6. Variations des Effets des Médicaments et leurs Interactions
VARIATIONS LIÉES AU PATIENT
■ L’observance
— C’est l’adhésion du patient à son traitement et la régularité avec laquelle il le suit.
■ L’âge
— Nouveau-nés, enfants et sujets âgés sont très sensibles aux médicaments agissant sur le système nerveux central (morphine, préparations à base d’opium, théophylline, etc.).
■ Le poids et la surface corporelle
— Les posologies moyennes sont habituellement prévues pour un adulte de 60kg ou qui a 1,73m2 de surface corporelle (celle-ci est calculée à l’aide de tables à partir du poids et de la taille).
Pour certains médicaments, on adapte la posologie en fonction de la concentration de la fraction libre (c’est-à-dire non liée aux protéines) du médicament que l’on peut doser dans le plasma.
■ La grossesse
— Les médicaments qui excitent l’utérus (ergot de seigle…), qui congestionnent les organes du petit bassin (purgatifs drastiques), qui pourraient agir sur le fœtus, sont rigoureusement proscrits. Pendant la lactation, on ne doit pas oublier que certains médicaments se retrouvent dans le lait. Un chapitre spécial est consacré dans ce livre à la grossesse.
■ L’état nutritionnel
— L’absorption digestive est plus rapide dans un estomac vide. La flore intestinale transforme certains médicaments et sa suppression par un antibiotique (néomycine) peut perturber la transformation des médicaments et donc leur activité.
■ L’état pathologique
– toute affection hépatique entraîne une diminution de la dégradation des médicaments et donc une augmentation de leur concentration plasmatique ;
– dans l’insuffisance rénale chronique ou aiguë avec ou sans anurie le risque de toxicité est accru ;
– toute lésion de l’épiderme, la présence de plaies favoriseront l’action des toxiques sur la peau ;
– plus la fièvre est élevée, plus les sulfamides sont actifs.
■ Les susceptibilités individuelles
— Certains sujets sont d’une susceptibilité particulière à l’égard de certains médicaments même pour des médicaments aussi classiques que l’aspirine par exemple. On dit qu’ils présentent pour ces médicaments une intolérance congénitale encore appelée idiosyncrasie.
L’allergie est une modification de la sensibilité au médicament. Pour produire une réaction allergique, un médicament doit d’abord subir un premier contact avec l’organisme qui est bien supporté : c’est la phase de sensibilisation au cours de laquelle il se forme des anticorps. Une deuxième administration du même médicament entraîne la réaction allergique. Parmi les médicaments susceptibles de produire des réactions allergiques on peut citer la pénicilline, les salicylés, les barbituriques, les opacifiants iodés, les phénothiazines, les sérums et vaccins.
■ Le phénomène de tolérance
— La prise répétée de médicaments peut entraîner la diminution progressive de leurs effets : c’est le phénomène de tolérance. Lorsque cette diminution est très rapide, la tolérance est dite aiguë et s’appelle tachyphylaxie. La tolérance à un médicament ou à un toxique est grave car elle nécessite d’augmenter les doses pour obtenir le même effet : elle peut ainsi aboutir à la dépendance du sujet vis-à-vis du médicament à l’origine des toxicomanies. Une toxicomanie (ou pharmacodépendance) est caractérisée par le fait qu’une personne ne peut plus se passer de sa drogue (alcool, cocaïne, morphine…) sous peine de souffrances psychiques et/ou physiques. La dépendance est psychique, c’est-à-dire qu’il y a un désir invincible de prendre sa drogue et/ou physique qui correspond à l’apparition de troubles lorsque l’administration de la drogue est interrompue, c’est l’état de manque. Un chapitre spécial est consacré dans ce livre aux toxicomanies.
■ L’accoutumance
— C’est un état obtenu après la prise répétée et à des doses progressives de certains produits. On connaît l’histoire du roi Mithridate qui, craignant d’être empoisonné à l’arsenic, essayait de se préserver en s’accoutumant à des doses croissantes d’arsenic, d’où le nom de mithridatisme que l’on donne aussi à l’accoutumance. L’accoutumance est donc l’état d’un sujet qui supporte des doses toxiques d’un produit, alors que ces mêmes doses provoqueraient des troubles chez un sujet normal. Cette accoutumance fait que le malade augmente les doses progressivement.