patient blessé médullaire

4 Le patient blessé médullaire



INTRODUCTION AUX PATHOLOGIES






CLASSIFICATION DES BLESSÉS MÉDULLAIRES [1, 6, 7]


La classification internationale et fonctionnelle des lésions médullaires (fig. 4.1) a été développée par l’American Spinal Injury Association (ASIA) [1] au début des années 1980 pour les lésions traumatiques : l’échelle ASIA, puis adoptée par la communauté internationale depuis 1992 pour toutes les étiologies [6]. Elle permet d’évaluer les niveaux d’atteinte et le caractère complet ou non de la lésion :












LES DIFFÉRENTS SYNDROMES [1]


L’IRM est l’examen de référence, qui permet l’exploration en trois plans de la moelle spinale, notamment des vues sagittales, dans le cas de toute suspicion de compression médullaire traumatique ou médicale.


Les grands syndromes rencontrés sont les suivants.











CHRONOLOGIE






PRINCIPALES COMPLICATIONS DES BLESSÉS MÉDULLAIRES [1]


Les avancées en termes de médecine et la meilleure prise en charge des complications des blessés médullaires ont transformé le pronostic vital de ces patients depuis quelques années.



Escarres


Elles sont redoutables, pouvant mettre en jeu le pronostic vital et fonctionnel du patient [1] (voir annexe). La constitution de l’escarre est très rapide, pouvant se former en quelques heures. Leur traitement long et difficile comprend une immobilisation prolongée avec absence d’appui sur les zones atteintes jusqu’à complète guérison et de nombreux soins prodigués par les infirmières. Les localisations fréquentes sont les coudes, le sacrum, les ischions, le coccyx, les trochanters, les genoux et les talons.


Les facteurs de risque [10] tels que le caractère complet sensitivomoteur, la compression, l’insensibilité ou les troubles de la vascularisation cutanée liés à la lésion médullaire exposent d’autant plus le patient à la survenue d’escarres. D’autres facteurs sont favorisants : dénutrition, fièvre, artériopathie, troubles orthopédiques, appareillage, et coussins de siège mal adaptés, agression par agents physiques (brûlures)…


Les mesures préventives sont essentielles et seront développées plus loin. Mais lorsque cela est nécessaire, les patients bénéficient d’un traitement chirurgical (fermeture par un lambeau musculocutané), complexe et qui nécessite des soins postopératoires prolongés.



Accidents thrombo-emboliques


Les thromboses veineuses profondes sont fréquentes chez les blessés médullaires, dans les premiers mois après la survenue de la lésion mais exceptionnelles au-delà de 6 mois [11]. L’embolie pulmonaire justifie un dépistage régulier par écho-Doppler, surtout chez le blessé médullaire de niveau lésionnel supérieur à T6 chez qui la douleur thoracique de l’embolie pulmonaire peut manquer. Un traitement anticoagulant préventif est systématique au cours des premiers mois ainsi que le port de bas de contention. A noter que la spasticité et les spasmes ont un effet de pompe sur le système veineux et favorisent ainsi le retour veineux [12].



Complications urinaires et anorectales






► Sondage


Le sondage [13] correspond à l’introduction d’une sonde dans l’urètre pour permettre la miction. L’apprentissage est supervisé par les infirmières qui apprennent au patient les gestes, la gestion des besoins de miction et les conditions d’hygiène afin qu’il puisse ensuite s’autosonder. Sont disponibles des sondes adaptées selon le sexe, autolubrifiées, des kits sondepoche prêts à l’emploi et des petites sondes pour les femmes. Le patient doit procéder à un minimum de 5 à 7 sondages par jour et boire 2 L par jour [11].


Lorsque le niveau lésionnel ne permet pas les autosondages, sont proposés [1] :





Complications respiratoires


Elles dépendent principalement du niveau lésionnel et de la présence de lésions thoraciques associées. Les muscles respiratoires sont atteints proportionnellement au niveau [7, 14](fig. 4.2)







Complications neurovégétatives



L’hypotension orthostatique, liée à la réduction de l’activité sympathique [7], suit une relation linéaire avec le niveau d’atteinte (les tétraplégiques ont une P. A plus basse). Elle impose le port de bas de contention et d’une sangle abdominale lors de la verticalisation.

