109 Urétrite non gonococcique
Introduction
L’urétrite, ou inflammation de l’urètre, est un syndrome classique caractérisé par un écoulement urétral et de la dysurie, mais il peut également être asymptomatique. L’urétrite se définit plus précisément par la présence d’un nombre accru de leucocytes polymorphonucléaires (PMN) dans la partie antérieure de l’urètre. Elle est principalement contractée sexuellement, tout en ayant de nombreuses étiologies infectieuses. En général, elle est classée comme étant d’origine soit gonococcique soit non gonococcique (UNG). La présence de diplocoques à Gram négatif intracellulaires (DGNI) sur un frottis urétral est un signe direct de gonorrhée. L’UNG est diagnostiquée lorsque l’inflammation est présente sans DGNI. Une cervicite mucopurulente (CMP) est l’équivalent féminin. Les causes non infectieuses sont des irritants chimiques ou physiques. Comme avec la plupart des infections sexuellement transmissibles, l’UNG est surtout répandue dans le groupe d’âge de 19 à 24 ans, période où les changements de relations sexuelles sont fréquents. Bien qu’il s’agisse d’un trouble mineur dans la plupart des cas, la CMP est cliniquement importante pour trois raisons : (1) le risque de complications, comme la maladie inflammatoire pelvienne (MIP) entraînant une diminution de la fécondité chez les femmes quand Chlamydia trachomatis est l’agent pathogène sous-jacent ; (2) son influence dommageable sur les relations interpersonnelles, en particulier lorsque l’affection n’est pas bien comprise et (3) l’anxiété prolongée lorsque des symptômes, bien que légers, sont lents à guérir ou quand des récidives surviennent.
Étiologie et pathogénie
Souvent, l’étiologie de l’UNG n’est pas élucidée, mais des pathogènes ont été récemment identifiés : Ureaplasma urealyticum, Mycoplasma genitalium, Trichomonas vaginalis, Candida spp., des adénovirus et Neisseria meningitidis (figure 109.1). Le virus herpès simplex génital (VHS) peut causer une urétrite chez environ 30 % des hommes lors d’une infection génitale primaire, mais ce pourcentage est beaucoup plus faible lors d’une infection génitale récurrente au VHS. Souvent, U. urealyticum est isolé de l’urètre d’hommes atteints d’UNG, et différentes études d’antibiothérapie appuient l’idée qu’il joue parfois un rôle pathogène. Toutefois, ce germe est souvent isolé de l’urètre d’hommes sains, et il n’est pas simple d’identifier les cas dans lesquels il est pathogène. Entre 20 et 30 % des hommes atteints d’UNG n’ont pas de pathogène décelable. Des observations récentes ont montré une association de l’UNG à une vaginite bactérienne et au sexe oral. Une urétrite asymptomatique, sans écoulement visible, mais avec un frottis montrant des PMN, pourrait avoir une étiologie différente de la maladie symptomatique. C. trachomatis est détecté moins fréquemment dans cette situation.
Tableau clinique
Les symptômes typiques sont : dysurie, écoulement urétral (mucoïde ou purulent) avec irritation du pénis. L’écoulement urétral, qui peut être directement visible ou détecté à l’examen d’un frottis urétral chez un nombre significatif de personnes asymptomatiques, est un signe d’UNG (voir la figure 109.1).
L’épididymite est moins fréquente. Le gonflement et la sensibilité commencent au pôle inférieur. Le sillon entre l’épididyme et le testicule est accentué au début, mais il devient moins net durant la progression de la maladie. Parfois, les patients constatent la présence de sang dans leur sperme, ce qui est dû à une inflammation des vésicules séminales. La maladie de Reiter est une complication rare qui se manifeste 10 à 30 j après le contact sexuel. Les patients peuvent souffrir d’arthrite aiguë touchant une ou plusieurs grosses articulations périphériques et pouvant être accompagnée de conjonctivite.