinémie), l’IRM est programmée dans les 15 premiers jours du cycle s’il existe. En l’absence de cycles, en cas de doute sur une grossesse, un test de grossesse est réalisé avant l’examen.
Jeunes enfants
Les jeunes enfants (avant 7 ans) ont parfois du mal à rester immobiles, même si leurs parents les accompagnent dans la salle d’examen. L’utilisation de séquences rapides améliore la qualité des images en cas de mouvements légers. Dans ce cas, l’IRM sera réalisée au mieux en milieu radio-pédiatrique, avec une prémédication. Si une injection est prévue, on peut prescrire la pose par les parents ou le personnel, une demi-heure avant l’examen au moins, d’une pommade anesthésiante (EMLA® par exemple) sur les zones de ponction veineuse potentielles. Des examens sous anesthésie générale peuvent être programmés dans certains centres disposant de personnel et de matériel spécialisés (chariot de réanimation amagnétique).
Dispositifs électriques contrôlant les cathéters ou les stimulateurs médullaires intrarachidiens
Ces dispositifs doivent être arrêtés pendant l’examen. Les pompes à chimiothérapie avec cathéter jugulaire doivent être débranchées et purgées. Toutes ces précautions prennent du temps et le patient doit être invité à se présenter tôt avant son rendez-vous. Cette préparation est au mieux réalisée juste avant l’examen dans le service qui suit le patient, s’il est situé sur le même site que celui de la machine d’IRM.
LE JOUR DE L’EXAMEN
ACCUEIL DU PATIENT
Lorsque le patient arrive, la secrétaire doit lui remettre une information écrite concernant son examen ainsi qu’une feuille de consentement éclairé comportant les contre-indications à l’IRM, qu’il doit lire et signer.
Des documents types sont disponibles sur le site Internet de la Société française de radiologie.
PRÉPARATION DU PATIENT
Type de déshabillage
Il dépend du type de machine, du site (hôpital, cabinet privé).
Dans tous les cas, tous les objets métalliques situés dans le champ d’exploration (bijoux, pinces, épingles à cheveux, prothèses auditives et dentaires, pantalon et soutien-gorge pour les examens médullaires, etc.) ainsi que les montres, les appareils électroniques (téléphone portable, etc.), les cartes magnétiques sont enlevés avant l’examen et laissés dans une cabine sécurisée pendant l’examen. Dans cette cabine, il est utile d’avoir une information écrite rappelant les contre-indications de l’IRM. L’utilisation de pictogrammes ou photos simples est conseillée dans les centres où consultent des patients étrangers.
Bruit de la machine
Le bruit de la machine peut être anxiogène et effrayer le patient. Il doit être décrit au patient, et peut être atténué par différents dispositifs (bouchons d’oreille, casque insonorisant). Il est particulièrement important au cours d’examens à 3 T et la protection de l’audition doit être renforcée (nous conseillons bouchons d’oreille et casque antibruit). Si le patient se plaint de gêne auditive ou d’acouphènes au décours de l’examen, une visite en ORL doit être conseillée si les symptômes ne s’amendent pas rapidement.
Maladie contagieuse
Si le patient a une maladie contagieuse, notamment à bactéries multirésistantes (BMR), son IRM doit être programmée si possible en fin de vacation ; le contact du personnel avec le patient est protégé selon les règles habituelles (gants, casaque, voire masque) et l’examen est suivi d’une procédure de décontamination de la salle.
RÉALISATION DE L’IRM ENCÉPHALIQUE
QUELLE ANTENNE CHOISIR ?
Suivant le type d’études et la machine, peuvent être choisies :
une antenne tête pour l’encéphale ;
une antenne rachis, dont la technologie varie selon les machines, pour l’étude de la moelle et du rachis ;
une antenne tête–cou, dite neurovasculaire, pour l’étude des vaisseaux du cou en angio-IRM (ARM) ou en coupes standard (par exemple pour rechercher un hématome périvasculaire dans les suspicions de dissection) ou pour les études cervicales ;
une antenne de surface pour l’étude élective des structures superficielles (orbite, rochers par exemple), car le rapport signal/bruit est meilleur pour les coupes fines et les petits champs nécessaires.
EXPLORATION
Repérage
Les séquences de repérage type smart brain 3D permettent un repositionnement facile des coupes (repérage automatique du plan bicalleux) (fig. 1.1).
Positionnement standard des coupes
Si on travaille en 2D, il est indispensable de choisir un plan de coupe facilement reproductible, indépendant des éléments extérieurs, et constant pour tous les patients. La ligne jouxtant le bord inférieur du genou et du splénium du corps calleux, structure facile à repérer, même en cas de lésions évoluées, détermine le plan le plus facilement reproductible pour les coupes axiales. Pour les coupes coronales, on peut utiliser soit un plan perpendiculaire à la ligne bicalleuse, soit le plan du tronc cérébral (fig. 1.2). Pour positionner les coupes, si le surview n’est pas de très bonne qualité, nous conseillons de commencer l’exploration encéphalique par une séquence sagittale (T1, T2 ou autre selon les besoins). On peut utiliser un T1 écho de gradient (EG ou fast field echo [FFE] ou étoile), rapide, mais sensible aux artéfacts, ou un T1 spin echo (SE), plus long mais de meilleure qualité anatomique. Rappelons que, sur la séquence en EG, les vaisseaux sont souvent en hypersignal, ce qui ne signifie pas qu’ils sont thrombosés (effet d’entrée de coupe).
Étude des hippocampes
Pour l’étude des hippocampes (épilepsie partielle, recherche d’une atrophie hippocampique dans le bilan d’une démence), on choisira un plan perpendiculaire à l’axe des lobes temporaux, repéré sur des coupes sagittales paramédianes (fig. 1.3).
Injection de produit de contraste
L’injection de produit de contraste permet de mettre en évidence les zones de rupture de la barrière hémato-encéphalique – BHE (lésion inflammatoire, accident vasculaire ischémique, etc.), les zones d’hypervascularisation par néo-angiogenèse (tumeur gliale maligne) et les malformations vasculaires sur des séquences en T1.
L’exploration hypophysaire est réalisée avec une demi-dose, pour améliorer le contraste tumeur/parenchyme, la glande étant sinon « noyée » dans le contraste à cause de l’absence de BHE.
L’utilisation de double dose a été pratiquement abandonnée. En revanche, la qualité de l’opacification vasculaire est améliorée par l’emploi d’un produit à forte rémanence vasculaire, qui sera préféré à un autre dans les études des troncs supra-aortiques en particulier.