12 Marges d’exérèse et recommandations
Principes généraux
Marges de tissu sain
Marges « sur mesure » par chirurgies micrographiques (CM)
Lorsque l’étendue de l’invasion infraclinique devient trop incertaine, ces marges standardisées exposent à un risque trop élevé d’exérèse incomplète. Le contrôle histologique de tout le tissu péritumoral va guider l’exérèse : ce sont les chirurgies micrographiques. La CM de Mohs (CMM) a contribué à définir les marges standards par des études qui donnent des résultats en % d’exérèse complète en fonction de marges latérales réalisées en mm. Citons les travaux de l’équipe de Zitelli pour les carcinomes basocellulaires [1] et pour les carcinomes épidermoïdes cutanés [2].
Limites cliniques de la tumeur
Le dessin des limites cliniques de la tumeur est une étape fondamentale et indispensable, préalable au geste chirurgical. L’examen clinique de la tumeur doit être minutieux. Il doit être fait avant l’anesthésie locale qui peut modifier le relief ou la composante vasculaire de certaines tumeurs. Il est nécessaire que ce temps d’examen soit prévu et inclus dans le calcul du temps opératoire. L’examen doit être réalisé sous différentes lumières : lumière du jour directe et à jour frisant, éclairage par le scialytique et par lampe de Wood en cas de tumeur pigmentée. Les limites de certaines tumeurs sont mieux appréciées à la palpation et à l’étirement. Les contours de la tumeur et des marges d’exérèse seront dessinés au feutre dermographique au terme de cet examen clinique (Figures 12.1 et 12.2). L’utilisation du dermoscope est très utile à ce stade, en particulier les modèles à lumière polarisée. En évitant l’appui sur la peau, ils aident à bien visualiser la composante vasculaire de la tumeur (vaisseaux arborescents télangiectasiques), ce qui permet souvent de préciser le dessin des limites tumorales évaluées cliniquement. La lame de bistouri 15 a une largeur de 4 mm et peut servir à faire un repérage rapide des marges à 4 mm.
Contrôle histologique de la pièce opératoire
Macroscopie de l’analyse anatomopathologique
Contrôle histologique standard
Dans la routine, seule une faible partie des berges péritumorales est examinée par des coupes verticales faites au hasard : en « pain de mie » (Figure 12.3) et/ou en croix (Figure 12.4), voire en rayon de roue selon la taille, la forme de la tumeur et les habitudes. En cas de tumeur à très faible risque d’invasion infraclinique, le passage des berges en tissu sain peut être suffisant, même si la distance entre la tumeur et les berges périphériques est faible. Ce n’est pas le cas des tumeurs à risque élevé d’invasion infraclinique pour lesquelles une très faible marge histologique peut exposer à un risque de coulée tumorale non visualisée car située entre deux coupes verticales au hasard (Figure 12.5). Les coupes sériées examinées ne contrôlent qu’une faible partie des berges péritumorales.
Fig. 12.3 Contrôle histologique standard des marges de la pièce opératoire : coupes sériées « en pain de mie ».
D’après Abide JM, Nahai F, Bennett RG. The Meaning of Surgical Margins. Plast Reconstr Surg 1984 ; 73 (3) : 492–7.
Fig. 12.4 Contrôle histologique standard des marges de la pièce opératoire : coupes « en croix ».
D’après Abide JM, Nahai F, Bennett RG. The Meaning of Surgical Margins. Plast Reconstr Surg 1984 ; 73 (3) : 492–7.
Chirurgies micrographiques
Les techniques de chirurgie micrographique consistent à associer une exérèse chirurgicale à un contrôle histologique « 3D » (trois dimensions) de toutes les berges péritumorales pouvant être envahies par la tumeur. Le prélèvement du tissu péritumoral peut se faire d’un seul tenant, directement sur le patient tel que l’a décrit F. Mohs. « La galette » ainsi prélevée sera immédiatement cryocongelée, c’est la CM de Mohs avec cryocongélation et lecture immédiate. La « galette » peut également être incluse en paraffine avec lecture différée, c’est la CMM avec inclusion en paraffine ou Slow-Mohs (ou Modified or permanent-tissue Mohs Micrographic Surgery des Anglo-Saxons). Des variantes à la CMM sont actuellement proposées. Le tissu péritumoral peut être prélevé en plusieurs fragments (berges latérales périphériques puis plan profond) ou la découpe macroscopique peut être pratiquée ex vivo avec inclusion en paraffine et lecture différée. Ce sont entre autres les techniques de CM décrites par l’équipe de Breuninger [3]. Pour les tumeurs in situ et donc strictement épidermiques, seules seront contrôlées les berges épidermiques : ce sont les CM « en collerette » et la technique du « spaghetti ». Lorsque la totalité des berges est ainsi contrôlée histologiquement de façon immédiate ou différée, le seul critère pris en compte est l’absence de tumeur sur les berges péritumorales. En cas de doute sur un possible résidu tumoral, une recoupe de sécurité peut être envisagée.
Carcinome basocellulaire
Des recommandations pour la pratique clinique ont été publiées par l’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) en 2004 [4]. Une classification clinique et histologique simplifiée y est présentée et permet de définir le pronostic de chaque tumeur dont dépend l’arbre de décision thérapeutique. La chirurgie est le traitement de premier choix, mais les modalités de cette chirurgie doivent être adaptées au pronostic. L’exérèse doit être avant tout carcinologique. Pour cela, des marges de tissu sain sont proposées en fonction des facteurs pronostiques.
Classification pronostique clinicohistologique
Plusieurs critères sont pris en compte pour l’évaluation du pronostic : le risque de récidive (critère objectif) pondéré par l’évaluation du risque d’envahissement local et de la difficulté de prise en charge thérapeutique en cas de récidive (accord professionnel). Trois groupes pronostiques sont proposés en fonction de facteurs cliniques et histologiques. Ils sont présentés dans le Tableau 12.1.
Groupe de bon pronostic | Groupe de pronostic intermédiaire | Groupe de mauvais pronostic |
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Formes cliniques :
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