patient traumatisé crânien

5 Le patient traumatisé crânien



INTRODUCTION À LA PATHOLOGIE





ASPECTS ANATOMOCLINIQUES [5, 6]


Le traumatisme crânien peut entraîner des lésions immédiates (contusions, hématomes) et secondaires (conséquences de l’hypertension intracrânienne, agressions cérébrales secondaires d’origine systémique). Elles peuvent concerner, à des degrés variables, les hémisphères cérébraux et/ou le tronc cérébral [6].





Hématomes intracrâniens


De la superficie à la profondeur, on trouve les différentes enveloppes du cerveau : la peau, la paroi osseuse, la dure-mère, l’espace sous-dural, l’arachnoïde puis l’espace sous-arachnoïdien puis la pie-mère.


La survenue d’une collection hémorragique est une complication rare mais qui risque d’être fatale. L’augmentation trop importante de la pression intracrânienne va entraîner une compression des tissus voisins et favoriser à son tour l’œdème cérébral et gêner la libre circulation du LCR. Cela peut conduire à un engagement des tissus cérébelleux dans le trou occipital avec risque de compression bulbaire.


Le scanner cérébral va mettre en évidence le type d’hématome :







EXAMENS COMPLÉMENTAIRES [6, 8]






COMA [8, 10]


Le traumatisme craniocérébral s’accompagne souvent d’une perturbation de l’état de conscience, qui peut aller d’une confusion minime à un coma profond dans les cas graves. Le coma a été défini par un trouble de la vigilance, qui interdit de façon stable l’activation de toutes les fonctions de la conscience [8]. Ce changement d’état de conscience peut être de très courte durée ou se prolonger pendant plusieurs jours ou même plusieurs mois.




Qu’est-ce que le coma ?


Le coma est un « état de non-réponse dans lequel le sujet repose les yeux fermés et ne peut pas être réveillé » (selon Plum et Posner) [11]. Il peut être de durée très variable mais est considéré comme prolongé au-delà de 3 semaines.


Les échelles utilisées pour évaluer la profondeur du coma sont la Glasgow Coma Scale [12] (GCS) et le Full Outline of Unresponsivenesss score (FOUR) [13].



► Échelle de Glasgow


Elle apprécie [8, 14] :





La somme E + V + M donne un score de 3 à 15 (tableau 5.1).


Tableau 5.1 – Score de Glasgow [8].

























































Ouverture des yeux
Spontanée 4
À l’appel 3
À la douleur 2
Aucune 1
Meilleure réponse motrice
Obéit à la commande verbale 6
Réponse aux stimuli douloureux :  
localisatrice 5
évitement 4
flexion inadaptée 3
extension 2
aucune 1
Meilleure réponse verbale
Claire et adaptée 5
Confuse 4
Mots inappropriés 3
Sons incompréhensibles 2
Aucune 1

Le score établi au moyen de l’échelle de Glasgow définit 3 différents stades de coma :





Les réponses motrices aux stimuli douloureux peuvent être appropriées, inappropriées, symétriques ou asymétriques. Une réponse appropriée vise à écarter le stimulus. Elle suppose un certain degré d’intégration corticale et une voie corticospinale fonctionnelle. Une réponse est inappropriée lorsqu’elle est sans finalité et stéréotypée.



►Évaluation par le FOUR [15]


Suite à la mise en évidence de faiblesses du score de Glasgow (pas de prise en compte des anomalies des réflexes du tronc cérébral, du rythme respiratoire et du fait que les patients puissent être intubés ou ventilés), Wijdicks et al. [16] ont validé en 2005 un nouveau score d’évaluation des comas : le Full Outline of Unresponsiveness score, qui répond à ces critiques en prenant en compte la réponse oculaire, la réponse motrice, les réflexes du tronc cérébral et le rythme respiratoire ou la nécessité de recours à la ventilation mécanique (tableau 5.2).


Tableau 5.2 – Score FOUR (OCU + MOT + TC + RESP).













Annexe 1. FOUR score (OCU + MOT + TC + RESP).
Réponse oculaire (OCU)





Réponse motrice (MOT)





Réflexes du tronc cérébral (TC)




Respiration (RESP)






Sortie du coma et diagnostics différentiels [6, 8, 13]


D’après J. Giacino [17], le patient passe du coma à un état végétatif puis à un état paucirelationnel et enfin à un état de conscience minimale :





L’état végétatif et l’EPR sont distingués d’autres états proches, quant à leurs manifestations cliniques [6, 8] :



le locked-in-syndrome : le syndrome de désafférentation motrice ou locked-insyndrome est un tableau neurologique lié à l’atteinte bilatérale du pont qui fait la jonction entre la moelle épinière et le cerveau [13]. Le patient présente une tétraplégie, une diplégie faciale, une anarthrie et une préservation de la conscience et des fonctions cognitives. Il communique avec des mouvements oculopalpébraux [18, 19] ;




L’évaluation de l’éveil se fait par le coma recovery scale-revised (CRS-R) qui évalue les fonctions auditive, visuelle, motrice, verbale, la communication et l’éveil.





