Le système olfactif

Chapitre 10 Le système olfactif




L’homme est en permanence stimulé par des molécules chimiques libérées dans l’environnement. Celles-ci sont détectées par des récepteurs qui sont des chémocepteurs. Elles sont détectées soit à la suite d’un contact direct – c’est comme cela que fonctionne la gustation – soit à distance, comme pour l’olfaction. Ces deux sens sont globalement appelés sens chimiques. Chez l’homme, le système olfactif est relativement peu développé du fait de l’importante socialisation, qui minimise la signification vitale des odeurs. D’un point de vue phylogénétique, le système olfactif est issu des systèmes sensoriels primitifs. Si actuellement, le système olfactif sert essentiellement à sentir, originellement, il participait au comportement complexe de recherche de nourriture ou d’un partenaire sexuel.



Rôle de l’olfaction


Avec le système olfactif, nous prélevons notre environnement pour information. Nous examinons sans interruption la qualité de l’air que nous respirons ; ceci nous alerte vis-à-vis de dangers potentiels (par exemple la fumée) mais aussi nous apporte d’autres informations utiles, telles que la présence de nourriture ou d’un individu différent.


Les produits chimiques détectés par nos systèmes sensoriels doivent avoir certaines propriétés. Par exemple, les molécules odorantes doivent être assez petites pour être volatiles (moins de 300–400 de masse moléculaire relative) de sorte qu’elles puissent se vaporiser, atteindre le nez et se dissoudre dans le mucus. Contrairement au goût, qui est un sens de contact, l’odeur peut donc être détectée à distance, ce qui en fait un dispositif de détection précoce. Nous semblons avoir une capacité innée à détecter les mauvaises odeurs. Les bébés d’un jour manifestent des expressions faciales indiquant le rejet si on leur présente des odeurs nauséabondes.


Mais notre système olfactif ne nous donne pas seulement des alertes. Il permet d’identifier des mets (en conjonction avec le goût), ou des personnes (chaque individu a sa propre odeur), et l’on peut reconnaître et être reconnu par notre odeur : les chiens peuvent distinguer l’odeur des tee-shirts portés par des faux jumeaux (ils ne peuvent pas faire la différence entre des vrais jumeaux car ils ont la même odeur). Les enfants peuvent distinguer l’odeur de leur frère de celle d’autres enfants du même âge. Les bébés identifient l’odeur de leur mère, et les mères identifient l’odeur de leur bébé.


L’émotion peut être communiquée par l’odeur. Les chiens et les chevaux sont très sensibles à l’odeur de la crainte chez l’homme. Les émotions des autres, par exemple frayeur, contentement, sexualité, peuvent être communiquées par l’odeur. La mémoire est souvent associée à l’odeur (exemple de la madeleine de Proust). L’odeur et la mémoire sont intimement liées, bien que ce phénomène ne soit pas bien compris.


Comment nous sentons (on évalue à environ 10 000 le nombre d’odeurs différentes que nous pouvons distinguer), pourquoi nous sentons et l’impact des odeurs dans la vie quotidienne sont mal compris. Nous sous-estimons certainement l’importance de l’odeur dans notre bien-être (certains anosmiques souffrent de dépression et leur qualité de vie est sévèrement affectée).


L’odeur pourrait influencer l’humeur, la mémoire, les émotions, le choix du compagnon, le système immunitaire et le système endocrine. Nous pouvons communiquer par l’odeur sans le savoir. En fait, on a pu dire que le sens de l’odeur est à l’interface esprit-corps.



Récepteur olfactif


Alors qu’il existe des récepteurs différents pour les différents goûts de base, il n’existe qu’un type de récepteur olfactif. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de distinguer diverses qualités au sein de cette modalité sensorielle. En pratique, il ne semble pas exister d’odeurs de base, comme il existe des goûts de base. À de faibles concentrations de substance, un sujet peut percevoir la présence d’une odeur, mais ne peut généralement la caractériser que difficilement, sauf à en augmenter fortement la concentration. Là, elle devient reconnaissable. Ceci amène à distinguer un seuil de détection et un seuil de reconnaissance. L’homme est capable de détecter une molécule diluée par un facteur d’environ 1010 alors que certains oiseaux les détectent pour une dilution de 1018.


Les odeurs sont détectées dans le nez par des cellules réceptrices spécialisées de l’épithélium olfactif : les récepteurs olfactifs. L’organe sensoriel est constitué par une partie de la muqueuse nasale. Les récepteurs olfactifs sont localisés dans une région de la muqueuse nasale d’environ 5 cm2 de surface, appelée muqueuse olfactive. Cette région recouvre la totalité du cornet supérieur et forme quelques îlots dans le cornet médian et sur le septum nasal. Il existe également des glandes muqueuses (glandes de Bowman) produisant la sécrétion qui baigne la surface des récepteurs. C’est une sécrétion aqueuse contenant des mucopolysaccharides, des immunoglobulines, des protéines (comme le lysozyme) et diverses enzymes (comme des peptidases). L’épithélium olfactif comporte plusieurs couches cellulaires comprenant des cellules de soutien, des cellules ciliées et des cellules basales (figure 10.1). L’homme posséderait environ 107 récepteurs olfactifs alors que le chien en a environ 2,2·108. Les capacités de l’odorat sont ainsi, au moins en partie, liées au nombre de récepteurs olfactifs.



Les cellules réceptrices sont des neurones bipolaires (figure 10.2) appelés neurones olfactifs situés dans la muqueuse olfactive. Leur prolongement apical s’étend vers le bas jusqu’à la surface de l’épithélium. Ce prolongement apical est terminé par un bouton olfactif duquel part une touffe de 8 à 20 cils olfactifs (qui contiennent les protéines réceptrices), inclus dans la couche de mucus qui recouvre l’épithélium olfactif. Le prolongement apical des récepteurs se regroupe par 10 à 100 pour former des faisceaux d’axones entourés de cellules de Schwann et traversent la boîte crânienne par les orifices de la lame criblée de l’ethmoïde. Ils se projettent vers la région inférieure du bulbe olfactif (figure 10.3). Les axones olfactifs sont fragiles, et lors de traumatismes, la pression qui s’exerce entre la lame criblée et les tissus environnants peut cisailler les axones olfactifs définitivement, induisant une anosmie, ou perte de l’olfaction. Ces neurones sensoriels sont, comme pour le goût, renouvelés en permanence ; leur durée de vie est en moyenne de 2 mois chez l’homme. Le prolongement du bulbe olfactif, constitué des axones des cellules mitrales (voir plus bas), forme le nerf olfactif, qui est la 1re paire des nerfs crâniens.




On pense que chaque neurone olfactif exprime seulement un type de récepteur (sur un total d’environ 350). Les neurones olfactifs exprimant le même récepteur rejoignent le même glomérule synaptique des cellules mitrales (voir plus bas). Chez l’homme, il y a environ 6 millions de neurones olfactifs dans chaque narine.


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May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on Le système olfactif

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