19. Médecine comportementale
Ce chapitre ne prétend pas traiter exhaustivement le problème des applications des TCC en médecine, mais simplement indiquer les principales tendances, en mettant plus spécifiquement l’accent sur l’alcoolisme, les toxicomanies et l’hypochondrie.
Le champ de la médecine comportementale
L’information sur les facteurs de santé et de maladie est tellement diffusée que la persistance de certains comportements peut s’expliquer par le déni individuel ou culturel, ou le fait que les conséquences nocives à long terme sont si lointaines que le sujet préfère une satisfaction immédiate. Des actions de promotion de la santé ont été entreprises par les pouvoirs publics avec des succès divers.
Qu’il s’agisse des maladies cardiaques et vasculaires, du cancer du poumon, du sida, des accidents de la route, de l’alcoolisme et de ses conséquences, ou des tentatives de suicide, la prévention passe par le changement des attitudes et des comportements facteurs de risque. En outre, toute maladie présente des composantes psychologiques, antécédents ou conséquences des troubles physiques.
La médecine comportementale s’est développée vers la fin des années 1970. Elle cherche à intégrer les facteurs biologiques, les facteurs psychologiques individuels et les facteurs sociaux pour comprendre le déclenchement et le maintien des maladies physiques (Schwartz et Weiss, 1978). Elle propose un modèle biopsychosocial de la santé et de la maladie. Plusieurs domaines peuvent ainsi être abordés à travers un modèle général d’intervention.
Méthodes spécifiques de médecine comportementale
Schème comportemental de type A
Décrit par Osler au début du siècle, et étudié de manière systématique par Friedman et Rosenman (1974), ce type particulier de personnalité a été investigué ces dernières années. Les résultats des travaux de prévention des rechutes d’accidents coronariens semblent positifs. Ce schème comportemental, caractérisé par la hâte, l’impatience, la compétitivité, l’hostilité et la volonté d’avoir, dans un minimum de temps, un maximum de choses mal définies, peut être modifié. Plusieurs programmes ont été proposés et leur efficacité dans la prévention des rechutes est établie (Friedman et al., 1984). Ils combinent en général la relaxation sur indices corporels après une phase d’auto-observation et la modification du style de vie. La thérapie cognitive est mise en œuvre de façon à modifier les postulats concernant la réussite sociale et ses nécessités, ainsi qu’à promouvoir des choix de buts de vie différents. L’hostilité qui est la variable la mieux corrélée avec les accidents coronariens peut être modifiée par le jeu de rôle et l’apprentissage de la gestion des situations stressantes.
Tabagisme
Les résultats sont souvent faibles et se limitent à 20 % de sujets abstinents au-delà d’un an après les traitements, dans les études de suivi (Cottraux et al., 1983). Néanmoins, certaines études semblent apporter de meilleurs résultats, en particulier un programme proposé par Tongas (1978). Il s’agit d’une combinaison de trois techniques :
• fumerie rapide dans une ambiance enfumée avec une soufflerie d’air chaud. Le sujet tire une bouffée toutes les trois secondes ou inhale la fumée toutes les six secondes. Cinq séances sont faites en cinq jours, puis cinq séances en un mois (dix-neuf séances sur un an) ;
• sensibilisation interne avec six scènes aversives, six scènes d’échappement et trois scènes de renforcement positif pour ne pas fumer. Les scènes sont répétées à domicile ;
• thérapie de groupe. Elle consiste à exprimer ses sentiments vis-à-vis de l’arrêt du tabagisme, à renforcer le succès en groupe, à ignorer les échecs et à avoir un contact téléphonique quotidien avec deux membres du groupe (cinq séances).
Ce programme, qui dure en réalité un an, a un taux de réussite de 62 % deux ans après son début. Il peut être impossible de l’appliquer chez des sujets présentant des conséquences cardiaques ou pulmonaires trop importantes de leur tabagisme.
