Postpartum

3. Postpartum



Allaitement


A. Proust


L’allaitement n’est pas seulement une histoire de sein, de biberon, de calcul de doses, de pesées, de soins. L’influence du choix et de l’instauration du mode de nourriture sur l’état psychique des différents protagonistes est fondamentale dans la compréhension des difficultés voire des complications rencontrées.


Assurer le choix


Le choix entre l’allaitement maternel au sein et l’allaitement au biberon (terme à préférer à l’allaitement « artificiel », à conno-tation péjorative) est une affaire personnelle complexe, tant le rôle des influences extérieures, que ce soit au niveau de la famille ou de l’équipe prenant en charge la grossesse, peut être source de décisions inappropriées ou, tout au moins, génératrices d’angoisse.

Il n’est plus nécessaire de prouver les avantages de l’allaitement maternel : toutes les études les démontrent tant dans la qualité nutritionnelle et immunologique que dans l’instauration de la relation mère-enfant.


Au-delà des avantages évidents, il est nécessaire, afin de permettre à la femme enceinte d’avoir ses propres arguments de choix, de l’informer tôt dans la grossesse, soit en répondant à des questions posées au cours de la surveillance régulière, soit, tout simplement, en posant la question de savoir si elle sait le mode d’allaitement qu’elle souhaiterait.

La question vient souvent quand la femme pense qu’elle ne va pas pouvoir allaiter (mamelon ombiliqué, prothèses de sein, échec de l’allaitement lors d’une grossesse précédente, etc.), plus rarement de façon spontanée.

Si, en matière d’accouchement, il semble important, sauf à propos de certaines généralités, de différer la préparation vers la fin de la grossesse voire le dernier trimestre afin que la future accouchée soit totalement réceptive, libérée du risque d’accouchement prématuré, des contraintes du travail, etc. ; ce n’est pas le cas pour l’allaitement, car les informations et les explications que l’on pourra donner n’auront aucune influence potentielle sur le déroulement de la grossesse. Elles peuvent même diminuer un certain nombre d’angoisses en permettant la mise en place d’une structure de discussion pouvant plus facilement aboutir à un choix « éclairé ».

La mise en place progressive de l’entretien du début de grossesse, entretien dont la finalité première est médico-psycho-sociale, devrait permettre de mieux cerner cette problématique en donnant la parole à la femme enceinte tôt dans la grossesse. À ce moment peuvent être évoqués les désirs et les craintes de la future accouchée : idées fausses sur les risques esthétiques de l’allaitement au sein, rôle des facteurs environnementaux, qu’ils soient familiaux ou sociaux, désir et place du futur père dans l’allaitement.

Il est important, comme dans nombre d’autres domaines, que le choix d’allaiter au sein ou au biberon soit un choix de la personne et non pas un choix de telle ou telle autre personne de l’entourage, y compris au nom de l’autorité médicale.



Assurer l’allaitement


En dehors de la préparation « psychologique » dans le soutien à la décision du choix de l’allaitement, il n’y a aucune préparation « physique » particulière qui pourrait favoriser tel ou tel choix. En particulier, aucune anticipation n’est possible quant à l’importance de la montée laiteuse, qu’elle soit jugée insuffisante et créatrice d’angoisse de « mal faire » ou trop importante et source de douleurs.

Aucune préparation, en dehors des soins du mamelon dès la naissance et de l’apprentissage progressif de l’acceptation du rythme du bébé ou de la position la moins fatigante n’empêchera la survenue de crevasses du sein, source de douleurs, de complications, voire du souhait d’arrêter ce mode d’allaitement.

Le plus important pour la femme allaitante et pour l’équipe soignante est de savoir s’adapter à la situation, au jour le jour, heure après heure. Il s’agit d’un véritable travail d’accompagnement tant au niveau physique que psychique. Si de nombreuses études ont bien démontré que les difficultés psychologiques rencontrées dans la période postnatale n’ont pas d’incidence sur le volume et la qualité du lait, il est évident que la principale cause d’arrêt de l’allaitement au sein dans la période de suites de couches immédiates est liée à l’impossibilité psychique de continuer, avec la sensation de ne pas y arriver. Là encore, l’accompagnement reste la meilleure façon de prévenir et de prendre en charge la survenue de cette complication.

La plus grande complication du début de l’allaitement au sein est le désir d’arrêt, le plus souvent dans le cadre d’un syndrome d’échec ou de sensation de ne pas y arriver. Le soutien des équipes, dès la mise au sein en salle de naissance et dans les suites de couches, en facilitant le contact mère-enfant ainsi que la dédramatisation des difficultés du départ, semble être la meilleure façon de soutenir ce projet de la femme pour son bébé et elle-même.

Le retour à la maison est un des moments les plus sensibles, et ce d’autant que les sorties précoces de la maternité sont de plus en plus la règle et la volonté des autorités sanitaires et sociales.


Un véritable travail de prévention est à faire afin qu’il y ait une adaptation à chaque mode d’hospitalisation en suites de couches, tant envers la femme qui souhaite allaiter au sein, qu’envers les équipes soignantes pour qu’elles s’adaptent sans avoir elles-mêmes à déprécier ces nouveaux modes de prises en charge, avec l’impression de ne pas être à même d’assurer leur tâche correctement.

L’adaptation et le maintien de l’allaitement au biberon paraissent d’emblée plus simples mais ne doivent en aucun cas être négligés. Bien sûr, l’allaitement maternel semble être idéal pour maintenir le lien quasi physique entre l’enfant et sa mère élaboré lors de la grossesse, en raison des sécrétions neurobiologiques de prolactine et d’ocytocine liées au processus physiologique de l’allaitement au sein.

L’ensemble des équipes et des intervenants se doivent d’accompagner avec autant d’attention la femme qui allaite au biberon soit parce qu’elle le désire (pour des raisons qui lui appartiennent), soit parce qu’elle ne le peut du fait d’une contre-indication à l’allaitement au sein, même si elles sont rares.

Le souci de placer la femme et le couple dans un environnement favorable à l’initiation de la relation mère-père-enfant doit primer par rapport à tout autre jugement sur le bien-fondé ou non de telle ou telle méthode d’allaitement.


Baby blues

M. Lachowsky




Définition



Le « baby blues » ne se joue ni au saxo, ni à la trompette, La Nouvelle-Orléans n’en a jamais eu le privilège. Il est vrai qu’ici le franglais a beaucoup plus de charme que l’expression canadienne de « cafard du postpartum ». Ce sont d’ailleurs les Anglo-Saxons qui le retrouvent le plus fréquemment ; pour eux, 80 % des femmes accouchées en sont victimes. Alors, comment ces baby blues se traduisentils, comment les voyons-nous ?

Tout s’est bien passé, la mère, l’enfant et même le père ont été sauvés, le caméscope et l’album ont fait le plein, l’entourage est au courant grâce à Internet, et voilà que les bonnes fées semblent déserter non pas le berceau mais le lit. Fatiguée, d’humeur changeante, insatisfaite d’elle-même et des autres, la mère pleure sans trop savoir pourquoi ; une petite musique de chambre, dit-elle dans un pâle sourire, comme en s’excusant.

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Apr 27, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Postpartum

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