L’hyperréflexie autonome (HRA) [1] survient chez les patients dont le niveau lésionnel est supérieur à T6. C’est une augmentation brutale de la tension artérielle systolique et diastolique pouvant être causée par la présence d’une stimulation nociceptive en zone souslésionnelle. Le traitement est surtout préventif des facteurs déclenchants : rétention d’urines, fécalome ou geste invasif. Face à la survenue de HRA, il faut faire baisser la tension artérielle en retirant les contentions (bas de contention et gaine abdominale), en verticalisant le patient ou en l’asseyant membres inférieurs pendants.


Complications neuro-orthopédiques


La diminution partielle ou totale de la commande motrice, associée à la spasticité sont à l’origine des complications neuro-orthopédiques [11].







Douleurs [1, 16, 17]


La prévalence des douleurs lésionnelles et sous-lésionnelles varie de 33 à 94 % chez les blessés médullaires [17], selon les auteurs :


Les douleurs neurologiques sous-lésionnelles sont réellement invalidantes chez près de 10 % d’entre eux. L’hypothèse actuellement admise est celle d’un centre supramédullaire d’intégration et de traitement de la douleur dont l’inhibition exercée par les voies sensitives serait levée par la lésion [1]. Cette hyperstimulation provoquerait des phénomènes algiques à type de brûlure, courant électrique ou encore morsure dans le territoire anesthésié. Elles peuvent régresser partiellement en réponse aux traitements médicaux : antalgiques de niveaux 1 et 2, antiépileptiques, antidépresseurs (Tégrétol®, Rivotril® et Neurontin® ou chirurgicaux : cordotomie antéro-latérale ou stimulation médullaire [17].




Troubles génitosexuels [1]






BILAN KINÉSITHÉRAPIQUE DU BLESSÉ MÉDULLAIRE



DOSSIER MÉDICAL ET ENTRETIEN AVEC LE PATIENT





BILAN FONCTIONNEL


Les différents bilans et notamment le bilan fonctionnel seront très différents selon le caractère complet ou incomplet de la para/tétraplégie.



Mode de déplacement en fauteuil roulant et transferts















Nota Bene : dans le cas d’un tétraplégique sans grand dorsal, lors du push-up, le fait de se pencher en avant entraîne une bascule de la scapula, ce qui inverse le point fixe pour le dentelé antérieur ; la scapula est fixe, donc le dentelé antérieur remonte la cage thoracique.









Possibilités du tétraplégique avec ses membres supérieurs








RECHERCHE DE TROUBLES ET COMPLICATIONS





Complications à rechercher



► Escarres (voir annexe)


Les deux principales échelles qui évaluent le risque d’escarre sont [10] :



l’échelle de Braden, qui comporte 6 items (tableau 4.1) : perception des sens, activité, mobilité, humidité, alimentation et friction/cisaillement. Le score peut varier de 6 à 23. Un patient présentant un score inférieur à 17 est considéré comme un patient à risque.

Tableau 4.1 – Échelle de Braden.



















Perception sensorielle Humidité Activité












Mobilité Nutrition Friction-cisaillement












Nota Bene : La sudation est normalement absente en territoire lésionnel et habituellement exagérée en territoire sous-lésionnel, ce qui peut être très gênant pour le patient et favoriser la survenue d’escarres.







BILAN MOTEUR





Spasmes et contractures








CONCLUSIONS DU BILAN SELON LA CIH








QUALITÉ DE VIE


Le traumatisme médullaire entraîne une souffrance physique et psychologique, intense et brutale, car il modifie le statut fonctionnel, psychologique et social du patient [18], altérant de fait sa qualité de vie (QDV). Selon la définition de l’OMS, la santé n’est plus seulement « l’absence de maladies ou d’infirmités » mais « un état de complet bien-être physique, psychologique et social ».


Des études ont démontré que le niveau de QDV était corrélé positivement à la qualité de la réinsertion du blessé médullaire [22]. La connaissance des insatisfactions et de leurs répercussions sur la QDV des patients permet de déterminer les critères physiques, psychologiques, sociofamiliaux et environnementaux [23] sur lesquels la rééducation doit influer positivement.


Selon une étude réalisée sur la qualité de vie des patients tétraplégiques, les variables qui ont un effet direct sur la qualité de vie sont [24] :





May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on patient blessé médullaire

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