Chapitre 7 Examens radiologiques
Les examens radiographiques constituent les examens complémentaires incontournables du bilan pré-implantaire [1]. Ils sont utiles, dans leurs spécificités, tout au long du traitement. Des examens propres sont adaptés et complètent chaque étape : radiographie rétro-alvéolaire, radiographie panoramique, tomographie volumique à faisceau conique et scanner. L’analyse de leurs données appuie la décision thérapeutique.
Radiographie rétro-alvéolaire
La radiographie rétro-alvéolaire apporte des informations uniques sur un ensemble de trois à quatre dents et de leur proche environnement [2].
Sous forme d’un film radiologique argentique ou numérisée, elle renseigne sur :
Figure 1 a et b Le contrôle radiographique à 5 ans du traitement endodontique de la 35, chez une jeune patiente, laisse apparaître une rhysalyse radiculaire externe et la présence d’agrégats de produit d’obturation canalaire.
La radiographie rétro-alvéolaire est l’examen conventionnel pour :
Radiographie panoramique
La radiographie panoramique est couramment utilisée comme examen de « débrouillage » lors du bilan pré-implantaire [5]. Cette image bidimensionnelle dans le plan frontal est usuelle pour l’étude des maxillaires [6], des arcades dentaires et d’une partie du squelette de la face (figure 5).
Affection et traumatisme
La radiographie panoramique est un examen de première intention pour dépister :
Figure 12 a et b Enchondrome de l’articulation temporomandibulaire gauche. Grossissement du condyle.
Anatomie et morphologie des maxillaires
La radiographie panoramique renseigne également sur les structures anatomiques et la morphologie des maxillaires, elle participe en cela au choix du guide radiologique qui est utilisé lors du scanner.
Remarque : dans le secteur de la deuxième molaire mandibulaire, une lacune de Stafne étendue (probable empreinte sur la corticale linguale de la glande sous-maxillaire) présente une image comparable à celle d’un kyste. Le diagnostic différentiel est établi après une scialographie de la glande sous-maxillaire, parfois associée à la réalisation d’un scanner, ou encore à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique [14] (figure 14).
Il est difficile d’estimer l’ampleur d’une insuffisance osseuse à l’aide d’une radiographie panoramique. Cependant, la présence d’une image en « V » dans un secteur édenté est évocatrice d’un déficit transversal (figure 15 : cercles rouges) [15] et une concavité du rebord crestal correspond un défaut vertical (figure 15 : rectangles verts). Dans les cas d’atrophie des maxillaires, ces deux images se côtoient (figure 15).
Limites de l’examen des radiographies panoramiques
Les limites de l’interprétation des radiographies panoramiques sont liées à la technique de réalisation. Le plan de coupe varie de 10 à 14 mm dans les secteurs postérieurs et de 6 à 7 mm dans les secteurs antérieurs. Les éléments se situant en dehors de ce plan sont donc flous et déformés, parfois même imperceptibles. Le secteur antérieur des maxillaires est, par conséquent, particulièrement difficile à interpréter.
Les difficultés d’analyse des radiographies panoramiques sont aussi liées au fait que toutes les structures anatomiques sont superposées. Ainsi, la projection du foramen mentonnier sur l’apex de la seconde prémolaire peut être interprétée comme une lésion péri-apicale. La déclivité et la largeur des crêtes ne sont pas quantifiables, par conséquent, le risque de perforation, lors de la mise en place d’implants, n’est pas négligeable [16], en particulier au niveau du tiers inférieur de la corticale linguale mandibulaire postérieure en rapport avec une lacune de Stafne.
Bien que certains auteurs se contentent d’une radiographie panoramique pour le placement d’implants en secteur postérieur mandibulaire [17] pour des motifs économiques et de radioprotection, il est manifeste, pour la majorité des auteurs, que la superposition des structures anatomiques sur un seul plan rend difficile la visualisation du canal dentaire, en comparaison avec l’interprétation des images réalisées à partir d’une tomographie volumique à faisceau conique [18, 19].
L’examen panoramique est contestable pour clarifier le cheminement du canal mandibulaire en regard du foramen mentonnier. La longueur du trajet rétrograde du nerf mentonnier est variable. Les études comparatives indiquent un pourcentage plus élevé d’identification de la boucle antérieure, par une définition scanner ou cone beam, confrontées à celles originaires d’une radiographie panoramique [20, 21].
Moins la densité osseuse est perceptible, plus l’interprétation d’une radiographie panoramique est délicate dans ce contexte : la détermination de la position du foramen mentonnier et de la présence d’une boucle antérieure avec certitude est fictive [22].
Enfin, la radiographie panoramique :
Figure 16 Contrôle postopératoire de la mise en place d’implants mandibulaires et de leurs ostéo-intégrations.
Tomographie volumique à faisceau conique (cone beam computed tomography)
Le cone beam est la plus avancée des techniques d’imagerie actuelle pour la capture tridimensionnelle et intégrale d’images de la tête et du cou, ce qui représente un avantage majeur en chirurgie orale et maxillofaciale.
Dosimétrie
Le rayonnement le moins intense est préconisé par :
Applications de la tomographie volumique à faisceau conique
Figure 21 Image d’une fracture condylienne, dans le plan frontal, acquise par la tomographie volumique à faisceau conique.
Cependant, lorsque le champs d’investigation intéresse les tissus mous – en particulier la recherche d’une tumeur -, le scanner avec produit de contraste ou l’imagerie par résonance magnétique sont les examens de référence [35].
L’élément de base du cone beam est le voxel isotropique équivalent à un cube dont la faible dimension [36] permet d’obtenir une image identique et de grande qualité dans les trois plans de l’espace, ce qui est capital pour la planification des greffes osseuses et implants. Un logiciel de planification implantaire peut être couplé permettant ainsi la réalisation de guides chirurgicaux [37, 38]. Le cone beam apporte des renseignements sur la densité osseuse et par conséquent sur la stabilité primaire des implants [39, 40].
La fenêtre se présente sous la forme de quatre cadrans, l’un correspond à la représentation du site anatomique dans l’espace et à la position des plans de coupe, les trois autres aux coupes horizontale, coronale et panoramique. L’opérateur peut procéder à une observation géométrique précise dans les trois plans de l’espace et mesure les distances et les angles nécessaires à l’établissement du diagnostic. Ces images sont le plus souvent éditées dans un souci de conservation mais aussi de communication avec le patient (figures 22 à 27).
Figure 24 Détermination de la distance entre le canal mandibulaire et la crête sur une coupe coronale.