3. Le matériel*
Les gaz expirés peuvent être analysés soit en circuit fermé, où le sujet inspire un mélange gazeux contenu dans une enceinte, soit en circuit ouvert, où le gaz inspiré est le plus souvent l’air ambiant. C’est cette seconde méthode, la plus utilisée, que nous allons décrire.
Le « légendaire » sac de Douglas utilisé dès 1911 pour une expédition anglo-américaine en altitude, le spiromètre de Tissot et les appareils de Scholander ou de Lloyd-Haldane ont été progressivement remplacés par des appareils de mesure informatisés plus simples d’emploi et moins chronophages. Leur évolution progressive a permis d’aboutir aux ergospiromètres actuels, qui associent un débitmètre, des analyseurs rapides de gaz et un ordinateur traitant en temps réel les signaux acquis. Leur miniaturisation a aussi permis le développement d’appareils portables d’analyse des échanges gazeux de bonne qualité dont le poids est inférieur à 1 kg.
Le développement des ergospiromètres a favorisé la « vulgarisation » de l’épreuve d’effort avec analyse des échanges gazeux. Cependant, leur apparente simplicité d’emploi, qui pourrait être résumée à quelques clics et frappes de clavier, ne doit pas faire oublier deux notions essentielles : d’une part, la connaissance basique de la physiologie de l’exercice musculaire est indispensable pour une bonne acquisition des données et donc une bonne interprétation des épreuves d’effort cardiorespiratoires ; d’autre part, seule une mesure très rigoureuse des paramètres, qui passe par une excellente calibration du matériel, permet d’obtenir des résultats cohérents et proches de la réalité.
LES DÉBITMÈTRES
C’est le flux ventilatoire, et non le volume, qui est mesuré, après transformation en flux laminaire, grâce à un capteur de débit. Ces débitmètres à fréquence d’échantillonnage élevée (par exemple 100 Hz) génèrent un signal proportionnel au flux inspiratoire et/ou expiratoire qui le traverse. Quatre principaux types de capteurs sont utilisés, les pneumotachographes et les tubes Pitot, qui mesurent un différentiel de pression, les anémomètres à fil chaud, qui détectent un différentiel de température, et les systèmes à turbine (triple V), le plus souvent à ailettes. La mesure instantanée est intégrée en fonction du temps pour obtenir le débit ventilatoire en L.min−. Ces appareils sont relativement fragiles et réclament un entretien soigneux, en particulier pour leur désinfection. Les procédures de montage et d’étalonnage recommandées par le constructeur doivent être rigoureusement respectées. La précision requise des débitmètres proposés par l’American Thoracic Society est de ± 0,2 L.s− ou 5 %. Il est aussi essentiel de connaître les limites dans lesquelles la linéarité du débitmètre a été validée. Pour des épreuves d’effort réalisées chez des sportifs, cette linéarité doit avoir été vérifiée jusqu’à 200 L.min−.
LES ANALYSEURS DE GAZ
Leur qualité et leur reproductibilité ont un rôle essentiel pour la qualité de la mesure des fractions d’O2 et de CO2. Le spectromètre de masse permet une mesure simultanée et très précise des deux gaz, mais son coût limite son utilisation. La plupart des ergospiromètres actuels analysent séparément les gaz. Les analyseurs de CO2 sont constitués de cellules infrarouges très précises, mais sensibles à l’humidité et aux souillures. Trois types principaux d’analyseurs d’O2 sont actuellement disponibles :
• les électrodes polarographiques de petite taille, privilégiées sur les appareils portables, ont une durée de vie assez courte et peuvent être instables ;
• les analyseurs paramagnétiques récents, qui sont rapides, stables et requièrent peu de maintenance. Ils ne sont linéaires que pour des valeurs d’O2 comprises entre 0 et 25 % ;