16. Pratique et Valeur des Tests Cliniques
J.-P. Paclet*
Les douleurs chroniques du carrefour pubien sont un motif fréquent de consultation dans certaines disciplines sportives. Le football est la plus habituelle, mais elles se rencontrent aujourd’hui également dans des sports comme le rugby, le handball, le tennis ou la course de fond. Le terme de « pubalgie » (étymologiquement : douleur du pubis) utilisé parfois par le médecin mais toujours par les sportifs, voire la presse grand public, englobe toutes ces manifestations douloureuses sans préjuger ni du mécanisme lésionnel ni de l’élément anatomique responsable. Il semblerait plus adapté d’utiliser le terme de syndrome pubalgique qu’il convient de démembrer afin de distinguer la pathologie en cause.
La symphyse pubienne est le siège de contraintes importantes :
– en compression lors de la course notamment lors de l’appui unipodal ;
– en distraction lors de la frappe de balle. Le geste du shoot impose une fixation solide de la hanche et du bassin pour que les fléchisseurs de hanche trouvent toute leur efficacité. Lors du shoot, les muscles abdominaux et adducteurs, par leur action conjointe, participent à la fois à la fixation du bassin et à la dynamique du membre de frappe. Les contraintes sont majorées lorsqu’il existe une prédisposition anatomique défavorable.
Les différents éléments musculaires, tendineux, aponévrotiques et osseux permettent à la région d’équilibrer les contraintes importantes auxquelles elle est soumise. Le syndrome pubalgique est la conséquence d’une rupture de cet équilibre pour une raison quelconque, intrinsèque (le plus souvent dégénérative), ou extrinsèque (surcharge fonctionnelle).
Le syndrome pubalgique fait partie de ces pathologies connues du milieu sportif et le plus souvent le patient vient consulter avec l’affirmation de son diagnostic.
Le bilan clinique a un double objectif : affirmer l’origine mécanique de la souffrance pubienne et démembrer la part respective des différents éléments anatomiques responsables.
INTERROGATOIRE
Il représente un temps capital, riche en renseignements s’il est complet et systématique.
Il précise :
– le mode d’apparition de la douleur : brutal ou progressif ;
– la localisation initiale : abdominale basse, pubienne, face interne de la cuisse, son caractère uni ou bilatéral ;
– l’évolution dans la durée : la sédation par le repos, l’efficacité ou non des AINS, la réapparition rapide à la reprise après une période de repos, la diffusion et les irradiations ;
– le rythme : sédation ou non à l’échauffement, recrudescence après l’effort, caractère éventuellement nocturne ;
– la majoration par l’hyperpression abdominale (toux, rire, défécation) ;
– la gêne fonctionnelle : impossibilité formelle d’avoir une pratique sportive, ou activité partielle possible.
Une douleur d’emblée sus-pubienne, avec une gêne fonctionnelle majeure, augmentée par la contraction de la paroi abdominale, non calmée par le repos, irradiant au périnée oriente vers une pathologie abdominopariétale.
À l’opposé, une douleur localisée aux adducteurs, progressive, d’intensité variable selon la charge de travail, autorisant une pratique sportive aménagée, calmée par le repos, évoluant typiquement selon les stades de Blazina évoque une tendinopathie des adducteurs.
EXAMEN PHYSIQUE
Il réalise d’abord un bilan morphologique locorégional :
– bilan de la ceinture pelvienne :
– antéversion du basin ;