Les conséquences des processus tumoraux

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Les conséquences des processus tumoraux



COMPRENDRE


De nombreux progrès ont été réalisés dans la prise en charge des patients atteints de cancer. Le premier axe de progrès a été l’amélioration des stratégies thérapeutiques liée aux résultats de la recherche clinique, permettant la guérison, le prolongement significatif de la survie et l’intégration des soins de support.


Un autre axe a été le développement des soins ambulatoires en réponse à une forte demande des patients afin de diminuer leur temps d’hospitalisation, ce qui a été facilité par les soins de support. Ces modes de prise en charge ambulatoire, hôpital de jour, traitement à domicile, répondent également à des contraintes économiques, puisque la prise en charge ambulatoire s’avère moins coûteuse mais requiert une coordination des professionnels et une organisation des réseaux de soins.


En termes d’épidémiologie, la mortalité par cancer augmente, en lien avec le vieillissement général de la population et la présence d’agents cancérogènes dans l’environnement domestique et professionnel. L’avancée des connaissances sur leur implication dans les cancers influence les politiques de santé publique dès lors qu’on estime qu’en France, environ 370 000 nouveaux cas de cancers surviennent chaque année71. Le cancer est devenu la première cause de décès devant les maladies cardiovasculaires, essentiellement parce que la mortalité par maladie cardiovasculaire diminue plus fortement que la mortalité par cancer72 ; ce constat implique prévention et développement de la recherche.



image L’incidence du cancer du poumon




• L’incidence (nombre de nouveaux cas) des cancers du poumon en France a été estimée à près de 30 000 nouveaux cas par an73. Le cancer du poumon se situe, par sa fréquence, au quatrième rang en termes d’incidence.


• L’âge médian lors du diagnostic d’un cancer du poumon est de 67 ans chez l’homme et de 68 ans chez la femme. Près de 75 % surviennent chez l’homme. Cependant, alors que l’on observe une diminution de son incidence chez l’homme (– 0,5 % par an entre 2000 et 2005) liée à une diminution de consommation tabagique, l’incidence continue d’augmenter chez la femme (+ 5,8 % par an sur cette même période).


• En termes de mortalité, 20 % sont attribuables au cancer du poumon74, situant celui-ci au premier rang des décès par cancer. La mortalité par cancer du poumon a considérablement augmenté chez l’homme jusqu’en 1991 et diminue depuis de 0,9 % par an. Chez la femme, la mortalité augmente depuis 1977, l’augmentation est considérable depuis 2001, atteignant 6,1 % par an.


• Le tabac est le principal facteur de risque, responsable de 81 % des décès.


• Les expositions professionnelles et la pollution sont aussi des facteurs de risque, responsables respectivement de 10 % et 1 % des décès. L’ensemble de ces facteurs est responsable de 83 % des décès par cancer du poumon. Les principales expositions professionnelles concernées sont l’amiante, les hydrocarbures polycycliques et le chrome hexavalent.



73L’incidence des cancers en France a été estimée à près de 350 000 nouveaux cas par an, dont près de 10 % pour le seul cancer du poumon.


74Le cancer représente la première cause de décès en France avec près de 146 000 décès en 2005.



Pour répondre à l’impératif de coordination des acteurs dans la prise en charge des patients atteints de cancer, les soins en cancérologie75 relèvent d’une organisation spécifique visant à coordonner des soins de qualité sur l’ensemble du territoire français. Le réseau régional de cancérologie a été identifié comme une organisation pivot dans le champ sanitaire. L’ensemble des régions françaises est couvert par un réseau régional de cancérologie. La structuration des réseaux de cancérologie s’appuie sur deux niveaux géographiques nécessairement articulés :



L’appartenance à un réseau de cancérologie constitue en outre l’une des conditions que doit satisfaire tout établissement de santé qui traite des malades atteints de cancer, dans le cadre du dispositif des autorisations.


