10. Risques des Médicaments Pendant la Grossesse et la Lactation
Pendant très longtemps, seules étaient considérées comme dangereuses pour la femme enceinte les radiations et les médications entraînant des contractions utérines. En 1960, la tragédie du thalidomide considérée comme médicament bénin sensibilisait définitivement l’opinion publique et médicale au risque thérapeutique chez la femme enceinte. Elle montrait une fois de plus que si l’expérimentation animale préalable à la sortie d’un médicament est essentielle, elle ne permet pas cependant d’extrapoler à l’être humain les résultats obtenus chez l’animal. Un médicament qui était inoffensif aussi bien pour la mère que pour le fœtus chez un animal en gestation a pu entraîner des malformations du fœtus humain : le thalidomide qui avait pourtant satisfait aux expérimentations animales, en est un exemple tragique. Il est donc difficile de prédire les effets nocifs d’un médicament sur la femme enceinte ; au total seule l’expérience prolongée permet de déterminer peu à peu les marges de sécurité d’un médicament.
On peut diviser la grossesse en 2 périodes. La période critique de l’organogenèse, de la 2e à la 10e semaine après la conception, pendant laquelle certains médicaments peuvent provoquer des malformations ou des avortements. Après 10 semaines les médicaments peuvent retentir sur le développement du fœtus, en particulier le cerveau et provoquer une hypotrophie fœtale. Enfin, donnés au voisinage du terme, ils peuvent entraîner des troubles chez le nouveau-né.
LA PERMÉABILITÉ PLACENTAIRE
Presque tous les médicaments dont le poids moléculaire est inférieur à 1 000 peuvent traverser la barrière placentaire et intervenir ainsi sur le développement fœto-embryonnaire ; il y a donc une véritable perméabilité du placenta à ces produits surtout s’ils ont un faible degré d’ionisation et s’ils sont liposolubles.
Le passage des substances à travers le placenta se fait soit par simple diffusion (eau, électrolytes, sucres, acides aminés), soit par pinocytose c’est-à-dire invagination de la membrane cellulaire, soit par un transport actif (pour les ions calcium, magnésium, les acides aminés) qui nécessite la liaison du médicament avec une molécule particulière appelée transporteur.