Chapitre 5 « Oncoplastie »
Le traitement conservateur n’a cessé d’évoluer depuis plus de vingt ans.
PRISE EN CHARGE DES TUMEURS DES QUADRANTS INFÉRIEURS
Technique en « T » inversé à pédicule supérieur
Dessins préopératoires
On dessine une « serrure », dont le trou supérieur « bcd » correspond au nouvel emplacement de l’aréole, mesurant en général 5 cm à 8 cm de base (« i ») et 4 cm à 6 cm de hauteur (« j ») (figure 5.1). La partie verticale « de » ou « ab », d’au moins 5 cm, correspond en général à la zone glandulaire réséquée qui emmène la tumeur. Cette longueur « ab » va définir le degré de ptose du sein traité – des longueurs de 5 cm à 10 cm et plus vont permettre de dérouler le sein en créant la ptose. Les triangles latéraux de la résection vont jusqu’au sillon sous-mammaire à partir de ces points « a » et « e ».
Début de l’intervention
L’incision, très légère, suit le dessin préétabli, évitant de traverser le derme, afin de ne pas couper la vascularisation dermique du pédicule porte-mamelon supérieur « abcde ». Cette zone est désépidermisée, en excluant la plaque aréolomamelonnaire d’environ 4 cm à 5 cm de diamètre, qui sera ascensionnée et vascularisée sur les vaisseaux dermiques de la zone « bcd » après section des segments « ab » et « de » (figure 5.2).
On lève ensuite le pédicule porte-mamelon, d’environ 5 cm à 6 cm de large sur une épaisseur de quelques millimètres. La hauteur de la transposition de l’aréole « 0c » ne doit pas être supérieure à deux fois la largeur « bd » du lambeau portemamelon (figure 5.3).
On incise ensuite le derme dans le sillon sous-mammaire « xy » et on rejoint le tracé précédent en incisant les segments « xa » et « ye ». On décolle la glande mammaire du plan pectoral en coupant toutes les perforantes intercostales (figure 5.4). Le décollement latéral de la glande mammaire passe en souspeau en interne et en externe afin de reconstituer un volume glandulaire à base plus étroite et plus haut situé.
On commence la section glandulaire en incisant verticalement les segments « ab » et « de », en remontant jusqu’en arrière de la plaque aréolo-mamelonnaire afin de faciliter la plicature du pédicule dermique porte-mamelon (figure 5.5). On garde bien en main cette résection glandulaire afin d’obtenir de larges marges en périphérie de la tumeur.
La pièce opératoire est orientée dans les trois dimensions et elle est pesée. Même si la tumeur est proche de la peau, la tumeur sera réséquée avec la peau en regard (figure 5.6).
Remodelage glandulaire
L’aréole est repositionnée en « bcd ». Les piliers glandulaires sont rapprochés et suturés entre eux pour reconstruire un massif glandulaire à base plus étroite et plus haut situé (figure 5.7). On positionne un drain en déclive et le sillon sous-mammaire est suturé.
En cas de tumeur inféro-interne ou inféro-externe, on adaptera la résection glandulaire en fonction des besoins. Un lambeau glandulaire controlatéral sera confectionné sur le pilier opposé afin de combler le défect glandulaire (figure 5.8).
Symétrisation
Le sein controlatéral peut être symétrisé par la même technique dans le même temps opératoire (figure 5.9) ou dans un second temps en cas de doute. On s’aidera du poids de la résection du sein traité pour adapter celle du sein opposé.
Résultats
Cette intervention en « T » inversé est présentée en résumé sur les clichés de la figure 5.10. Les résultats sont montrés sur les les clichés de la figure 5.11.
Variante : technique de Thorek
En cas de gigantomastie, la remontée de la plaque aréolomamelonnaire de 15 cm ou plus sur le lambeau porte-mamelon peut être difficile à réaliser. La vascularisation de la plaque aréolo-mamelonnaire est alors plus aléatoire, avec un risque de souffrance voire de nécrose d’une partie ou de la totalité de l’aréole et du mamelon. Dans ce cas, on peut réaliser une « ablation » de la plaque aréolo-mamelonnaire (figure 5.12a) comme une greffe de peau mince (quelques millimètres) et la reposer en greffe sur une zone receveuse désépidermisée après résection en « T » inversé de la glande des quadrants inférieurs (figure 5.12b).
Après repositionnement de l’aréole sur la zone désépidermisée, une suture en périphérie est réalisée; quelques microincisions sont pratiquées dans la greffe afin d’évacuer des sécrétions et améliorer le contact du derme et de la greffe. Un pansement compressif est positionné (bourdonnet), afin de favoriser le contact greffe-zone désépidermisée (figure 5.12c).
Cette intervention est dénommée « technique de Thorek ». Elle est montrée en figure 5.13. Les résultats sont présentés sur les photographies de la figure 5.14.
Technique verticale pure à pédicule supérieur
Cette intervention dérive de la précédente, seuls les triangles cutanés n’étant pas effectués.
