6. Préparation et administration des médicaments
L’administration des médicaments fait partie des actes professionnels réalisés par les infirmiers, inscrits dans le décret n° 2004–802 du 29 juillet 2004 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier. Les soins infirmiers ont notamment pour objet de « contribuer à la mise en œuvre des traitements en participant à la surveillance clinique et à l’application des prescriptions médicales contenues, le cas échéant, dans des protocoles établis à l’initiative du ou des médecins prescripteurs ». Cette étape d’administration (qui comprend la préparation des médicaments) intervient dans le circuit du médicament après la prescription médicale et la dispensation pharmaceutique, et est suivie de l’étape de la surveillance et du suivi thérapeutique (figure 6.1).
Fig. 6.1 |
Posologie
Définitions
La dose est la quantité de médicament qui doit être administrée à un patient ou l’unité de prise d’un médicament.
La posologie décrit précisément :
– la quantité de médicament, en unités de prise, quantité (grammes, moles, UI, etc.) et/ou débit de perfusion ;
– la fréquence d’administration (sur 24 heures) ;
– le mode d’administration (comprimé ou solution buvable, injection IV ou perfusion IV lente, instillation oculaire, application cutanée, etc.).
Les posologies sont souvent calculées en fonction de l’âge (surtout pour les enfants : nouveau-né, nourrisson, enfant) et du poids des patients.
Elles peuvent aussi être adaptées aux capacités d’élimination du médicament par le patient (clairance de la créatinine chez le sujet âgé ou insuffisant rénal : voir chapitre 15 « Particularités de l’administration médicale chez l’enfant et la personne âgée »), à la pathologie, aux interactions médicamenteuses éventuelles chez ce patient.
Les unités utilisées pour l’expression des posologies sont présentées dans le tableau 6.1.
Unités les plus couramment utilisées | |||||||||
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g = gramme mg = milligramme (1g = 1 000mg) μg = microgramme (encore dit « gamma : γ ») (1g = 1 000 000 μg) μg = nanogramme (1g = 1 000 000 000ng) mL = millilitre (1L = 1 000mL) cm3 = centimètre cube (encore dit « cc »») = 1mL cm = cuillère-mesure (fournie avec le flacon) | |||||||||
Table de conversion (unités) | |||||||||
g | mg | μg | ng | ||||||
1 | |||||||||
0 | |||||||||
1 | 0 | 0 | |||||||
1 | 0 | 0 | 0 | ||||||
1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | |||
1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Modes d’expression de la posologie
– les formes pour voie orale sont prescrites avec les mentions :
• nom du médicament (nom commercial ou dénomination commune internationale),
• dosage,
• forme galénique (comprimés, gélules, solution buvable, etc.),
• dose,
• nombre de prises journalières,
• horaires de ces prises,
• durée du traitement si elle est connue ;
EXEMPLE
Paracétamol poudre orale 1 000mg toutes les 6 heures si douleurs.
– les formes pour voie injectable sont prescrites avec les mentions :
• nom du médicament (nom commercial ou dénomination commune internationale),
• dosage,
• dose,
• volume de perfusion,
• type d’injection (intraveineuse, sous-cutanée ou intramusculaire),
• débit de perfusion,
• nombre d’injections journalières,
• horaires de ces injections ou durée de perfusion,
• durée du traitement si elle est connue ;
– les formes pour voie locale sont prescrites avec les mentions :
• nom du médicament (nom commercial ou dénomination commune internationale),
• dosage,
• forme galénique (collyre, crème, pommade, solution, etc.),
• dose,
• nombre d’applications journalières,
• horaires de ces applications,
• localisation précise,
• durée du traitement si elle est connue.
EXEMPLE
Tobradex collyre 1 goutte 3 fois par jour à 8h, 12h et 18h dans l’œil opéré pendant 72 heures.
Préparation
L’infirmie(è)r(e) diplômé(e) d’État (IDE) doit effectuer les vérifications nécessaires en vue d’administrer le bon médicament, à la bonne dose, par la bonne voie, au bon moment et au bon patient.
Toute administration de médicament à un malade doit être effectuée sur prescription médicale écrite.
Il existe des protocoles de service rédigés et validés pour permettre l’intervention infirmière en l’absence du médecin et de manière totalement encadrée (exemple : protocole antidouleur ; protocole insuline). Le protocole est alors mis dans le dossier du patient.
Modalités de préparation des médicaments
L’IDE ou l’étudiant infirmier sous la responsabilité de l’IDE prépare les médicaments.
Il peut s’agir de :
– formes orales : comprimés, gélules, solutions buvables, suspensions buvables à reconstituer ;
– formes injectables pour perfusion ou pour injection intraveineuse directe, sous-cutanée ou intramusculaire, nécessitant du matériel d’injection.
VÉRIFICATION DE LA CONFORMITÉ DE LA PRESCRIPTION
La préparation se fait à partir de la prescription initiale informatisée ou manuscrite, et signée, qui est lue et analysée par l’IDE. Celle-ci vérifie les éléments de la prescription :
– nom et prénom du patient ;
– sexe et date de naissance ;
– poids et surface corporelle si nécessaire ;
– mention d’une grossesse et/ou d’allaitement ;
– date et heure de la prescription ;
– dénomination du médicament ;
– dosage et forme galénique du médicament ;
– dose par prise et par 24 heures ;
– rythme et horaires d’administration ;
– voie d’administration (détaillée dans le chapitre 5).
S’il s’agit de médicaments injectables, le médecin doit préciser les modalités de dilution, la vitesse et la durée de perfusion. Il peut aussi faire référence à un protocole d’administration validé par un médecin dans le service.
ATTENTION
Si la prescription fait douter :
– prescription incomplète (pas de signature du médecin, pas de dosage du médicament, etc.) ;
– prescription peu lisible (doute sur le nom du patient, du médicament, du dosage, etc.) ;
– suspicion d’interaction médicamenteuse ou de contre-indication ;
il faut demander une vérification au médecin avant application de la prescription.
VÉRIFICATION DE LA DATE DE PÉREMPTION ET DE L’ASPECT DU MÉDICAMENT
La date de péremption apparaît sur les conditionnements primaires et secondaires du médicament. Si elle n’est plus visible, par exemple pour certains comprimés sous blisters non unitaires, ayant été découpés du côté de la date de péremption, il ne faut pas utiliser le médicament.
L’emballage doit être intègre.
Les solutés injectables doivent être limpides : l’aspect trouble d’une préparation injectable ou une coloration suspecte doit alerter la personne qui va préparer le médicament. La démarche logique est d’utiliser un autre flacon et de retourner le flacon suspect à la pharmacie.
CONDITIONS D’HYGIÈNE DE LA PRÉPARATION
Les reconstitutions des médicaments sont effectuées extemporanément dans les conditions d’hygiène exigées selon le résumé des caractéristiques du produit.
Règles d’hygiène pour la préparation courante des médicaments injectables (hors préparations particulières : blocs opératoires, préparations pour patients immunodéprimés, etc.)
1. Décontamination du plan de travail.
2. Lavage des mains : simple ou par friction hydroalcoolique.