Alcoolisme
Les cures de dégoût ont représenté une des premières applications des thérapies comportementales. Elles sont fondées sur un conditionnement pavlovien aversif par l’apomorphine ou l’Espéral®. Actuellement, la validité théorique et pratique de l’aversion dans le traitement de l’alcoolisme a été très fortement mise en doute par les comportementalistes eux-mêmes (Wilson, 1987). Le conditionnement opérant peut représenter une explication dans la mesure où il met en évidence que l’alcool réduit l’anxiété sociale dans un premier temps : il y a création d’une expérience satisfaisante, véritable lune de miel avec le toxique. Cet effet anxiolytique en deux temps serait recherché par 90 % des alcooliques. Dans un deuxième temps, le sujet se trouve renforcé à prendre de l’alcool et à augmenter les doses pour éviter la situation aversive que représente le sevrage et ses symptômes physiques d’angoisse. Une vue plus globale de l’alcoolisme et de son traitement, reposant sur les principes de l’apprentissage social, a permis de montrer l’intérêt de programmes multimodaux. En effet, les alcooliques résistent mal aux frustrations, présentent des angoisses interpersonnelles et un déficit des compétences sociales, ce qui les conduit à résoudre leurs difficultés par l’alcool. Les programmes multimodaux associent la relaxation, la sensibilisation interne, la thérapie conjugale et familiale, le développement des compétences sociales et de l’affirmation de soi pour apprendre à réduire l’anxiété sociale autrement que par l’alcool. L’un des buts est aussi le développement des capacités à résister aux pressions d’un milieu social qui pousse à la boisson. Les méthodes cognitives chercheront à modifier les postulats irrationnels concernant la boisson, sa signification virile ou ses bienfaits. Le but du traitement peut être soit l’abstinence totale et définitive, soit la boisson contrôlée. Ce dernier but, quoique très discuté dans son principe, présente un intérêt chez le buveur excessif social, qui ne présente pas de troubles psychiatriques importants. Un buveur qui présente des troubles psychiatriques importants devra viser une abstinence totale. Enfin, il faut ajouter, aux programmes de sevrage et de traitement des problèmes psychologiques et sociologiques, des programmes de prévention de rechutes, sous forme de groupes thérapeutiques ou d’association d’anciens buveurs.
Programme de développement de la motivation à l’abstinence alcoolique : un guide pratique
Les méthodes d’accroissement de la motivation ont également été étudiées dans la cessation de l’alcoolisme. Ces méthodes se servent du modèle motivationnel de Prochaska et Di Clemente (1986) que nous avons envisagé au chapitre 1 de cet ouvrage ; il a été appliqué par Miller et al. (1999) sous la forme d’un manuel pratique qui a été testé et dont nous donnons les lignes directrices pratiques.
Étapes du changement
La thérapie de développement de la motivation se fonde sur les processus naturels de guérison. Le modèle de Prochaska et Di Clemente identifie six étapes.
1 Les personnes qui n’envisagent pas de changement à leur problème sont décrites comme des précontemplateurs.
2 L’étape de contemplation commence quand l’individu considère, à la fois qu’il a un problème et qu’il y a à prendre en compte la faisabilité et les coûts du changement pour ce comportement.
4 Une fois que les individus ont commencé à modifier le comportement problème, ils sont dans le stade de l’action qui normalement continue durant trois à six mois.
5 Après avoir passé avec succès la phase d’action, les individus vont ensuite prendre l’étape du maintien, autrement dit du changement soutenu.
6 Si l’ensemble de ces efforts échoue, on entre, à ce moment, dans un stade de rechute et l’individu peut rentrer dans un nouveau cycle.
La relation thérapeutique
La tâche du thérapeute est simplement de créer des conditions qui vont augmenter la motivation et l’adhésion constante au changement du patient. Le thérapeute va chercher à mobiliser les ressources intérieures ainsi que celles qui peuvent se trouver dans les relations naturelles du patient.
Pour ce faire, cinq principes d’accroissement de la motivation vont se retrouver mis en jeu (Miller et al., 1999). Ils ont été étudiés pour les personnes souffrant d’addictions, en particulier d’alcoolisme, mais peuvent s’appliquer à toute tentative d’aide au changement.
