SINUSITE MAXILLAIRE AIGUË (1)
Définition
• Physiopathologie : 2 mécanismes sont possibles :
• Germes : Haemophilus influenzae (40 %), pneumocoque, Moraxella catarrhalis puis autres streptocoques et staphylocoque doré. Germes anaérobies en cas d’origine dentaire.
Diagnostic
• Radiographies de sinus (Blondeau, face haute, profil) indiquées seulement en cas de doute diagnostique ou en cas d’échec d’une première antibiothérapie. Le scanner des sinus est pratiqué seulement en cas de complications.
• Recherche d’un foyer infectieux dentaire : radiographie panoramique dentaire, consultation stomatologie.
SINUSITE MAXILLAIRE AIGUË (2)
Traitement
• Antalgique et antipyrétique : antalgiques de classe I (paracétamol) ou de classe II : paracétamol + codéine (EFFERALGAN CODÉINÉ), 2 cp. 500 mg × 3/j.
• Désinfection rhino-pharyngée × 4 à 6/j par sérum physiologique pendant 10 j.
• Décongestionnant nasal (vasoconstricteur, antibiotique et corticoïde) par voie nasale (DÉTURGYLONE) × 3/j pendant 5 j :
• Antibiothérapie : elle n’est pas indiquée d’emblée lorsque les symptômes rhinologiques sont bilatéraux, d’intensité moyenne, survenant dans un contexte épidémique et que la réévaluation des symptômes est possible en cas d’aggravation. Elle est indiquée en cas d’échec du traitement symptomatique, de suspicion de sinusite maxillaire d’origine dentaire ou de complication.
• Corticothérapie : sous couvert d’une antibiothérapie, elle est réservée aux formes hyperalgiques : prednisolone, SOLUPRED cp. à 5 ou 20 mg à la dose de 1 mg/kg/j le matin pendant 5 j.
• Traitement des foyers infectieux dentaires : extraction, traitement canalaire.
Complications aiguës
• Sinusite maxillaire bloquée (empyème sinusien).
• Pansinusite (maxillo-ethmoïdo-frontale).
• Cellulite orbitaire (du stade initial de cellulite pré-septale à l’abcès orbitaire) et thrombophlébite du sinus caverneux.
• CAT : hospitalisation, scanner des sinus et antibiothérapie probabiliste par voie parentérale après prélèvement bactériologique (prélèvement local : ponction de sinus et drain de sinus, hémocultures), si nécessaire, drainage sinusien (sous anesthésie locale par rétraction muqueuse du méat ou sous anesthésie générale).
SINUSITE CHRONIQUE
Définition
• C’est une inflammation sinusienne persistant plus de 3 mois.
• Physiopathologie : la topographie des lésions guide le diagnostic étiologique et le traitement.
Diagnostic clinique et radiologique
• Sinusites indolores en dehors des poussées de réchauffement mais sensations de pesanteur faciale sus- et inter-orbitaires dans les sinusites frontales et orbitonasales et dans les sinusites ethmoïdales.
• Rhinorrhée chronique surtout postérieure d’où irritation pharyngée avec hémage (raclage de gorge), irritation laryngée avec dysphonie et bronchique avec toux.
• Obstruction nasale et troubles de l’odorat.
• Endoscopie nasale : muqueuse inflammatoire, pus aux méats, polypes, anomalies architecturales.
• Scanner des sinus : diagnostic positif, topographie des sinus atteints, orientation étiologique. Les radiographies de sinus (Blondeau et nez-front-plaque) sont inutiles.
Sinusite d’origine dentaire
• Rhinorrhée fétide à prédominance unilatérale.
• Antécédents d’infection dentaire ou de soins sur les prémolaires ou les molaires supérieures.
• Bilan : examen stomatologique et panoramique dentaire et clichés rétroalvéolaires :
• Traitement de la dent causale +++++
• Antibiothérapie : voie orale, active sur staphylocoque, streptocoque, Haemophilus, anaérobies, type amoxicilline + acide clavulanique (AUGMENTIN), 2 cp. 500 mg × 2/j pendant 10 j.
• Vasoconstricteurs + antibiotiques + corticoïdes par voie nasale : naphazoline + phényléphrine + cétrimide + prednisolone (DERINOX), 1 pulv./narine × 3/j pendant 5 j.
• Lavage des fosses nasales 3 fois/j : sérum physiologique.
• Corticothérapie orale : prednisolone (SOLUPRED), 1 mg/kg/j pendant 7 j en 1 prise.
• En cas d’échec : drainage par chirurgie endonasale sous guidage endoscopique de type méatotomie moyenne ± infundibulectomie.
• En cas de corps étranger ou aspergillose : extraction par voie endonasale endoscopique.
