Les conséquences physiopathologiques

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Les conséquences physiopathologiques



COMPRENDRE



TISSU NORMAL ET MÉCANISMES DE RÉGULATION



image Tissus, cellules souches


Tous les ensembles tissulaires qui bordent la surface externe du corps et ses cavités intérieures sont constitués par un épithélium de revêtement reposant par l’intermédiaire de sa membrane basale sur une couche de tissu conjonctif sous-jacent.


À chaque type de localisation est associée une terminologie différente :



Ces tissus doivent être en mesure de se renouveler. Certaines cellules, y compris dans les tissus adultes, sont capables de se diviser chaque fois que c’est nécessaire. Cette nécessité apparaît pour remplacer des cellules sénescentes dans un tissu ou en cas de réparation cellulaire, après une lésion cutanée par exemple. Dans la moelle osseuse, il existe des progéniteurs capables de générer l’ensemble des lignées du système hématopoïétique à partir d’une cellule souche. Ce concept de cellule souche est aujourd’hui généralisé à de nombreux tissus. C’est ainsi qu’un certain nombre de mécanismes sont responsables d’une entrée des cellules dans une phase de cycle cellulaire sous l’effet de stimulus. Les anomalies de fonctionnement de ces mécanismes peuvent être responsables de transformation cellulaire, y participer mais aussi être des points d’action thérapeutiques possibles. C’est pourquoi, parmi les processus de régulation, certains sont majeurs, tels que les facteurs de croissance et les facteurs angiogéniques.



image Processus de régulation du renouvellement cellulaire


La réponse de la cellule normale à des stimulus passe en général par l’action d’un facteur de croissance, dénommé le ligand, qui se lie à un récepteur de facteur de croissance à la surface de la cellule. Cette liaison entraîne, par un mécanisme complexe, une activation de la partie intracytoplasmique du récepteur qui va déclencher des signaux jusqu’au niveau du noyau, après une cascade d’événements biochimiques. Des facteurs de transcription vont ainsi être activés et l’expression de gènes participant à la division cellulaire, à la différenciation et/ou au mécanisme d’apoptose va être stimulée.


Il existe quatre classes de récepteurs de facteurs de croissance. Ceux qui nous intéressent en particulier sont les récepteurs à activité tyrosine kinase, car ils sont fréquemment altérés dans les tumeurs malignes et qu’il en découle des applications thérapeutiques spécifiques. Parmi eux, la famille HER comporte quatre récepteurs connus, dont HER-1, qui est le récepteur du facteur de croissance EGF (Epithelial Growth Factor), et HER-2. Ces récepteurs sont impliqués l’un et l’autre dans la prolifération, la survie cellulaires et dans la croissance des épithéliums en particulier.


Il faut imaginer cependant le phénomène de façon moins schématique et considérer qu’il existe un très grand nombre de ligands potentiels. Ces derniers peuvent interagir avec un réseau complexe de très nombreux récepteurs à la surface des cellules et entraîner une grande variété de réponses biologiques en réponse à une aussi grande variété de besoins et de situations.


Des anomalies de la prolifération cellulaire peuvent être consécutives à une altération de ces mécanismes de plusieurs façons possibles, en particulier par la surexpression de ces récepteurs membranaires.



DÉVELOPPEMENT DU CANCER


Le développement d’un cancer est le résultat de :




image Angiogenèse physiologique et angiogenèse tumorale


Les tissus de l’endothélium vasculaire, comme les autres, doivent être en mesure de se renouveler : en effet, l’angiogenèse17 physiologique est indispensable au cours de nombreux processus tels que le développement embryonnaire, l’implantation du placenta, la cicatrisation ou le développement cyclique de l’endomètre.


Cependant, l’angiogenèse peut aussi être pathologique dans le cas de la croissance des tumeurs (où elle participe à l’apport d’oxygène, de nutriments et de facteurs de croissance, et à l’évacuation des déchets cellulaires) et le développement des métastases.



image Lorsque des cellules tumorales sont inoculées dans un organe avasculaire18, elles ne prolifèrent que jusqu’à une taille d’environ 1 mm3, puis elles stagnent et deviennent dormantes. Lorsqu’on les inocule dans un organe vascularisé, elles prolifèrent de nouveau, donnant naissance à une tumeur massive et à des métastases. Ainsi, la croissance d’une tumeur solide est fortement dépendante de la mise en place d’un réseau vasculaire adéquat.



18Sans vaisseaux sanguins.


Bien que le phénomène soit connu depuis 1971 (Volkman), ce n’est que plus tard que le mécanisme a pu être mieux élucidé et que des développements thérapeutiques ont pu être envisagés.


L’angiogenèse tumorale, comme l’angiogenèse physiologique, commence par l’expression de facteurs de croissance, principalement le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), qui favorisent la formation de néovaisseaux. L’hypoxie est le déterminant principal de cette expression : elle attire les macrophages dans la tumeur et ces derniers sécrètent du VEGF (production qui est stimulée par les protéines impliquées dans le mécanisme de l’inflammation). Ces changements induits par la tumeur naissante dans le voisinage des microvaisseaux augmentent leur perméabilité, leur dilatation et leur tortuosité ; puis, des bourgeons de néovaisseaux se développent. Les étapes finales de la néovascularisation sont la formation d’une nouvelle membrane basale puis la stabilisation du néovaisseau.


L’angiogenèse est essentielle pour la croissance tumorale mais aussi pour l’envahissement métastatique : l’entrée des cellules tumorales dans la circulation sanguine est facilitée par la proximité entre la tumeur et le néovaisseau (dont la paroi fenêtrée est perméable) et par la présence de protéases qui dégradent les membranes basales.



image Transformation cellulaire et tissulaire


Les caractéristiques principales d’une cellule cancéreuse sont les suivantes :



Le bel agencement décrit au chapitre 3 peut donc être mis à mal ! Les mécanismes qui règlent l’harmonie et la régulation de la croissance cellulaire, les mécanismes qui coordonnent le renouvellement, le remplacement des tissus de l’organisme sont bousculés. Ainsi, à l’opposé d’une cellule normale qui ne se multiplie qu’un nombre limité de fois et uniquement dans le but de renouveler ou remplacer des cellules détruites, la cellule cancéreuse a une prolifération illimitée, désordonnée, qui ne permet pas de reproduire l’architecture normale du tissu. Enfin, la cellule cancéreuse provoque la formation de nouveaux vaisseaux (angiogenèse tumorale) qui vont lui permettre de recevoir l’oxygène et les nutriments indispensables à sa survie et/ou à sa prolifération dans un nouvel organe où elle va former des métastases.



PHÉNOMÈNE DE CANCÉRISATION


On considère que le phénomène de cancérisation est multi-étapes. Il est généralement lent et progressif : l’émergence clinique de la maladie peut survenir 10 à 30 ans après l’événement initial.


Les étapes de ce phénomène sont :




image Définitions






image Un phénomène multi-étapes


Sous l’effet d’agents mutagènes quels qu’ils soient, le passage de la cellule normale à la cellule cancéreuse se fait de façon progressive, par étapes d’initiation, de promotion puis de progression (figures 4.2).




La prolifération de la cellule cancéreuse forme un clone tumoral. L’invasion se décrit par le franchissement de la membrane basale et l’envahissement des tissus environnants.


Plusieurs phénomènes peuvent être notés :



L’examen microscopique de coupes tissulaires de tumeurs invasives montre l’existence de deux mécanismes d’invasion tumorale :


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Aug 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Les conséquences physiopathologiques

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