3 Le patient atteint de la maladie de Parkinson
Introduction à la pathologie
DÉFINITION [1, 2]
La maladie de Parkinson idiopathique (MPI) est une affection dégénérative du système nerveux central, d’étiologie inconnue, touchant initialement les neurones dopaminergiques du locus niger.
PHYSIOPATHOLOGIE [3, 4, 5]
Dans la zone préfrontale du cortex, il y a trois entités qui permettent de construire une action volontaire. Pour qu’une action efficace ait lieu, il faut l’enchaînement harmonieux de quatre actions consécutives [6] :
L’ensemble de ces informations est contrôlé ensuite pour la régulation des mouvements dans une structure composée des ganglions de la base. Ils permettent d’initier et d’ajuster le tonus et la durée des contractions musculaires d’un programme moteur et, au repos, ils inhibent l’action. Or cette structure a pour porte d’entrée le striatum et pour porte de sortie le pallidum interne et le noyau sous-thalamique, qui subissent des inhibitions/stimulations exacerbées du fait de la maladie de Parkinson. Participant à la phase motivationnelle et décisionnelle de l’action, ils ne vont plus bien réguler les éléments moteurs permettant la réalisation proprement dite de l’action, comme la marche par exemple.
TRIADE CLINIQUE CARACTÉRISTIQUE DE LA MPI
Au début de l’évolution de la MPI, la triade est parfois incomplète, un symptôme pouvant être manquant (seulement 40 % des formes sont complètes). Certaines formes sont akinétohypertoniques et d’autres tremblantes [3]. Les signes cliniques de la MPI [7] sont les trois signes cardinaux décrits ci-après, auxquels s’asssocient d’autres troubles.
Akinésie
Elle est caractérisée par les signes suivants :
Hypertonie extrapyramidale ou hypertonie plastique
C’est l’élément le plus constant de la MPI ; elle peut demeurer longtemps isolée :
Signes associés [4, 7]
Les signes associés à la triade qui apparaissent au fur et à mesure de l’évolution de la MPI sont :
TRAITEMENTS DE LA MPI
Les traitements proposés aux patients dépendent de la symptomatologie [7, 8] :
Médicaments dopaminergiques
La thérapie cellulaire
L’utilisation de cellules souches pour suppléer à la destruction progressive des neurones dopaminergiques pourrait permettre de rétablir une transmission dopaminergique [8]. Ces traitements sont encore du domaine de la recherche.
COMPLICATIONS MOTRICES LIÉES AU TRAITEMENT
La maladie de Parkinson évolue en 3 phases [3, 8, 9] :
Le traitement « idéal » est recherché en fractionnant les posologies, associant divers médicaments, pour tenter d’obtenir l’équilibre « idéal » entre les signes de sous-dosage et ceux de surdosage en dopa.
ÉCHELLES D’ÉVALUATION
Ces échelles se répartissent de la façon suivante [4, 10] :
Échelle de Hoehn et Yahr
L’échelle de Hoehn et Yahr permet de classer la maladie en différents stades :
Au stade V, la maladie de Parkinson évolue vers la grabatisation, qui est responsable :
Échelle UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale)
Elle est divisée en 6 sections :
Elle est pratiquée dès la phase initiale de la maladie afin d’en suivre l’évolution et d’adapter le traitement. Elle est utilisable à tous les stades de la maladie, essentiellement sa section 3 et dans son ensemble en phase avancée de la maladie. Elle permet d’évaluer l’état du patient en phase on et en phase off. Les neurologues considèrent de manière empirique qu’une amélioration de plus de 30 % est cliniquement significative.
Autres échelles
RETENTISSEMENTS FONCTIONNELS [4, 11]
Ils dépendent de la présence de la symptomatologie et surtout du stade d’évolution.
Atteinte de la fonction posturale
La fonction posturale est véritablement touchée dès le stade IV :
Atteinte de la fonction gestuelle
La fonction gestuelle est perturbée par :
Atteinte de la sphère buccofaciale
Le retentissement de la MPI sur la sphère buccofaciale se traduit par :
Atteinte de la fonction oculomotrice
Le déplacement du regard se fait sans tourner la tête et le cou.
Troubles psychiques
On retrouve chez ces patients :
Complications respiratoires
Elles apparaissent en fin d’évolution de la MPI [4, 12] sous différentes formes :
Signes généraux [4]
SYNDROMES PARKINSONIENS DÉGÉNÉRATIFS
Ils se distinguent de la MPI par une faible, voire une absence de réactivité au traitement dopaminergique [3], et sont classés de la façon suivante :
Dégénérescence corticobasale (DCB)
La DCB représente 1 % des syndromes parkinsoniens et apparaît en général au cours de la sixième décennie. Il n’existe actuellement pas de critères consensuels de diagnostic. Les critères cliniques sont un syndrome parkinsonien marqué par sa rigidité, son asymétrie, sa non-réponse au traitement dopaminergique, une apraxie, des mouvements anormaux (dystonie, myoclonies), auxquels s’ajoute souvent une démence sous-corticale au cours de l’évolution.
BILAN DU PATIENT PARKINSONIEN
La prise en charge individuelle est de règle et commence par un bilan complet [4] du patient, indispensable à l’élaboration du projet thérapeutique.
DOSSIER MÉDICAL ET INTERROGATOIRE
Dossier médical
BILAN MORPHOSTATIQUE
Au début de la maladie, la statique est modifiée au niveau du rachis avec un début de cyphose dorsale. Puis les déformations orthopédiques vont s’aggraver. L’immobilité et l’exagération des réflexes de posture se trouvent associées dans un cercle vicieux où la perte des mouvements automatiques mène souvent à la raideur ou à l’ankylose articulaire [14]. Les déformations articulaires sont plus communément rencontrées dans les formes akinétohypertoniques et chez les patients dont la mobilité est réduite.
Le bilan morphostatique comprend :
BILAN FONCTIONNEL [4]
Pour commencer le bilan, on va utiliser l’échelle UPDRS III et différentes classifications.
Recherche des signes cliniques et des répercutions dans les AVQ
Bilan de l’équilibre assis et debout [15, 16]
Les troubles de l’équilibre chez le patient parkinsonien sont dominés par une perte des réactions d’équilibration et une diminution des ajustements posturaux anticipateurs [17].
► Étude de l’appui unipodal
Ce test permet de contrôler la qualité d’équilibration de chacun des membres inférieurs. Le MK calcule la durée maximale de l’appui unipodal mesurée sur trois essais.
► Scores utilisés dans le domaine de l’équilibre
Test de Tinetti [14]
Étude de la marche
Le MK va observer le patient marcher avant, pendant et après le bilan pour déterminer les caractéristiques de sa marche [15, 20].
BILAN SENSITIF ET DOULOUREUX
Bilan de la douleur
Les douleurs [4] ressenties par les patients sont fréquentes et peuvent être de plusieurs types :
Les douleurs sont, pour la plupart, soulagées par l’ajustement des médicaments antiparkinsoniens.
BILAN ARTICULAIRE ET MUSCULAIRE
BILAN RESPIRATOIRE
Les troubles respiratoires sont la conséquence secondaire de certains aspects de la MPI. Nous y reviendrons lors de la rééducation. Le patient peut présenter [4] :
BILAN DES TROUBLES ASSOCIÉS [4]
Ils peuvent être nombreux et apparaissent au fur et à mesure des stades de la pathologie :