Pansinusite : polypose nasosinusienne
Le traitement est d’abord médical :
– cures répétées de 10 j d’antibiotiques et de corticoïdes parvoie orale;
– corticothérapie locale prolongée : mométasone fuorate (NASONEX 50 μg) 2 pulv./narine 2 fois par jour ou budésonide (RHINOCORT 64 μg) 2 pulv./narine/j le matin;
– lavage fosses nasales 3 à 6 fois/j : PHYSIOMER, STÉRIMAR ou sérum physiologique dosettes;
– traitement chirurgical : en cas d’échec ou de récidives fréquentes : évidement ethmoïdo-fronto-maxillaire ± sphénoïdal par chirurgie endonasale sous guidage endoscopique.
ANGINE NON COMPLIQUÉE (1)
Définitions [1]
50 à 90 % des angines sont d’origine virale.
Étiologies
• L’étiologie virale prédomine (70 %). Il s’agit des Herpesvirus (herpes simplex, Epstein-Barr, cytomégalovirus), des adénovirus, et des entérovirus (Coxsackie A et B).
• Toute angine érythémateuse ou érythémato-pultacée doit être considérée comme streptococcique et de ce fait doit faire pratiquer un test de détection rapide (TDR) à la recherche du streptocoque β-hémolytique du groupe A (SGA). Seuls les patients atteints d’angine à SGA sont justiciables d’un traitement antibiotique.
Un TDR positif justifie la prescription d’antibiotique.
ANGINE NON COMPLIQUÉE (2)
Traitement
Antibiothérapie par voie orale [1]
• Les traitements antibiotiques courts validés par l’AMM sont à privilégier.
La pénicilline V pendant 10 j était le traitement de référence de l’angine.
Actuellement, le traitement repose sur une pénicilline A, éventuellement sur une céphalosporine :
• érythromycine ÉRYTHROCINE, A. : 2 à 3 g/j, E. : 50 mg/kg/j en 3 prises pendant 10 j;
Traitement symptomatique
Prescription des antibiotiques en pratique courante : infections ORL et respiratoires
1. Il n’y a pas lieu d’utiliser une association aminopénicilline – inhibiteur des β-lactamases.
2. Il n’y a pas lieu d’utiliser les fluoroquinolones systémiques.
3. Il n’y a pas lieu d’instaurer un traitement par corticoïdes en association à l’antibiothérapie générale, sauf urgence, dans les situations où un œdème inflammatoire peut mettre une fonction vitale en danger.
4. Il n’y a pas lieu d’instaurer un traitement par AINS à dose anti-inflammatoire en association à l’antibiothérapie générale, sauf composante inflammatoire importante. L’aspirine et les AINS antalgiques et antipyrétiques (à faible posologie) ne sont pas concernés.
ANGINE NON COMPLIQUÉE (3)
Prise en charge de l’angine [1]
Score de Mac Isaac à utiliser chez l’adulte
Fièvre > 38°C | = 1 |
Absence de toux | = 1 |
Adénopathies cervicales sensibles | = 1 |
Atteinte amygdalienne | = 1 |
Âge : 15 à 44 ans | = 0 |
Âge : > 44 ans | = −1 |
Facteur de risque de RAA
• Antécédent personnel de RAA.
• Âge entre 5 et 25 ans associé à la notion de séjours en régions d’endémie de RAA (Afrique, DOM-TOM) ou éventuellement à certains facteurs environnementaux (conditions sociales, sanitaires et économiques, promiscuité, collectivité fermée) ou à des antécédents d’épisodes multiples d’angine à SGA.
ANGINE COMPLIQUÉE
Angine récidivante
L’angine est dite récidivante s’il y a plus de 3 épisodes dans l’année.
Complications loco-régionales [1]
Phlegmon péri-amygdalien
• Suppuration entre la capsule de l’amygdale et les muscles pharyngés, le plus souvent à streptocoque A et/ou anaérobies.
• Adolescents et adultes jeunes.
• Odynophagie très sévère avec hypersia-lorrhée, otalgie réflexe, fièvre élevée, altération de l’état général, voix couverte.
• À l’examen : bombement de la partie supérieure du pilier antérieur qui refoule l’amygdale vers la luette, trismus, adénopathies sous-digastriques.
• Pas d’exploration radiologique.
• Ponction de la collection ± prélèvement bactériologique.
• Drainage : soit ponctions-instillations bétadinées, soit incision sous anesthésie locale et lavages bétadinés.
• Antibiothérapie antistreptocoques et anti-anaérobies par voie intraveineuse, après prélèvements bactériologiques : β-lactamine, pénicilline A, amoxicilline + acide clavulanique (AUGMENTIN), 1 g × 3/j relais oral après apyrexie stable, durée totale 10-15 j.
• Rééquilibration hydroélectrolytique par voie intraveineuse si nécessaire.
• Alimentation semi-liquide tiède.
• Bains de bouche antiseptiques après les repas : HEXTRIL, 1 dose × 4-6/j.
• Ponctions (1-2/j) jusqu’à vérification de l’absence de pus.
