16
Les conséquences des processus tumoraux
COMPRENDRE
En termes d’épidémiologie, la mortalité par cancer augmente, en lien avec le vieillissement général de la population et la présence d’agents cancérogènes dans l’environnement domestique et professionnel. L’avancée des connaissances sur leur implication dans les cancers influence les politiques de santé publique dès lors qu’on estime qu’en France, environ 370 000 nouveaux cas de cancers surviennent chaque année71. Le cancer est devenu la première cause de décès devant les maladies cardiovasculaires, essentiellement parce que la mortalité par maladie cardiovasculaire diminue plus fortement que la mortalité par cancer72 ; ce constat implique prévention et développement de la recherche.
Pour répondre à l’impératif de coordination des acteurs dans la prise en charge des patients atteints de cancer, les soins en cancérologie75 relèvent d’une organisation spécifique visant à coordonner des soins de qualité sur l’ensemble du territoire français. Le réseau régional de cancérologie a été identifié comme une organisation pivot dans le champ sanitaire. L’ensemble des régions françaises est couvert par un réseau régional de cancérologie. La structuration des réseaux de cancérologie s’appuie sur deux niveaux géographiques nécessairement articulés :
– un réseau territorial, dont la dimension permet d’assurer aux patients des soins coordonnés, continus et de proximité en lien avec le médecin traitant ;
– le réseau régional de cancérologie (RRC), qui s’inscrit dans une logique de coordination des opérateurs de santé à l’échelle régionale et d’amélioration continue des pratiques en cancérologie.
Ce chapitre aborde deux types de conséquences du cancer :
– les conséquences collectives : le propos consiste à présenter la place de la recherche clinique et du dépistage du cancer dans sa prise en charge ;
– les conséquences individuelles : le retentissement du cancer affecte la personne malade dans sa qualité de vie et se manifeste notamment par la fatigue. Ce problème est depuis plusieurs années le souci des équipes soignantes, tant sa prise en charge peut améliorer la qualité de vie du patient.
Le retentissement du cancer est donc un problème de santé publique qui requiert également une attention plus spécifique. C’est ainsi que la France s’est dotée d’une politique de lutte contre le cancer. Après le premier plan Gillot-Kouchner, le Plan cancer 2003–2007 a marqué une étape décisive dans cet engagement à travers le choix de faire du cancer une priorité nationale. Le Plan cancer 2009–2013 s’inscrit dans cette continuité et repose en partie sur ce socle de mesures, qu’il convient à la fois de consolider, pour certaines de les appliquer et pour d’autres de les faire évoluer. À partir de ces acquis, de nouvelles propositions vont permettre d’impulser un nouvel élan76, en mettant l’accent :
– sur la poursuite des efforts de recherche et d’innovation ;
– sur les mesures dirigées vers les personnes les plus vulnérables, les plus exposées au risque de cancer ;
– sur la correction des inégalités de santé face au cancer ;
– sur les initiatives médico-sociales pour mieux accompagner les personnes dans le « vivre après le cancer ».
CONSÉQUENCES COLLECTIVES
Recherche
En cancérologie, comme dans d’autres branches de la médecine, la recherche revêt un enjeu majeur pour parvenir à proposer des stratégies thérapeutiques permettant la guérison et/ou l’augmentation de l’espérance de vie et de la qualité de vie. Le Code de la santé publique définit la recherche sur les personnes comme une « recherche organisée et pratiquée sur l’être humain en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales ». Ce type de recherche peut porter sur le développement de traitements de type médicamenteux, sur des dispositifs médicaux ou encore sur la physiologie et la physiopathologie humaines, la thérapie cellulaire et génique, l’utilisation thérapeutique d’organismes génétiquement modifiés, etc. Elles sont encadrées par un dispositif réglementaire visant à protéger les personnes qui se prêtent à ces recherches et à garantir leurs droits, énoncés par la loi française. Ainsi, la recherche est autorisée en France, sous réserve du respect notamment des dispositions des articles L. 1121-1 et suivants du Code de la santé publique. Ces dispositions trouvent leur fondement dans la loi n° 88-1138 du 20 décembre 1988 relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales (dite loi Huriet)77.
Une recherche ne peut être effectuée sur l’être humain que si certaines conditions sont réunies :
– la recherche se fonde sur le dernier état des connaissances scientifiques et sur une expérimentation préclinique suffisante ;
– le risque prévisible encouru par les personnes qui se prêtent à la recherche ne doit pas être hors de proportion avec le bénéfice escompté pour ces personnes ou l’intérêt de cette recherche ;
– la recherche vise à étendre la connaissance scientifique de l’être humain et les moyens susceptibles d’améliorer sa condition ;
– la recherche a été conçue de telle façon que soient réduits au minimum la douleur, les désagréments, la peur et tout autre inconvénient prévisible lié à la recherche ;
– l’intérêt des personnes qui se prêtent à une recherche prime toujours sur les seuls intérêts de la science et de la société.
Enjeux de la recherche
La recherche contre le cancer78 vise à mieux comprendre cette maladie, à mieux la prévenir, la détecter et la traiter. Elle est réalisée au sein de groupes coopératifs nationaux et/ou internationaux, comme l’Organisation européenne de recherche sur le traitement des cancers (OERTC). La recherche fondamentale apporte des connaissances nouvelles, plus fines, sur le fonctionnement des cellules, les mécanismes d’initiation des tumeurs, de leur progression et de leur dissémination dans l’organisme pour donner naissance à des métastases. Ainsi, il est possible de transformer ces nouvelles connaissances en avancées médicales et thérapeutiques. On peut simplement dégager deux grandes tendances. D’une part, la recherche de traitements « personnalisés » qui, sur la base d’une caractérisation moléculaire des tumeurs, sont choisis et adaptés à chaque patient ; d’autre, part, la recherche de modalités thérapeutiques entraînant un minimum d’effets indésirables. Dans ce chapitre, on détaille les enjeux du filtre commun, celui des essais cliniques, par lequel doit passer toute nouvelle modalité thérapeutique.
Essais cliniques
Phases des essais cliniques
– phase I : première application chez l’homme faisant suite à des études expérimentales appropriées, d’une nouvelle technique ou d’un nouveau médicament pour préciser la faisabilité, la tolérance ou déterminer les doses ;
– phase II : traitement d’une série de malades avec un nouveau traitement pour en apprécier toxicité et efficacité éventuelles et avoir une première idée de sa valeur par rapport au traitement habituel ;
– phase III : comparaison d’un nouveau traitement avec le traitement conventionnel appliqué jusque-là, en général dans deux groupes de patients répartis au hasard (randomisation) ;
– phase IV : étude observationnelle d’un nouveau traitement pour en connaître tous les effets, y compris à long terme.
Prévention
Prévention à visée individuelle
La prévention du cancer nécessite d’agir sur les facteurs identifiés comme prédominants dans la survenue du cancer et de sa mortalité79. Parmi ces facteurs, le tabac, l’alcool et le traitement de la ménopause (figure 16.1).
De nombreuses campagnes de prévention à l’échelon national sont organisées par les pouvoir publics, notamment sous l’égide de l’INPES80.