SÉQUELLES DU TRAUMATISÉ CRÂNIEN “>[2125] : UN « HANDICAP À PART »


Les séquelles sont de différentes natures et peuvent persister à distance du TC. On observe principalement des troubles neurologiques physiques et des troubles cognitifs. Ces troubles cognitifs sont largement dominés par l’asthénie, les troubles de la mémoire, des fonctions exécutives et de l’attention [3].




Fatigue [3]


La fatigue est un symptôme fréquent et persistant après un TC. Elle touche, en fonction des études, de 43 à 73 % des patients et est ressentie comme un des premiers symptômes par 7 % d’entre eux. Van Zomeren et al. [26] ont proposé comme modèle physiopathologique de la fatigue après TC l’hypothèse du « coping » (adaptation), selon laquelle la fatigue serait directement secondaire aux troubles cognitifs, et en particulier aux troubles attentionnels. Plus précisément, la fatigue serait due à l’effort supplémentaire fourni par les patients cérébrolésés pour maintenir un bon niveau de performance dans la vie quotidienne. La réalisation d’une tâche cognitive nécessiterait une mobilisation importante, un « hypereffort », pouvant entraîner une sensation de fatigue.





Séquelles neuropsychologiques [3, 24, 27]


Elles incluent à la fois les déficits des fonctions cognitives et les modifications du comportement et de la personnalité. La plupart du temps, il est vérifié qu’un traumatisme craniocérébral provoquant des séquelles graves sur le plan physique entraîne également des séquelles graves sur le plan des fonctions mentales supérieures et de la personnalité. Par ailleurs, il est possible qu’un traumatisme ayant provoqué peu de déficiences sur le plan physique puisse causer des changements importants au niveau des fonctions mentales supérieures ou de la personnalité. Ces troubles nécessitent une évaluation spécialisée par une équipe de neuropsychologues ayant l’expérience des patients cérébrolésés.








► Syndrome frontal [33]


Les troubles des fonctions exécutives et de la personnalité cités précédemment sont le plus souvent liés au syndrome frontal, engendré par des lésions du lobe frontal. Il est décrit dans la littérature comme un syndrome associant :









ÉVOLUTION ET RETENTISSEMENTS DES DÉFICITS DU PATIENT TC


L’évolution du handicap (appréciation des conséquences sociales des déficiences) chez le TC est interdépendante de l’évolution des déficits neurologiques et neuropsychologiques. De nombreuses études ont analysé l’évolution des troubles neuromoteurs, neuropsychologiques, et leurs conséquences sur la qualité de vie des patients TC à moyen et long terme [21, 36]. Elles présentent les conclusions suivantes.



Évolution des déficits


L’évolution des déficits neuromoteurs, souvent favorable, est assez rapide les 6 premiers mois [10].


L’évolution des déficits neuropsychologiques se poursuit pendant plusieurs années après le traumatisme. Mailhan et al. [36] ont réalisé une étude sur l’évolution de ces troubles chez 50 patients TC 6 ans après le traumatisme. Les résultats ont montré que les principaux déficits neuropsychologiques qui persistaient et gênaient les patients dans leurs AVQ concernaient la mémoire et les fonctions exécutives (notamment la difficulté de réalisation des doubles tâches).



Conséquences sur la qualité de vie


L’étude [36] a montré que le score au GOS (évaluation du handicap) était lié significativement aux troubles des fonctions exécutives, aux troubles attentionnels et de communication. Malgré un accompagnement psychologique du patient et de sa famille, le retour à domicile est souvent très difficile à supporter pour le conjoint et la famille si le patient souffre de troubles neuropsychologiques importants et difficilement compatibles avec une vie de famille, ce qui conduit souvent à une séparation conjugale. La période dépressive [33] est une étape constante chez les sujets qui retrouvent une mémoire de fixation suffisante : elle comporte souvent une première phase de deuil concernant l’atteinte physique, suivie d’une deuxième phase concernant le potentiel intellectuel perdu.


Le retentissement des troubles psychocomportementaux dans la vie sociale et professionnelle est considérable, et facteur de perte d’emploi, de réduction du niveau d’activité et de loisir [37]. Le pronostic de réinsertion [23] dépend des troubles cités précédemment, de l’emploi occupé au moment de l’accident et de la personnalité antérieure. Selon les auteurs et les pays, le pourcentage de patients qui travaillent quelques années après le TC varie de 18 % aux États-Unis [38] à 40 % en France [4]. Tous les auteurs notent toutefois une grande difficulté pour les patients à garder leur emploi (3,5 ans en moyenne dans l’étude Hoofien [25]), et a fortiori à obtenir de l’avancement. Les traumatisés crâniens souffrant de troubles de mémoire et de troubles exécutifs sont obligés de réduire leur temps de travail et leur statut professionnel (déclassement fréquent, surtout pour les métiers à haute qualification). Des structures d’accompagnement telles que l’UEROS aident les TC pour la réinsertion socio-professionnelle. Dans le cas de TC ayant de graves séquelles, il est mis en place un statut social adapté (protection des biens, tutelle, etc.).


La prise en charge multidisciplinaire du patient TC grave s’étend sur de longues années. Les actions pluriprofessionnelles, familiales et associatives (UNAFTC, France trauma crânien), s’enchaînent, s’entrecroisent et se complètent pour réaliser le tableau d’accompagnement global et complet du patient traumatisé crânien [39].

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May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on patient traumatisé crânien

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