Ce chapitre aborde deux types de conséquences du cancer :



Le retentissement du cancer est donc un problème de santé publique qui requiert également une attention plus spécifique. C’est ainsi que la France s’est dotée d’une politique de lutte contre le cancer. Après le premier plan Gillot-Kouchner, le Plan cancer 2003–2007 a marqué une étape décisive dans cet engagement à travers le choix de faire du cancer une priorité nationale. Le Plan cancer 2009–2013 s’inscrit dans cette continuité et repose en partie sur ce socle de mesures, qu’il convient à la fois de consolider, pour certaines de les appliquer et pour d’autres de les faire évoluer. À partir de ces acquis, de nouvelles propositions vont permettre d’impulser un nouvel élan76, en mettant l’accent :




CONSÉQUENCES COLLECTIVES



image Recherche


En cancérologie, comme dans d’autres branches de la médecine, la recherche revêt un enjeu majeur pour parvenir à proposer des stratégies thérapeutiques permettant la guérison et/ou l’augmentation de l’espérance de vie et de la qualité de vie. Le Code de la santé publique définit la recherche sur les personnes comme une « recherche organisée et pratiquée sur l’être humain en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales ». Ce type de recherche peut porter sur le développement de traitements de type médicamenteux, sur des dispositifs médicaux ou encore sur la physiologie et la physiopathologie humaines, la thérapie cellulaire et génique, l’utilisation thérapeutique d’organismes génétiquement modifiés, etc. Elles sont encadrées par un dispositif réglementaire visant à protéger les personnes qui se prêtent à ces recherches et à garantir leurs droits, énoncés par la loi française. Ainsi, la recherche est autorisée en France, sous réserve du respect notamment des dispositions des articles L. 1121-1 et suivants du Code de la santé publique. Ces dispositions trouvent leur fondement dans la loi n° 88-1138 du 20 décembre 1988 relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales (dite loi Huriet)77.


Une recherche ne peut être effectuée sur l’être humain que si certaines conditions sont réunies :



– la recherche se fonde sur le dernier état des connaissances scientifiques et sur une expérimentation préclinique suffisante ;


– le risque prévisible encouru par les personnes qui se prêtent à la recherche ne doit pas être hors de proportion avec le bénéfice escompté pour ces personnes ou l’intérêt de cette recherche ;


– la recherche vise à étendre la connaissance scientifique de l’être humain et les moyens susceptibles d’améliorer sa condition ;


– la recherche a été conçue de telle façon que soient réduits au minimum la douleur, les désagréments, la peur et tout autre inconvénient prévisible lié à la recherche ;


– l’intérêt des personnes qui se prêtent à une recherche prime toujours sur les seuls intérêts de la science et de la société.



image Enjeux de la recherche

La recherche contre le cancer78 vise à mieux comprendre cette maladie, à mieux la prévenir, la détecter et la traiter. Elle est réalisée au sein de groupes coopératifs nationaux et/ou internationaux, comme l’Organisation européenne de recherche sur le traitement des cancers (OERTC). La recherche fondamentale apporte des connaissances nouvelles, plus fines, sur le fonctionnement des cellules, les mécanismes d’initiation des tumeurs, de leur progression et de leur dissémination dans l’organisme pour donner naissance à des métastases. Ainsi, il est possible de transformer ces nouvelles connaissances en avancées médicales et thérapeutiques. On peut simplement dégager deux grandes tendances. D’une part, la recherche de traitements « personnalisés » qui, sur la base d’une caractérisation moléculaire des tumeurs, sont choisis et adaptés à chaque patient ; d’autre, part, la recherche de modalités thérapeutiques entraînant un minimum d’effets indésirables. Dans ce chapitre, on détaille les enjeux du filtre commun, celui des essais cliniques, par lequel doit passer toute nouvelle modalité thérapeutique.




