7. Prophylaxie et interventions de convenance
Vaccinations
Les seuls vaccins disponibles en routine pour les petits mammifères concernent le lapin et le furet.
Vaccination du lapin
On vaccine le lapin contre deux maladies : la myxomatose et la VHD (maladie hémorragique).
Myxomatose
Le virus myxomateux est un pox virus de la famille des Leporipoxvirus. À l’origine endémique et peu dangereux chez une variété de lapins d’Amérique du Sud, ce virus s’est révélé très virulent et responsable d’une mortalité approchant les 100 % lorsqu’il infectait les lapins importés d’Europe. Les premiers essais d’importation du virus en Europe pour éradiquer les populations trop nombreuses de lapins sauvages ont eu lieu vers 1930 dans une île britannique. Le virus a été introduit intentionnellement en France en 1952 par le D r Armand-Dellile qui souhaitait éliminer les lapins de sa propriété d’Eure-et-Loir.
La myxomatose est très contagieuse en raison :
▪ du grand pouvoir infectieux du pox virus (un virion est capable à lui seul de déclencher une infection) ;
▪ de la grande résistance du virus au froid et à la dessication (plusieurs mois sur la peau ou dans les squames) ;
▪ des différentes modalités de transmission :
▪ indirecte, par l’intermédiaire des insectes (puces, moustiques) ou du propriétaire manipulant plusieurs lapins à la suite,
▪ directe, par simple contact d’animal malade ou infecté à animal sain ;
▪ du réservoir de virus constitué par les lapins porteurs.
Les formes cliniques sont variables selon les saisons et les climats. À côté des cas aigus de myxomatose, un large éventail de formes subaiguës à chroniques, correspondant à des souches virales variantes plus ou moins agressives, s’est développé peu à peu. Elles sont décrites dans le chapitre 8. Le pic épidémiologique estival classiquement décrit ne semble plus d’actualité, la forme estivale ne représentant que 20 % des formes de la maladie. L’incubation va de quelques jours à quelques semaines, selon les formes.
La vaccination avec une forme homologue donne une meilleure protection que l’ancienne forme de vaccin vivant hétérologue préparée à partir du virus du fibrome de Shope, qui peut provoquer de surcroît des nodules réactionnels volumineux au point d’injection (figure 7.1a et b). La protection conférée par le vaccin conre la myxomatose est de courte durée. L’injection intradermique, qui permet l’apparition d’une meilleure immunité cellulaire, est préférable à la voie sous-cutanée. L’immunité apparaît 8 jours après l’injection, elle devient quasiment nulle au bout de 4 mois, pour ne réapparaître que 8 jours après l’injection de rappel. Il existe donc une période de nonprotection de 8 jours entre chaque vaccin, appelée « trou immunitaire » en élevage. En milieu non contaminé, les lapins d’élevage sont vaccinés selon le protocole suivant :
▪ primovaccination à 4 semaines d’âge ;
▪ rappel 6 semaines après ;
▪ puis rappels tous les 3 à 4 mois.
Pour un lapin de compagnie vivant isolé dans un foyer humain avec peu d’accès à l’extérieur, il est raisonnable de vacciner contre la myxomatose au début du printemps et pendant l’été, selon le risque d’exposition à l’extérieur.
VHD ou maladie hémorragique virale
Cette maladie, dont l’agent responsable est un Calicivirus, a été découverte en Chine en 1984 sur des lapins issus de RDA. Elle est apparue durant l’été 1988 en France. On a néanmoins pu mettre en évidence sur des sérums de lapin datant de 1975, conservés en Tchécoslovaquie, la présence d’anticorps anti-VHD.
Il s’agit d’une hépatite virale fulgurante, dont les seuls symptômes ne sont bien souvent qu’une mort rapide en 24 heures. La forme clinique de la maladie est décrite au chapitre VIII.
Il existe plusieurs vaccins monovalents utilisables qui confèrent une bonne protection immunitaire. Un vaccin recombinant est en cours d’étude. Un vaccin combinant les valences VHD et myxomatose, qui s’administre en intradermique, est également disponible. En élevage, le protocole utilisé est le suivant :
▪ primovaccination à 1 mois ;
▪ rappel 1 mois plus tard ;
▪ puis rappel 8 mois après.
Pour un lapin de compagnie, vivant isolé dans un foyer humain et nourri avec de la verdure fraîche bien lavée, une vaccination annuelle contre la VHD suffit.
