11. Trouble anxieux généralisé
Clinique et analyse fonctionnelle
La caractéristique principale de l’anxiété généralisée est l’inquiétude ou souci. Le patient anxieux a peu de contrôle sur des intrusions cognitives consistant à imaginer un futur systématiquement dangereux. Le souci devient un moyen qu’il perçoit comme efficace pour prévenir et éliminer le danger. Il aura l’illusion de contrôler son environnement. Les soucis gravitent habituellement autour des thèmes de l’argent, de la perte de travail, de la maladie, de l’organisation familiale ou d’activités banales telles que la peur systématique de manquer un bus ou d’être en retard à un rendez-vous. Dans les cas graves, on peut même parler de « peur de tout » (Mollard, 2003).
Borkovec et Inz (1990) indiquent que 91 % des patients souffrant d’anxiété généralisée se font des soucis excessifs au sujet d’événements mineurs ou anodins. Ce sont les aspects incontrôlables et excessifs de ces inquiétudes qui les font le plus souffrir. À la différence de l’obsessionnel qui lutte contre des craintes et des images mentales construites sous la forme de scénarios complexes dont l’irréalisme apparaît à tout le monde (peur d’être contaminé ou de provoquer par la pensée ou la négligence des catastrophes), l’anxieux généralisé ressent des craintes réalistes et banales. C’est seulement l’excès d’intensité de ces craintes, la recherche constante de la réassurance en particulier auprès des médecins, des conduites magiques de contrôle et surtout l’association de ces craintes à un syndrome persistant d’anxiété physique, qui alerteront le clinicien. Craske et al. (1992) ont proposé un système d’analyse fonctionnelle des cognitions anxieuses qui part d’un état d’excitation émotionnelle et aboutit à l’incapacité de faire face aux aléas mineurs de l’existence (figure 11.1).
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Figure 11.1 |
Méthodes d’intervention
Bien que les travaux récents se soient surtout centrés, ces dernières années, sur les processus cognitifs conscients et inconscients (au sens d’automatique) de l’anxiété généralisée, l’un des piliers du traitement reste la relaxation qui vise à réduire l’hyperactivité du système nerveux végétatif. Cependant, actuellement, elle est rarement utilisée comme seule intervention thérapeutique dans la mesure où les études contrôlées n’ont montré qu’un effet très limité de la relaxation « pure » ou du biofeedback « isolé », sans intervention cognitive ou comportementale associée (Barlow et al., 1992).
La relaxation
Les méthodes de relaxation dérivent probablement toutes du yoga ou des pratiques thérapeutiques corporelles utilisées en Chine depuis deux ou trois millénaires sous le nom de qi gong (Yao, 1993). D’une manière moins exotique, la relaxation est présentée sous trois formes principalement : le training autogène de Schultz, la relaxation musculaire progressive de Jacobson ou le biofeedback renvoyant une information sur la conductance cutanée ou la contraction musculaire. En pratique, le biofeedback consiste, en dix à vingt séances, à entraîner un sujet à contrôler un paramètre physiologique qui est monitoré de façon continue par un appareil qui transmet au sujet une information sur les variations de ce paramètre. L’exemple le plus simple est celui d’un son dont la hauteur est proportionnelle à l’intensité de la contraction musculaire. Mais cette séduisante technique high-tech n’a pas tenu ses promesses. Rappelons simplement qu’aucune forme de relaxation n’apparaît clairement supérieure à une autre, qu’elles ont en commun un certain nombre de caractéristiques et aboutissent toutes, en cas d’efficacité, à une réponse psychophysiologique identique (Benson, 1975 ; tableau 11.1).
Conditions | |
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1. | Environnement calme, silence, tranquillité |
2. | Attitude passive : allongé ou assis dans un fauteuil |
3. | Concentration sur: – un mot, un son, un feedback visuel ou auditif de l’activité physiologique, un mantra, une prière, une image mentale – durée : une dizaine de minutes |
4. | Diminution du tonus musculaire |
Résultats | |
1. | Relâchement musculaire |
2. | Respiration lente |
3. | Ralentissement cardiaque |
4. | Chaleur et dilatation des vaisseaux |
Les programmes comportementaux
Ils combinent le plus souvent la relaxation à des méthodes de déconditionnement en imagination, de façon à modifier le comportement habituel de l’anxieux. Une technique souvent utilisée est la « désensibilisation avec coping » (Borkovec et al., 1988). Coping reste intraduisible et signifie ajustement ou adaptation. Il s’agit donc de préparer le sujet à l’affrontement des pensées anxieuses en vue de modifier son comportement. Le principe est d’établir une liste où sont classées en ordre croissant les situations qui déclenchent le souci. Après avoir appris la relaxation, le sujet est confronté en imagination à une scène qui correspond à l’activation du souci. Il reçoit ensuite le conseil d’associer systématiquement la relaxation au souci dès qu’il apparaît dans la vie quotidienne. Les programmes comportementaux plus globaux de gestion de l’anxiété comprennent en général les éléments suivants :

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