image Essais cliniques

D’importants progrès ont été réalisés pour traiter les cancers ; toutefois des rechutes sont parfois observées leur prévention passe par l’optimisation des traitements. Ainsi, des essais cliniques consistent à comparer un traitement « standard » à, par exemple, une nouvelle combinaison de molécules anticancéreuses, une nouvelle technique chirurgicale ou de radiothérapie, ou encore un nouveau mode de prise en charge. Il est ainsi possible de déterminer les traitements qui préviennent au mieux les rechutes. Cependant, avant de proposer des traitements nouveaux à tous les patients concernés, il est indispensable de s’assurer qu’ils sont efficaces et bien tolérés. Les essais cliniques sont conçus notamment pour évaluer :









image Phases des essais cliniques

Les essais thérapeutiques constituent ainsi la principale recherche clinique en cancérologie. Ils s’organisent en différentes phases très réglementées :



L’action 4.2 du Plan cancer 2009–2013 prévoit d’augmenter l’inclusion des malades dans les essais cliniques. L’objectif à atteindre pourrait être un taux d’inclusion de 60 % dans les cancers des enfants, 40 % en hématologie maligne, 10 % dans les métastases de tumeurs solides. L’oncogériatrie doit bénéficier de projets de recherche spécifiques, notamment sur les stratégies de traitement et l’usage des nouveaux médicaments. L’objectif pourrait être un taux d’inclusion de 5 % chez les personnes âgées de plus de 75 ans. Les premières mesures du Plan cancer 2009–2013 affirment la recherche comme le moteur du progrès en cancérologie ; elles ont pour but d’assurer le transfert rapide des avancées de la recherche au bénéfice de tous les malades. L’un des grands enjeux de la recherche porte sur la recherche fondamentale, génératrice de progrès souvent imprédictibles, et sur la recherche appliquée dont l’objectif est d’aboutir rapidement à des médicaments ou techniques ayant des conséquences sur le traitement des patients.



image Prévention


La connaissance des agents cancérogènes oriente les actions de prévention à mettre en œuvre. Les études confirment que des mesures appropriées peuvent éviter certains cancers, et ce d’autant que cette maladie évolue sur plusieurs années, ce qui laisse le temps de corriger des comportements à risque. La prévention concerne les professionnels exposés à des agents cancérogènes pour lesquels des mesures sont mises en place au sein des comités d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), mais également tout individu afin de le sensibiliser à adopter des comportements visant à limiter l’exposition à des facteurs de risque.



image Prévention dans le milieu professionnel

Certains agents cancérogènes sont utilisés en milieu professionnel. Un seul est complètement interdit en France : l’amiante. Certains font l’objet de restrictions. Tous ont une utilisation réglementée dans l’entreprise. Certains agents chimiques cancérogènes font l’objet notamment de valeurs limites d’exposition professionnelle contraignantes : benzène, poussières de bois, chlorure de vinyle, etc.




image Prévention à visée individuelle

Bien sûr la complexité demeure quant à la sensibilisation individuelle et l’adoption des « bons comportements ».


La prévention du cancer nécessite d’agir sur les facteurs identifiés comme prédominants dans la survenue du cancer et de sa mortalité79. Parmi ces facteurs, le tabac, l’alcool et le traitement de la ménopause (figure 16.1).



De nombreuses campagnes de prévention à l’échelon national sont organisées par les pouvoir publics, notamment sous l’égide de l’INPES80.



image Le tabagisme


Le tabagisme est une réalité sociale et l’industrie du tabac présente des lobbyings considérables qui expliquent les difficultés de lutte contre le tabagisme81. De par le rôle social attribué à la cigarette, sa dépendance physique et psychologique, on perçoit que toute proposition d’arrêt du tabac n’est pas aisée. Cependant, les preuves scientifiques sont indiscutables, confirmant que le tabac est le principal agent carcinogène responsable de la quasi-totalité des cancers du poumon, d’une grande partie des cancers de la vessie, du rein ; il majore le risque de cancer du col de l’utérus chez les fumeuses et, en association avec l’alcool, est responsable de cancers ORL. Son action est létale car la grande majorité des cancers liés au tabac tuent leur porteur. Pourtant, arrêter de fumer majore le gain d’espérance de vie.



81Site Tabac-Net : http://www-tabac-net.ap-hop-paris.fr

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Aug 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Les conséquences des processus tumoraux

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