17. Psychopathologie et éducation de l’enfant et de l’adolescent
La méthodologie et les techniques que nous venons de décrire s’appliquent à la psychopathologie et à l’éducation de l’enfant et de l’adolescent, avec évidemment des problèmes éthiques particuliers, qui sont dus au fait que la demande de traitement provient des parents. Un autre problème spécifique est lié au stade du développement auquel est vu un enfant. Ce chapitre sera bref car nous n’avons pas la possibilité de développer ce champ spécialisé de la pathologie qui est envisagé en détail dans l’ouvrage de Véra et Leveau (1990) et dans celui de Gisèle George (2000). Les applications des TCC se sont établies dans des indications aussi variées que la dépression de l’enfant, l’autisme infantile, les enfants hyperactifs ou les troubles des conduites. Bien des techniques cognitivo-comportementales développées et utilisées chez l’adulte ont été également appliquées à l’enfant et/ou l’adolescent. Souvent, ces techniques ont été adaptées pour tenir compte des particularités développementales liées à l’âge, et ont abouti à des manuels destinés aux enfants ou adolescents. Malheureusement, la TCC chez l’enfant reste encore un parent pauvre, quand on la compare à celle de l’adulte.
Les systèmes de renforcement
Issus de principes du conditionnement opérant, les systèmes de renforcement ont été utilisés avec succès chez les enfants autistiques, les psychoses infantiles et les arriérations mentales. Les déficits neurologiques ont également été traités par ce type de programme qui vise à développer l’apprentissage du langage et des capacités de socialisation. On pourra se reporter au chapitre précédent pour la description de ces systèmes chez l’adulte. Ici, les comportements cibles doivent être définis en présence des parents et de l’enfant en termes objectifs et compréhensibles de tous. Il faut également définir avec les parents et l’enfant les comportements désirables, les renforçateurs, les critères de succès, comment le programme sera évalué, et définir les règles pour les récompenses, les amendes (coût de la réponse) et la thésaurisation. On se sert, comme renforçateurs symboliques, de points et de jetons et, comme renforçateur social, de la louange. Pour les enfants en bas âge et agressifs, on utilise le coût de la réponse, le renforcement différentiel des comportements incompatibles avec l’agressivité, et le retrait des situations qui renforcent l’agressivité (isolement temporaire ou time-out).
La thérapie familiale
Elle présente un autre axe de traitement des enfants en dehors de situations de dépendance institutionnelle. La notion essentielle est que le thérapeute fonctionne à la fois comme un renforçateur social et un médiateur dans les conflits familiaux. Il doit aider à clarifier les problèmes, en analysant les réseaux de communication, et à définir des contrats familiaux.
Ces contrats ont pour but de remédier aux situations punitives qui se développent dans les familles et également de modifier les systèmes de communication. Les techniques de jeu de rôle précisent les problèmes et augmentent l’empathie des membres de la famille les uns par rapport aux autres. Les contrats décrivent qui doit faire quoi pour qui et dans quelles circonstances :
• la négociation d’un contrat doit être ouverte et franche, libre de coercition explicite ou subtile ;
• les termes doivent en être exprimés dans des mots simples, explicites et clairs à comprendre ;
• pour qu’un contrat soit efficace, il doit susciter une occasion pour chaque participant d’obtenir un niveau maximal de renforcement et de diminuer ses coûts et ses pertes dans la partie de sa vie couverte par le contrat ;
• les comportements inclus dans le contrat doivent appartenir au répertoire de la personne qui est d’accord pour les effectuer. La famille doit être éclairée sur les deux règles de base et une alliance thérapeutique doit s’instaurer.
Règles de base des contrats
Le contrat de contingences de renforcement a pour dessein d’utiliser une compréhension de l’ici et maintenant des modalités familiales, pour projeter une meilleure vie future ensemble. L’approche ne s’intéresse pas à ce que la famille a pu faire dans le passé. Il n’y aura pas d’incrimination de fautes, ni d’accusations, ni de récriminations. Il n’y aura à aucun moment de coercition d’aucune sorte, l’on négociera ensemble un agrément. Le consultant s’intéresse seulement à faciliter le processus de négociation. L’arrangement spécifiera ce que l’on veut l’un de l’autre et ce que l’autre veut donner en retour.
L’analyse des procédures de communication en « double lien » (double bind) : double impasse où le sujet est lié par la communication paradoxale d’un personnage en position « haute » par rapport à lui, est également importante.
C’est un type de communication que l’on peut retrouver dans les familles où il y a un schizophrène, mais également dans des familles plus « normales ». La communication manifeste est disqualifiée par l’émetteur qui contrôle ainsi l’autre membre de la famille : « sois spontané », « domine-moi », « tu es libre, mais… ». L’analyse des paradoxes est intéressante en clinique, pour modifier les comportements des couples ou des familles, car il s’agit là d’un système punitif qui repose sur des menaces implicites. La prise de conscience du paradoxe et sa modification par un contrat sont alors une des solutions thérapeutiques.
Formation des parents
Elle a lieu essentiellement en groupe pour les parents qui ont des problèmes d’éducation vis-à-vis des enfants. Le but est de permettre à des parents « débordés » d’avoir un comportement plus adéquat face à leurs enfants. L’efficacité de cette procédure a été démontrée pour les familles où un enfant présente un comportement déviant, en particulier l’agressivité, qui est incontrôlable par les moyens habituels. Le programme de formation des parents comprend le travail en groupe sur les sujets suivants :

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