22. Psychodysleptiques
EFFETS HALLUCINATOIRES
Les hallucinogènes produisent un abaissement du seuil de perception auditif et visuel avec modification de l’acuité de perception et de la précision des images. Ils provoquent une désorientation temporelle et spatiale avec impression de fuite du temps et de flottement dans l’espace. Ils donnent également une sensation de dédoublement de la personnalité et de détachement; le sujet se regarde agir comme de l’extérieur.
À ces troubles subjectifs s’associent des altérations objectives de l’électroencéphalogramme lequel présente un tracé de désynchronisation corticale et sous-corticale. La transmission synaptique corticale est perturbée. Les rythmes limbiques sont modifiés avec disparition du rythme thêta (4 à 7 cycles/seconde) et apparition de décharges paroxystiques dans le septum et l’amygdale. L’action psychotomimétique pourrait être attribuée à une levée de l’inhibition qu’exerce normalement les centres bulbaires sur les centres du cerveau moyen, ce qui expliquerait la réaction d’éveil qu’ils entraînent.
ACTION SUR LE SYSTÈME NERVEUX AUTONOME
Les psychodysleptiques stimulent le système sympathique et provoquent de la mydriase, de la tachycardie et hypertension, de l’hyperglycémie, de l’hyperthermie et sudation. L’hyperthermie est un signe objectif d’activité psychodysleptique mis à profit en expérimentation animale.
RÔLE ÉVENTUEL DE LA SÉROTONINE
On a attribué à la sérotonine un rôle dans le psychisme normal, à côté des catécholamines. L’altération du psychisme pourrait être due à une déviation du métabolisme de ces amines neuromédiatrices avec apparition de substances hallucinogènes. Ainsi, le lysergamide, puissant hallucinogène est également un puissant antagoniste de la sérotonine. Le lysergamide, la bufoténine, la psilocybine possèdent dans leur formule le noyau indole de la sérotonine. On reconnaît dans l’harmine et l’harmaline un cycle indole. Ces deux substances sont de puissants mais brefs inhibiteurs de la mono-aminoxydase laquelle intervient dans le métabolisme de la sérotonine et des catécholamines. Enfin on reconnaît dans la mescaline le noyau phényléthylamine commun aux amines adrénergiques et sympathomimétiques.
Sérotonine
Biosynthèse et catabolisme
La sérotonine est formée à partir du tryptophane sous l’influence de deux enzymes successivement, la tryptophane hydroxylase puis l’hydroxytryptophane décarboxylase. Lorsqu’elle est libérée dans la fente synaptique, elle peut-être recaptée par le neurone sérotoninergique ou subir une désamination oxydative sous l’influence de la mono-aminoxydase A mitochondriale. Le métabolisme aboutit à l’acide hydroxy-5 indol acétique dit 5 HIAA:
Action sur le système nerveux central
À dose faible, la sérotonine entraîne une dépression et une léthargie quand elle est injectée dans les ventricules cérébraux. Elle provoque le sommeil par une action sur l’area postrema. Elle est synergique des hypnotiques et sa libération des vésicules synaptiques par la réserpine entraîne la sédation centrale.
L’effet dépresseur de la sérotonine est aboli par le lysergamide qui produit une excitation psychique, hallucinatoire.
Actions périphériques
Administrée par voie intraveineuse la sérotonine stimule les récepteurs vasculaires pulmonaires entraînant un effet dit de Bezold-Jarisch: apnée, bradycardie (effet 5 HT3), hypotension. Chez le chien la sérotonine est hyper- puis hypotensive (fig. 22.1). Selon les espèces elle est hypotensive (effet 5 HT1) ou hypertensive (effet 5 HT2). Elle contracte les fibres lisses des vaisseaux, des bronches, de l’intestin et de l’utérus. Elle est antidiurétique. Elle est libérée en même temps que l’histamine par le choc anaphylactique.
Fig. 22.1 |
La sérotonine détermine l’agrégation des plaquettes sanguines en activant les récepteurs 5HT2.
RÉCEPTEURS DE LA SÉROTONINE
Les récepteurs de la sérotonine dont on connaît les fonctions pharmacologiques sont au nombre de quatre avec des sous-types.