• Antalgiques : paracétamol + codéine (EFFERALGAN CODÉINE), 2 cp. 500 mg × 3/j per os ± morphine. Chez l’enfant de plus de 1 an : paracétamol (PERFALGAN) 15 mg/kg/6 h + phosphate de codéine (CODENFAN) 0,5 à 1 mg/kg/6 h (sans dépasser 1 mg/kg par prise et 6 mg/kg par jour).
Phlegmon parapharyngé et rétropharyngé
Parapharyngé : bombement du pilier postérieur de l’amygdale.
Rétropharyngé : bombement de la paroi postérieure de l’oropharynx.
• Suppuration en arrière de l’amygdale, au contact des gros vaisseaux du cou.
• Au cours d’une angine, douleurs latéro-cervicales hautes avec torticolis, signes généraux sévères. À l’examen, voussure en arrière de l’amygdale.
• TDM cervicale en urgence (ou échographie endobuccale) puis traitement médicochirurgical.
ANGINE SPÉCIFIQUE
Angines ulcéro-nécrotiques
Angine de Vincent
• Association de 2 germes anaérobies fuso-spirillaires : Fusiformis (bacille de Vincent) et un spirochéte du genre Borrelia.
• Angine unilatérale avec une ulcération douloureuse, non indurée recouverte d’une fausse membrane grisâtre.
• Diagnostic : examen direct du prélèvement de gorge.
• Complication : Fusobacterium necrophorum responsable du syndrome de Lemierre : angine ulcéro-nécrotique compliquée d’une thrombose de la veine jugulaire interne avec des métastases septiques le plus souvent pulmonaires. Infection grave touchant le sujet jeune en bonne santé. Traitement par antibiothérapie intraveineuse ± anticoagulation.
Angines vésiculeuses
Angines pseudo-membraneuses
Angine diphtérique
Mononucléose infectieuse
• Signes généraux marqués avec forte asthénie qui peut se prolonger.
• Fausses membranes peu adhérentes et respectant la luette.
• Adénopathies multiples diffuses avec parfois Splénomégalie.
• Exanthème surtout en cas de prise d’ampicilline
• NFS : monocytose; MNI test positif (peut être négatif en début d’évolution); IgM anti-VCA positives.
APHTES – APHTOSE
Aphtes localisés
Maladie de Behçet
• Le traitement initial reste la colchicine.
• On recourt le plus souvent à la corticothérapie générale à fortes doses (1 mg/kg/j) pendant au moins 1 mois, surtout dans les formes méningées et viscérales.
• L’héparinothérapie s’impose dans les formes thrombosantes.
• En cas d’échec on discutera la prise de thalidomide, à la dose optimale de 50 à 100 mg/j. La prise au long cours nécessite une étroite surveillance neurologique et la délivrance est exclusivement hospitalière.
ANTISEPTIQUES BUCCAUX (2) – COLLUTOIRES (2)
ANTISEPTIQUES BUCCAUX (5) – BAINS DE BOUCHE – GARGARISMES (3) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Antiseptique à large spectre :
– bactéricide sur toutes les bactéries en 5 min et antifongique sur Candida et dermatophyses : polyvidone (iode), chlorhexidine, hexétidine, cétalkonium chlorure (ammonium quaternaire);
– bactériostatique : BOROSTYROL, rhubarbe;
– fongostatique (Candida albicans) : cétylpyridinium;
– fongicide : levures, dermatophytes, pityriasis versicolor : miconazole;
Anesthésique de contact-antalgique : amyléine, chlorobutanol.
Antiprurigineux : goudron de houille.
Anti-inflammatoire-antalgique : corticoïde (tixocortol), salicylate de choline, acide salicylique.
CONTRE-INDICATIONS
Hypersensibilité à l’un des constituants.
E. < 3 ans (iode, sulfate de cuivre, cétylpyridinium, Chlorhexidine, BOROSTYROL).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Durée de traitement limitée à 10 j.
Déconseiller chez E. > 6 ans (iode, sulfate de cuivre).
Laisser en bouche 2 min mais ne pas avaler (sauf anticandidosique).
Déconseiller en cas d’exploration de la thyroïde par l’iode radioactif.
EFFETS INDÉSIRABLES
Surcharge iodée avec possible dysfonctionnement thyroïdien en cas de traitement prolongé (iode).
Hypersensibilité à l’un des constituants.
ANTALGIQUES BUCCAUX
DYSPNÉE LARYNGÉE DU NOURRISSON DE MOINS DE 6 MOIS (1)
Diagnostic
Le diagnostic positif est clinique.
Dysphagie et hypersialorrhée : obstacle sus-glottique
Diagnostic de gravité
• Âge : si plus jeune, plus grave.
• Durée d’évolution : grave si > 1 h.
• État respiratoire : importance des signes de lutte (tirage et bruits laryngés), puis disparition de ces signes = épuisement respiratoire avec tachypnée superficielle > 60/min puis bradypnée extrême avec des pauses respiratoires.
• Signes d’hypercapnie : HTA, tachycardie, sueurs puis troubles de la conscience.
Signes d’hypoxie : cyanose et troubles de la conscience.