Exprimer de l’empathie
Le thérapeute cherche à communiquer avec le patient avec respect, il n’y a pas de relation de supérieur à inférieur. Le thérapeute est à la fois un compagnon qui soutient et un consultant. La liberté de choix et de direction personnelle est respectée. De ce point de vue, seul le patient peut décider de changer. Le thérapeute utilise plutôt les compliments et le renforcement positif que le dénigrement. Une grande partie de cette thérapie consiste à écouter plutôt qu’à dire, la persuasion est souple avec toujours l’hypothèse de base que le changement est la décision du patient.
Développer les dissonances (ou contradictions)
La motivation pour le changement a lieu quand les personnes perçoivent une contradiction entre le point où ils sont et le point où ils voudraient être. La thérapie va, à ce moment-là, focaliser l’attention du patient sur de telles contradictions en ce qui concerne la boisson. Dans beaucoup de cas, il faudra développer la conscience du patient vis-à-vis des conséquences de la boisson. De telles informations présentées de manière adéquate peuvent précipiter une crise, déclenchant par sa masse critique la motivation au changement. Le résultat est que l’individu sera plus capable d’entrer dans une discussion pour réduire cette contradiction et retrouver un équilibre émotionnel.
Éviter la controverse
Une attaque irréaliste, si l’on se place du point de vue du patient, sur un comportement que l’on veut trop vite modifier, tend à accroître les défenses et l’opposition et suggère au patient que le thérapeute ne le comprend pas. Il ne s’agit pas de convaincre par la force ou de prouver. Quand la thérapie est conduite adéquatement, c’est le client et non pas le thérapeute qui va énoncer les arguments du changement.
« Rouler » avec la résistance
L’ambivalence est considérée comme normale, elle est explorée de façon ouverte. Il ne s’agit pas de s’opposer à la résistance ou de l’attaquer, mais d’utiliser son énergie de façon à modifier la perception du patient dans ce processus.
Soutenir le sens personnel de l’efficacité
Le principe dérive de Bandura (1977) qui a décrit l’efficacité personnelle comme une détermination critique des comportements (voir chapitres 3 et 5). L’efficacité personnelle est la croyance que l’on peut réaliser un comportement particulier ou accomplir une tâche particulière. De ce point de vue, le patient doit être persuadé qu’il est possible de changer son comportement et de ce fait, réduire les problèmes qui y sont associés. Dans la langue de tous les jours, c’est l’espoir ou l’optimisme. Il ne s’agit pas d’un optimisme global mais plutôt d’un optimisme tout à fait spécifique qui est la croyance des patients de pouvoir changer le problème pour lequel ils consultent. Si cet élément n’est pas présent, il peut se développer une attitude défensive destinée à faire face à l’inconfort sans changer le comportement.
D’un point de vue pratique, on peut organiser la prise en charge motivationnelle de la manière suivante :
Organisation des séances de développement de la motivation
Préparation de la première séance
1 Les patients reçoivent une batterie d’évaluations psychométriques.
2 La présence d’une personne importante de l’entourage est demandée.
3 Le patient doit arriver sobre à la séance, un test alcoolométrique sera administré et, en cas de prise importante d’alcool, on envisagera un autre rendez-vous.
4 Présenter les limites et les bases du traitement. L’énoncé qui semble le plus adapté est le suivant : « Je vais vous expliquer d’emblée que je ne suis pas là pour vous changer. Je pense que je peux vous aider à penser votre situation présente et considérer que s’il y a un changement, c’est vous qui allez le faire. Personne ne peut vous dire ce qu’il faut faire. Personne ne peut vous obliger à changer. Je vais vous donner un ensemble d’informations à votre sujet et peut-être certains conseils, mais ce que vous allez faire après nos quatre séances ensemble dépend essentiellement de vous. Je ne pourrais vous changer si je désirais le faire, la seule personne qui peut décider si et comment vous allez changer est vous. Qu’en pensez-vous ? »
5 Après cette introduction, on va mettre en place les énoncés motivationnels, écouter avec empathie, soutenir le patient, faire face à la résistance et recadrer.
