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Les conséquences physiopathologiques
COMPRENDRE
TISSU NORMAL ET MÉCANISMES DE RÉGULATION
Tissus, cellules souches
À chaque type de localisation est associée une terminologie différente :
– l’épithélium de la peau s’appelle l’épiderme et le tissu conjonctif sous-jacent le derme ;
– l’épithélium de l’endocarde du cœur et de l’intima des vaisseaux s’appelle un endothélium ;
– l’épithélium d’une séreuse s’appelle un mésothélium ;
– les muqueuses sont constituées d’un épithélium de revêtement reposant sur du tissu conjonctif qui prend le nom de chorion.
DÉVELOPPEMENT DU CANCER
Le développement d’un cancer est le résultat de :
– l’activation de voies favorisant la prolifération cellulaire et l’inhibition des signaux restreignant le potentiel prolifératif des cellules ;
Angiogenèse physiologique et angiogenèse tumorale
Les tissus de l’endothélium vasculaire, comme les autres, doivent être en mesure de se renouveler : en effet, l’angiogenèse17 physiologique est indispensable au cours de nombreux processus tels que le développement embryonnaire, l’implantation du placenta, la cicatrisation ou le développement cyclique de l’endomètre.
Transformation cellulaire et tissulaire
Les caractéristiques principales d’une cellule cancéreuse sont les suivantes :
– une capacité de croissance en excès : comme vu précédemment, il peut s’agir :
– d’une surexpression des récepteurs de facteurs de croissance ;
– d’un échappement aux mécanismes de régulation de la croissance cellulaire, c’est-à-dire d’un échappement à l’apoptose (ou suicide cellulaire, quand une anomalie du génome est détectée lors de la mitose) ou aux mécanismes d’immunosurveillance ;
– la capacité de se diviser de façon illimitée :
Le bel agencement décrit au chapitre 3 peut donc être mis à mal ! Les mécanismes qui règlent l’harmonie et la régulation de la croissance cellulaire, les mécanismes qui coordonnent le renouvellement, le remplacement des tissus de l’organisme sont bousculés. Ainsi, à l’opposé d’une cellule normale qui ne se multiplie qu’un nombre limité de fois et uniquement dans le but de renouveler ou remplacer des cellules détruites, la cellule cancéreuse a une prolifération illimitée, désordonnée, qui ne permet pas de reproduire l’architecture normale du tissu. Enfin, la cellule cancéreuse provoque la formation de nouveaux vaisseaux (angiogenèse tumorale) qui vont lui permettre de recevoir l’oxygène et les nutriments indispensables à sa survie et/ou à sa prolifération dans un nouvel organe où elle va former des métastases.
PHÉNOMÈNE DE CANCÉRISATION
Les étapes de ce phénomène sont :
– la genèse d’un état précancéreux : il s’agit de différents stades dans lesquels les cellules présentent des anomalies microscopiques ;
– une phase d’invasion : les cellules cancéreuses franchissent la membrane basale et envahissent le tissu.
Définitions
Potentiel métastatique
Le potentiel métastatique suppose de nouvelles capacités d’effraction vasculaire, de survie dans le milieu sanguin, de reconnaissance d’un endothélium cible puis de colonisation, d’angiogenèse et de croissance dans le tissu d’accueil (figure 4.1). Ce phénomène est fort heureusement très minoritaire dans une population cellulaire tumorale.
Un phénomène multi-étapes
Sous l’effet d’agents mutagènes quels qu’ils soient, le passage de la cellule normale à la cellule cancéreuse se fait de façon progressive, par étapes d’initiation, de promotion puis de progression (figures 4.2).
– l’initiation correspond à une lésion rapide et irréversible de l’ADN après exposition à un carcinogène (physique, chimique, viral, etc.) ;
– la promotion correspond à une exposition prolongée, répétée ou continue, à une substance qui entretient et stabilise la lésion initiée ;
– la progression correspond à l’acquisition des propriétés de multiplication non contrôlée, l’acquisition de l’indépendance, la perte de la différenciation, l’invasion locale et métastatique.
Plusieurs phénomènes peuvent être notés :
– les cellules qui, à l’état normal, sont jointives et cohésives, perdent leur capacité d’adhérence ;
– des enzymes protéolytiques en mesure de dégrader la membrane basale et la matrice extracellulaire sont secrétées ;
– la capacité de mobilité et de migration des cellules est accélérée ;