121 Troubles de l’état de conscience
Introduction
La conscience est l’état d’alerte, de vigilance et de réceptivité par la pensée et l’action physique envers des stimulus internes et externes. Certains troubles perturbent le degré de conscience, ou son contenu, parfois les deux. Le plus souvent, les patients présentent une diminution de la conscience. Ce chapitre se concentre sur l’évaluation initiale et le traitement des patients présentant une altération aiguë de la conscience. Les étiologies sont diverses, et c’est avec une grande attention qu’il faut identifier rapidement et traiter les causes aiguës, potentiellement mortelles.
Tableau clinique
Les patients avec des niveaux de conscience altérés varient dans le degré de réponse aux stimulus. Le coma est le degré le plus sévère de dépression de la conscience, et les patients dans le coma sont insensibles et ne peuvent être réveillés. Les patients désorientés, somnolents ou inattentifs sont souvent décrits comme confus, embrouillés ou léthargiques. Le délire est une dépression de la conscience associée à des signes de tonus sympathique élevé, comme agitation, accélération du rythme cardiaque, augmentation de la pression artérielle et hallucinations. Les patients obnubilés ont besoin de stimulations répétées pour maintenir l’attention. Les patients stuporeux réagissent peu à une stimulation fréquente ou constante.
D’autres manifestations dépendent de l’étiologie de l’altération de la conscience. Les patients peuvent présenter des déficits neurologiques focaux, en particulier si la cause est une lésion structurelle, la nature et l’ampleur de ces déficits dépendant de la localisation et de la taille de la lésion ou des lésions (figure 121.1). Les patients souffrant de troubles généralisés peuvent également présenter des signes focaux. Des déficits des nerfs crâniens sont possibles chez des patients atteints de méningite. Chez les patients en état postictal, on observe parfois une faiblesse passagère (paralysie de Todd).
En cas de lésion cérébrale grave, l’examen peut ne révéler qu’une fonction neurologique minimale. Dans les situations où la cause immédiate est connue et dont l’irréversibilité est démontrable et quand on constate un coma, une absence de réflexes du tronc cérébral et une apnée, l’état est appelé « mort cérébrale » et considéré, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, comme une forme de mort juridiquement reconnue.
Diagnostic différentiel
Les causes d’altération de la conscience sont nombreuses et variées (voir la figure 121.1). Conceptuellement, les causes sont souvent réparties en lésions structurelles et troubles généralisés. Les lésions structurelles sont divisées en lésions traumatiques et non traumatiques et peuvent encore être classées selon leur localisation : hémisphères cérébraux (supratentorielles), tronc cérébral et cervelet. Des hématomes épiduraux, des hématomes sous-duraux, des contusions et des lésions par cisaillement peuvent être secondaires à un traumatisme. Les causes non traumatiques sont un accident ischémique cérébral, une hémorragie intraparenchymateuse ou intraventriculaire, une HSA, une tumeur ou un abcès.
États souvent considérés erronément comme comateux
En cas de syndrome d’enfermement (locked-in), dit aussi « de conscience emmurée », les patients sont éveillés et conscients, mais leurs voies efférentes sont perturbées, ce qui minimise la transmission des influx moteurs. Un infarctus pontique bilatéral résultant de l’occlusion de l’artère basilaire, une tumeur ou une hémorragie pontique, une myélinolyse pontique centrale, une encéphalite du tronc cérébral, une myasthénie étendue ou une polyneuropathie démyélinisante inflammatoire aiguë peuvent se manifester de cette façon.
Les patients atteints de mutisme akinétique ont un état de conscience conservé et restent capables de se déplacer et de parler, mais ne peuvent réagir à un stimulus environnemental. Ils ont souvent des lésions cérébrales qui perturbent l’intégration réticulocorticale et limbocorticale, mais qui épargnent les voies corticospinales. L’aboulie est une forme bénigne de cette condition.
La catatonie est souvent associée à des maladies psychiatriques, mais peut également résulter de troubles métaboliques ou d’une intoxication médicamenteuse. Les patients peuvent sembler ne plus répondre à des stimulus, mais leur examen neurologique peut être normal. Les patients gardent généralement les yeux ouverts et peuvent ne pas cligner des yeux lors d’une menace visuelle, mais les réactions optocinétiques sont normales. La flexibilité cireuse des membres est fréquente, et les caractéristiques de la catalepsie, comme les membres rigides et les postures fixes, peuvent être observées.
Le coma psychogène est un trouble psychiatrique dissociatif. Souvent, les patients résistent activement à l’ouverture passive des paupières, alors que les paupières peuvent cligner lorsque les cils sont touchés doucement. L’examen moteur est souvent incohérent ; lors d’un test de tonus ou de roue dentée, il révèle une résistance active, suivie d’un relâchement soudain. Le patient peut occasionnellement faire des mouvements volontaires ou changer de position dans le lit. On peut constater des réflexes d’autoprotection, par exemple quand une main tenue au-dessus de la tête tombe sur le côté au lieu de frapper le visage.