Lorsque le thérapeute se rend compte qu’ont été mis à jour les thèmes majeurs et les préoccupations du patient, il va effectuer un résumé et donner une copie du feedback personnel qu’on utilisera pour la séance suivante. Le thérapeute demandera à la fin ce qu’il pense de tout ce qui a été élaboré dans cette séance, des idées et des plans pour ce qui pourrait être une première tentative de résolution du problème sont abordés. De même, on peut, à ce stade, aller vers une décision et une adhésion au changement. À ce moment-là, on peut écrire le plan de changement qui est sur la fiche. Il faut toujours terminer la première séance en résumant ce qui a été mis à jour et si possible, reprendre les énoncés motivationnels et recentrer sur les processus de changement. À la fin de cette séance, il faut préparer une note écrite qui sera postée au client.
Plusieurs éléments peuvent être inclus dans cette lettre : un message positif de la part du thérapeute – « J’ai été content de vous voir, je suis content que nous ayons pu parler ensemble » –, affirmer ou soutenir le patient et la personne de l’entourage, reformuler le caractère sérieux du problème, faire un résumé des points principaux de la première séance, en particulier les énoncés motivationnels qui ont pu émerger, effectuer un énoncé d’optimisme et d’espoir et effectuer un rappel de la prochaine séance.
Deuxième séance
Elle est programmée une à deux semaines après la première et, à ce moment-là, le plan et le feedback sont rediscutés et récapitulés. Si une décision de changement a été effectuée, il faut la discuter. Il faut remercier la personne ou l’épouse qui est venue avec le (ou la) patient(e). L’engagement de la personne de l’entourage ne doit pas dépasser deux séances.
Séances 3 et 4
Elles sont programmées pour les semaines 6 et 12 respectivement. Ce sont des séances de rappel destinées à renforcer la motivation qui s’est initiée dans les premières séances. Le thérapeute n’offre pas de développement des compétences, ne fait pas de prescription et n’indique pas un cours spécifique à prendre. Les mêmes principes motivationnels sont appliqués tout au long de la thérapie et les stratégies de suivi sont : revoir les progrès, renouveler la motivation et réenvisager une décision d’engagement dans le changement.
Les séances 3 et 4 n’impliquent pas forcément la présence d’une personne de l’entourage, sauf si la personne de l’entourage n’a pas déjà assisté à deux séances. Il faut recommencer chaque séance en récapitulant ce qui est apparu dans les séances précédentes et revoir ce qui a été accompli pendant leur déroulement. Il faut terminer chaque séance avec un résumé du point où le client se situe à présent et mettre à jour la perception du patient sur les étapes qui devraient être envisagées par la suite.
Le plan de changement peut être revu, révisé et réécrit. Durant ces séances, il faut faire attention aux faits que l’ambivalence a bien été résolue et que la décision et l’engagement sont fermes. Néanmoins, il est plus raisonnable de considérer que le patient est toujours ambivalent et de continuer à utiliser des stratégies qui construisent la motivation. Il faut avoir un sens tout à fait clair de la continuité.
Les quatre séances doivent être présentées comme des consultations progressives destinées à construire la motivation et à renforcer l’adhésion ; les séances suivantes sont des vérifications des progrès.
Dans les séances 3 et 4, deux types de situation doivent être explorés : les situations dans lesquelles le patient boit et celles dans lesquelles il ne boit pas.
Fin
Elle doit être discutée vers la fin de la quatrième séance et le résumé final doit inclure les éléments suivants :
• revoir les facteurs les plus importants de motivation du patient pour le changement et confirmer à nouveau ses thèmes automotivationnels ;
• résumer l’engagement et les changements qui ont été effectués jusqu’à présent, confirmer et renforcer le patient pour ses décisions et les changements qui ont été faits ;
• explorer un certain nombre de zones additionnelles de changement que le patient veut accomplir dans le futur ;
• mettre au jour des énoncés automotivationnels pour le maintien du changement et pour des changements ultérieurs ;
• soutenir le sens de l’efficacité personnelle du patient en soulignant ses capacités au changement ;
• aider à résoudre tous les problèmes qui sont évidents et apportés dans la séance ;
• rappeler au patient les séances de suivi en disant qu’elles sont un point important du programme et peuvent être utiles à maintenir le changement.
L’insatisfaction
En cas d’insatisfaction, plusieurs situations peuvent se rencontrer. Le patient peut être réservé vis-à-vis d’une approche qu’il n’a pas essayée. Typiquement, dans les études contrôlées où il y a des traitements multiples, il est adapté d’assurer au patient que tous les traitements de l’étude vont réussir de manière égale.
