Les conséquences physiopathologiques

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Les conséquences physiopathologiques



COMPRENDRE


À la lecture des deux chapitres précédents, il apparaît que les hémopathies sont des pathologies résultant d’anomalies génétiques et/ou d’autres raisons altérant le processus physiologique de l’hématopoïèse. Les mutations provoquées sur les gènes se répliquent indéfiniment car la division cellulaire produit des cellules clonales strictement identiques. Les cellules mutantes exacerbent ou inhibent les fonctions de protéines impliquées dans la différenciation, la prolifération et l’apoptose cellulaire. Lorsque les cellules sont en nombre trop important et selon leur stade de maturité, elles provoquent des lésions différentes au niveau de la moelle ou du sang. Les conséquences sont fonction des lésions provoquées. Il convient d’identifier comme conséquences :




PROLIFÉRATION TUMORALE


L’accumulation des cellules anormales peut résulter d’une cinétique cellulaire plus rapide que celles des cellules normales mais cela n’est pas systématique. En fait, les cellules malignes prolifèrent soit parce qu’elles meurent plus lentement que les cellules normales, soit parce qu’elles se reproduisent à l’identique sans maturation et s’accumulent à un certain stade de leur différenciation (blocage). Du fait de ce blocage, les cellules qui poursuivent leur prolifération s’accumulent dans la moelle osseuse. Cette infiltration inhibe la production normale de l’hématopoïèse et les cellules normales se raréfient, ce qui provoque l’apparition de la clinique significative des hémopathies : l’insuffisance médullaire. Ainsi, on peut retenir que les cellules malignes poursuivent leur prolifération clonale dans un stade de la différenciation et remplace progressivement les cellules normales. Résistantes à l’apoptose, elles s’accumulent dans la moelle, le sang et/ou les organes lymphoïdes, notamment la rate, le foie et les ganglions.


Si les cellules sont relativement différenciées, elles signent plus fréquemment des maladies d’évolution lente, dites chroniques. Si elles sont très immatures, donc peu différenciées, elles sont caractéristiques de maladies d’évolution rapide, dites aiguës.




EXCÈS DE CELLULES IMMATURES


Lorsque la différenciation est bloquée à un stade où la cellule est encore immature, l’excès de ces cellules immatures (dénommées « blastes ») peut être localisé au niveau de la moelle, voire également dans le sang.




image Insuffisance médullaire


Au niveau de la moelle osseuse, l’excès de cellules immatures empêche l’hématopoïèse normale qui n’est plus efficace, diminuant ainsi sa capacité de production. C’est l’insuffisance médullaire. Elle correspond à la raréfaction globale du tissu médullaire sain. Lorsqu’il existe une insuffisance de production, les cellules de toutes les lignées médullaires sont diminuées, aboutissant selon le cas à une anémie, une leucopénie et une thrombopénie : c’est une pancytopénie.



image Aplasie médullaire

L’aplasie médullaire est caractérisée par une pancytopénie due à l’insuffisance quantitative de production des cellules normales présentes dans le sang. La cause est la réduction des cellules souches myéloïdes. Ce déficit peut être lié à une anomalie du microenvironnement médullaire, peut survenir au décours d’une infection virale ou est expliqué par une manifestation auto-immune vis-à-vis du tissu hématopoïétique normal. L’aplasie peut être observée après un traitement cytotoxique ou une toxicité médicamenteuse ; elle est dans ce cas réversible.


Les aplasies médullaires sont rares :



– la plus fréquente est l’anémie de Fanconi. Les patients présentent un déficit des mécanismes de réparation de l’ADN et l’aplasie est souvent associée à des malformations osseuses, des taches pigmentaires, des anomalies rénales ;


– les aplasies infectieuses peuvent survenir au cours d’une hépatite virale ou de la tuberculose diffuse ;


– les aplasies toxiques ou radio-induites sont dues à l’action ionisante des rayons X, à la toxicité de médicaments ou de produits chimiques sur les cellules souches ;


– certaines aplasies sont idiopathiques, avec une probable origine auto-immune ;


– les aplasies thérapeutiques sont une particularité : elles sont induites par le traitement d’induction des leucémies aiguës ; dans ces cas, la phase thérapeutique permet la reconstitution d’une hématopoïèse efficace en sortie d’aplasie.


L’aplasie médullaire favorise des complications liées à l’insuffisance médullaire : des hémorragies en cas de thrombopénie profonde, des infections en cas de leucopénie sévère et des anémies induites par la raréfaction des globules rouges et donc du transport de l’oxygène aux tissus.



ATTEINTES LYMPHOÏDES ET MYÉLOÏDES


La classification des lésions est fonction de la lignée hématopoïétique atteinte et du site de développement de la maladie. On distingue donc :



Selon le site de développement de la maladie, on distingue :



Les éléments figurés du sang sont issus de l’hématopoïèse qui donne naissance aux cellules matures circulant dans le sang (voir chapitre 10). Lorsqu’une altération génétique perturbe le processus de différenciation cellulaire, cela peut induire un appauvrissement qualitatif/quantitatif dans une lignée, et être à l’origine d’une hémopathie maligne. En fonction des lésions, se distinguent les hémopathies liées à :




image Envahissement médullaire avec maturation



image Syndromes myéloprolifératifs

Sont regroupées dans ce syndrome les pathologies avec une prolifération myéloïde sans blocage de maturation. Il s’agit d’une hyperproduction d’une ou de plusieurs lignées myéloïdes faites de cellules bien différenciées. La prolifération aboutit à une surproduction de cellules matures (figure 11.1 b, voir page 239). L’hyperplasie érythrocytaire (responsable d’une polyglobulie), thrombocytaire ou granulocytaire dans le sang accroît la viscosité sanguine, ralentit le flux sanguin et augmente le risque thromboembolique.



Les principales pathologies sont, selon la lignée :


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Aug 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Les conséquences physiopathologiques

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