Vaccination du furet
On vaccine le furet contre la maladie de Carré et la rage. Les risques associés à la vaccination sont un choc anaphylactique lorsqu’on utilise un trop grand nombre de valences et l’apparition d’une maladie de Carré vaccinoinduite lorsqu’on utilise des vaccins vivants atténués non appropriés.
Maladie de Carré
Le furet est très sensible à ce Morbillivirus, appartenant à la famille des Paramyxovirus. La maladie, qui touche essentiellement les jeunes animaux non encore immunisés, est fatale sous toutes ses formes. Les réservoirs sont les chiens, les Canidés et les Mustélidés sauvages. La contamination se fait par aérosols, par contact direct ainsi que par les urines et les fèces. L’incubation est de 7 à 28 jours. Les formes cliniques de la maladie sont décrites dans le chapitre 8.
La vaccination confère une protection efficace. Les vaccins disponibles actuellement en France sont des vaccins vivants, utilisant des souches virales dont le pouvoir pathogène a été atténué par des passages répétés sur des lignées cellulaires. Ils donnent une protection efficace et de longue durée.
Pour limiter au maximum le risque de réaction allergique, on choisit les vaccins canins présentant le moins grand nombre de valences (CH en l’occurrence).
Des cas de maladie de Carré induite par la vaccination ont été observés chez des furets vaccinés par des souches vivantes atténuées sur des cellules de carnivores. Il est donc primordial d’utiliser des vaccins atténués sur des lignées de cellules avaires.
Les vaccins vivants bivalents CH avianisés sont notamment Canigen CH® (Virbac), Nobivac DH2® et Nobivac puppy DP® (Intervenant).
Il existe aux États-Unis un vaccin monovalent recombiné à partir de portions immunogènes du matériel génétique du virus. Ces fragments d’ADN et d’ARN ont été incorporés dans un vecteur inoffensif (un pox virus de canari), ce qui en fait un vaccin vectoriel sûr et efficace. Il s’agit de Purevax Ferret® (Merial). Il dispose d’une AMM furet outre-Atlantique mais n’est pas commercialisé en Europe.
On peut vacciner les jeunes furets contre la maladie de Carré dès l’âge de 6 à 8 semaines. Les rappels interviennent toutes les 2 à 3 semaines jusqu’à l’âge de 14 semaines. On effectue ensuite un rappel annuel. Pour des animaux adultes non vaccinés, la primovaccination s’effectue en deux injections espacées de 2 à 4 semaines.
Rage
Bien que le furet soit moins sensible à la rage que beaucoup d’autres carnivores, on effectue comme chez le chien et le chat une primovaccination à l’âge de 3 mois, puis un rappel annuel.
Les vaccins disponibles en France sont des vaccins tués, adjuvés avec de l’hydroxyde d’aluminium. Quelques rares de cas de furets présentant des fibrosarcomes postvaccinaux ont été décrits.
Réaction vaccinale
Certains furets développent une réaction anaphylactique après un vaccin. Cette réaction apparaît le plus souvent dans la demi-heure après le vaccin, mais il existe un risque pendant les 24 heures suivant l’injection. On rencontre ce type de réaction le plus souvent après une vaccination antirabique, l’adjuvant semblant être la cause du choc. Un furet peut néanmoins également développer cette allergie avec le vaccin de la maladie de Carré lors de l’utilisation de vaccins plurivalents.
Une fois qu’un furet a développé ce type de réaction, celle-ci récidive à chaque rappel. Les symptômes sont souvent spectaculaires et peuvent nécessiter une prise en charge médicale. C’est pourquoi il est préférable de conseiller aux propriétaires de rester dans les alentours de la clinique pendant la demi-heure suivant un vaccin. Le premier signe est une hyperhémie généralisée, se traduisant par une couleur rouge du nez, des pavillons auriculaires et des coussinets plantaires. L’animal est abattu, présente des signes de ptyalisme, de vomissements, parfois de diarrhée. On peut entendre des râles humides à l’auscultation pulmonaire. Dans les cas de choc, on peut noter un pouls faible, une tachycardie, ainsi que des muqueuses grisâtres cyanosées.
La prise en charge comprend l’injection d’un corticoïde à action rapide (Solumédrol®, Dexadreson®) ou d’un antihistaminique comme la diphénhydramine (2 mg/kg, IV ou IM). Il est souvent utile d’oxygéner l’animal. Dans les cas plus sévères, on peut procéder à une fluidothérapie et à une réanimation par respiration assistée et adrénaline si nécessaire (20 μg/kg, IV ou IM).

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