Dessins préopératoires
Pour la partie supérieure, les dessins préopératoires sont identiques à ceux de la technique en « T » inversé à pédicule supérieur : une « serrure » dont le trou supérieur « bcd » correspond au nouvel emplacement de l’aréole et qui mesure en général 5 cm à 8 cm de base et 4 cm à 6 cm de hauteur. La partie verticale, d’au moins 6 cm, correspond en général à la zone glandulaire réséquée qui emmène la tumeur. Les deux verticales latérales « az » et « ez » se rejoignent en inférieur au point « z » situé le plus souvent 1 cm ou 2 cm au-dessus du sillon sous-mammaire (figure 5.15). Cette longueur « zb » va définir le degré de ptose du sein traité, avec des longueurs de 5 cm à 10 cm qui vont permettre de dérouler le sein en créant la ptose.
Début de l’intervention
On décolle ensuite la glande mammaire du plan pectoral en coupant toutes les perforantes intercostales (figure 5.16).
En cas de tumeur légèrement interne, on pourra confectionner un petit lambeau glandulaire désépidermisé qui viendra combler par rotation la zone de tumorectomie large (figure 5.17).
Remodelage glandulaire
Fermeture cutanée verticale en fronçant légèrement la suture afin de réduire le segment III.
Un drain est positionné dans la région déclive du sillon sousmammaire.
Symétrisation
Le sein controlatéral peut être symétrisé par la même technique dans le même temps opératoire ou dans un second temps en cas de doute (figure 5.18). On s’aidera du poids de la résection du sein traité pour adapter celle du sein opposé.
Technique en « J » à pédicule supérieur
Il ne s’agit en fait que d’une technique verticale avec un trait de refend en virgule dirigé vers l’extérieur. Cette technique reprend trait pour trait tous les temps opératoires des techniques verticales en permettant un meilleur remodelage cutané. Cette technique est particulièrement adaptée aux tumeurs inféroexternes sur sein légèrement ptosé (figures 5.21 et 5.22).
5.21 Technique en « J » à pédicule supérieur : dessin préopératoire en « virgule » et désépidermisation.
Un lambeau glandulaire peut également être confectionné (figure 5.23).
Le sein controlatéral peut être symétrisé par la même technique dans le même temps opératoire ou dans un second temps en cas de doute (figure 5.24). On s’aidera du poids de la résection du sein traité pour adapter celle du sein opposé.
La technique en « J » est présentée par les photographies de la figure 5.25.
Technique en « L » à pédicule supérieur
Peu différente des autres techniques verticales, la technique en « L » est en fait une technique en « T » inversé avec une seule branche inférieure horizontale externe. Elle permet de limiter les cicatrices en interne et de traiter les tumeurs plus externes (figure 5.26a).
Le sein controlatéral peut être symétrisé par la même technique dans le même temps opératoire ou dans un second temps en cas de doute (figure 5.26b). On s’aidera du poids de la résection du sein traité pour adapter celle du sein opposé.
PRISE EN CHARGE DES TUMEURS DES QUADRANTS EXTERNES
Technique externe
Dessins préopératoires
Les dessins préopératoires reprennent le principe de la « serrure » des techniques verticales. L’aréole sera transposée en haut et en dehors dans l’orifice du trou de serrure « bcd ». La base est d’environ 6 cm à 8 cm et la hauteur de 4 cm à 5 cm. La tumeur – surtout si elle est proche de la peau entrera dans la résection latérale à branche horizontale « ab » et « de ». Ces deux branches se terminent en externe en pointe sur le point « z » (figure 5.27).
Début de l’intervention
L’incision suivant le dessin préétabli est très légère, évitant de traverser le derme, afin de ne pas couper la vascularisation dermique du pédicule porte-mamelon supérieur « abcde ». Cette zone est désépidermisée, en excluant la plaque aréolo-mamelonnaire, d’environ 4 cm à 5 cm de diamètre, qui sera déplacée en haut et en dehors. Elle reste vascularisée sur les vaisseaux dermiques de la zone « bcd » après section des segments « ab » et « de » (figure 5.28).
5.28 Technique externe : ablation au large de la tumeur et décollement de la glande mammaire du pectoral.
On incise « zab » et « zed », puis la section glandulaire, en incisant verticalement les segments « abz » et « dez », remonte jusqu’en arrière de la plaque aréolo-mamelonnaire afin de faciliter la plicature du pédicule dermique porte-mamelon si nécessaire (figure 5.28).
On décolle la glande mammaire du plan pectoral en coupant certaines perforantes intercostales.
Remodelage glandulaire
L’aréole est repositionnée en « bcd ». Les piliers glandulaires sont rapprochés et suturés entre eux pour reconstruire un massif glandulaire à base plus étroite et plus haut situé (figure 5.29).
La fermeture cutanée est directe; un drain est positionné dans la région postérieure.
Symétrisation
Le sein controlatéral peut être symétrisé par la même technique ou par une technique verticale, dans le même temps opératoire ou dans un second temps en cas de doute (figure 5.30). On s’aidera du poids de la résection du sein traité pour adapter celle du sein opposé.