Si le patient exprime des réserves après deux ou trois séances, il faut envisager qu’il y ait possiblement d’autres développements. Si de nouveaux problèmes sont apparus, il faut les mettre à jour. Si le problème alcoolique du patient s’est amélioré, mais que de nouveaux problèmes qui n’étaient pas identifiés auparavant sont apparus, ces derniers peuvent être discutés. Une autre possibilité est que d’autres personnes sont en train de presser le patient à se traiter, et il faut voir en quoi ce problème peut être négatif.
Les rendez-vous manqués
Quand un patient a manqué un rendez-vous, il faut immédiatement répondre. Il faut d’abord essayer d’atteindre le patient par téléphone et envisager les points suivants :
• clarifier les raisons du rendez-vous manqué ;
• soutenir le patient et le renforcer à venir ;
• exprimer votre intérêt à voir le patient à nouveau ;
• mentionner brièvement les préoccupations qui ont émergé et le fait que vous approuvez que le patient les explore ;
• exprimer votre optimisme au sujet des perspectives de changements et redonner un rendez-vous.
Si aucune explication vraisemblable n’est donnée pour le rendez-vous manqué, il faut explorer les points suivants :
• est-il certain qu’un traitement est nécessaire ?
• l’ambivalence vis-à-vis du changement ;
• la frustration et la colère au sujet de participer à un traitement.
Il faut manier de telles préoccupations en phase avec la thérapie, c’est-à-dire écouter, recadrer et aider le patient à exprimer ses propres préoccupations.
Une lettre avec les points essentiels qui ont été envisagés au téléphone doit être envoyée.
La consultation téléphonique : de grande importance
Un certain nombre de patients va contacter par téléphone une personne de leur entourage. Il faut que ces contacts soient brefs plutôt que de donner des séances additionnelles par téléphone ; les consultations téléphoniques doivent être en phase avec les procédures centrales de la thérapie de développement de la motivation, et des techniques spécifiques de changement ne seront pas prescrites. Il faut plutôt souligner l’importance de l’expression et de la réflexion.
Interventions de crise
Si à n’importe quel moment, selon l’opinion du thérapeute, le bien-être et la sécurité du patient ou d’une autre personne sont menacés, il faut intervenir et de manière appropriée pour le protéger, lui ou les autres.
Toxicomanie
La contribution des thérapies comportementales des addictions s’est effectuée dans deux directions principales ces dernières années : le développement de modèles psychobiologiques et d’interventions psychosociales dont les effets ont été testés. On peut aussi y appliquer le modèle motivationnel que nous venons de voir en détail, mais ce sont les thérapies comportementales et cognitives très structurées qui émergent de la recherche de ces dix dernières années.
Développement des modèles psychobiologiques
Des mécanismes de conditionnement dont la base anatomophysiologique serait le système limbique ont été mis en évidence. Le plaisir et la réduction de tension procurée par les drogues (réponse inconditionnelle) aboutiraient dans un deuxième temps à la dépression liée à l’abstinence et au besoin. La prise de drogue s’autorenforce du fait d’un effet biochimique particulier. Secondairement, les signaux associés à la prise de drogue : seringue, musique, groupe, lieux, etc., deviendraient des stimuli conditionnels déclenchant le besoin. Par la suite, un état affectif négatif pourrait aussi représenter, à lui seul, un stimulus conditionnel qui déclencherait la prise de drogue (réponse conditionnelle). Le neuromédiateur impliqué serait principalement, mais non exclusivement, la dopamine, que l’on décrit volontiers comme le neuromédiateur de la recherche de sensations. Les circuits neuronaux qui sous-tendent les conditionnements sont maintenant mieux connus. Une série de travaux effectués chez l’animal, ces dernières années, a proposé un modèle fondé sur les effets conditionnés de la drogue. Une inactivation de la partie basale et latérale du noyau amygdalien interrompt les associations entre les effets de l’environnement et le déclenchement de prise de drogue (Markou et al., 1993).

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Full access? Get Clinical Tree


