23. Méthodes D’Étude des Médicaments Psychotropes
Trois grands groupes de méthodes sont à considérer:
– les méthodes de tri;
– les méthodes spéciales;
– les méthodes de différenciation.
MÉTHODES DE TRI
On distingue les méthodes de comportement global et les méthodes de comportement conflictuel.
Comportement global
Dans les méthodes de comportement global on apprécie l’activité spontanée, l’activité de curiosité, l’agilité et les réflexes d’équilibre. Après administration intrapéritonéale ou intraveineuse, on observe l’animal (souris le plus souvent) et on cherche à systématiser et à quantifier les observations. On note l’apparition du phénomène de Straub (redressement de la queue, preuve d’une stimulation médullaire), les tremblements, les sauts, la démarche raide, l’immobilité, l’assoupissement, etc.
Activité spontanée
L’activité spontanée est enregistrée par différents systèmes appelés actographes. Placée dans une enceinte nouvelle, la souris naïve inspecte son espace et ses déplacements sont notés.
Un second appareil est fait d’une cage en forme de roue d’écureuil dont les révolutions sont comptées par un totalisateur.
Un troisième système est constitué par des cages aux parois transparentes, traversées par deux faisceaux lumineux qui se croisent à angle droit et qui stimulent chacun une cellule photoélectrique. À chaque déplacement de l’animal, les faisceaux sont interrompus; un totalisateur enregistre le nombre d’interruptions des faisceaux lumineux.
Les animaux ayant reçu des psychostimulants auront une activité spontanée plus élevée que les témoins. Les animaux soumis à des psychodépresseurs manifesteront une activité plus réduite que celle des témoins.
Curiosité
L’analyse de l’activité spontanée est insuffisante à caractériser un type de psychotrope. Pour approfondir l’analyse comportementale on a proposé l’open-field, la planche à trous, le test de l’évasion.
L’open-field est un espace clos éclairé de façon homogène dont la surface est plus vaste que l’habitat normal de l’animal. Il est constitué d’un cylindre dont la paroi est peinte en noir et dont la section est divisée en secteurs peints alternativement en blanc et en noir. La souris explore l’espace mi-obscur et l’on note pendant un certain temps chaque traversée de secteur. Cette situation est légèrement anxiogène.
La planche à trous a été proposée par Boissier. On place une souris sur une planche comportant quatre rangées de cinq trous. On dénombre pendant cinq minutes les trous vers lesquels se dirige la souris et dans lesquels elle engage la tête.
Le test de l’évasion consiste à placer une souris dans une boîte rectangulaire munie d’un plan incliné. La souris cherchera à s’échapper de la boîte à l’aide du plan incliné sur lequel est tracée une limite. On note le nombre de franchissements de cette limite par la souris en cinq minutes.
Les tranquillisants et les neuroleptiques réduisent les activités de curiosité des souris.
Équilibre
On évalue l’action de l’agent psychotrope sur les réflexes de posture et sur la coordination des mouvements.
Le test de la traction proposé par Julou et Courvoisier consiste à présenter à une souris une tige métallique maintenue horizontalement par une double potence. La souris s’agrippe par un membre antérieur à la tige et par un rétablissement se retrouve en équilibre sur la tige en moins de cinq secondes. Sous l’action d’un tranquillisant ou d’un neuroleptique, la souris ne peut effectuer le rétablissement, elle lâche la tige et tombe. On mesure le temps au bout duquel l’animal tombe. Par ce test on apprécie l’effet asthéniant du médicament psychotrope.
Le test de la cheminée consiste à placer une souris dans un tube en plexiglas, la tête en bas. Le diamètre du tube est tel que la souris ne peut se retourner. Pour se dégager du tube, la souris se déplace à reculons. Sous psychodépresseur, la souris n’est pas capable de se libérer et reste prisonnière du tube. Ce test met en évidence une incapacitation mixte: l’effet peut être dû à une curarisation, à un myorelâchement médullaire, à une catatonie, à un assoupissement.
Comportement conflictuel
Certains psychotropes agissent sur le rhinencéphale et le système limbique. On recherche des tests qui mettent en jeu ces structures et permettent d’apprécier les modifications de l’agressivité et les modifications de l’anxiété.
Agressivité
Le test de la bataille électrique consiste à placer deux souris ou deux rats dans une enceinte étroite au plancher grillagé parcouru par un courant électrique. Sous l’influence du stimulus nociceptif les deux rongeurs se dressent et s’affrontent dans une position de boxeurs. Ils s’attaquent mutuellement. Les tranquillisants empêchent les rats ou les souris de prendre l’attitude du boxeur quoiqu’ils continuent à ressentir le stimulus électrique: ils tressaillent au passage du courant.