Chapitre 21 Le langage
Découverte des aires du langage dans le cerveau
Cette découverte qui remonte à la seconde moitié du XIXe siècle est due à la méthode anatomoclinique, très en vogue alors. Cette méthode consiste à consigner les troubles neurologiques présentés par un patient puis, à son décès, à rechercher les lésions cérébrales considérées comme étant la cause des troubles observés du vivant du patient. L’aphasie désigne la perte partielle ou complète de l’utilisation du langage sans altération des facultés cognitives ni perte de l’aptitude à mobiliser les muscles utilisés pour articuler les mots. En 1825, Bouillaud propose de localiser les mécanismes de la parole dans les lobes frontaux. C’est seulement 40 ans plus tard que cette idée fait son chemin, car en 1865 Broca publie un article décrivant huit cas de troubles du langage consécutifs à des lésions du lobe frontal de l’hémisphère gauche dans la région proche de l’aire préfrontale motrice. Ultérieurement, d’autres cas semblables sont observés et jamais des lésions de l’hémisphère droit ne sont mises en cause. C’est pourquoi Broca suggère que l’expression du langage est contrôlée par un seul hémisphère et toujours le gauche. On l’appelle l’hémisphère dominant pour le langage et on appelle la région de cet hémisphère décrite par Broca « aire de Broca ». Cette découverte a été considérable dans la mesure où il s’agissait de la mise en évidence d’une localisation anatomique en relation avec une fonction cérébrale.
Dix ans plus tard, Wernicke montre que l’expression orale normale peut être abolie par des lésions de la face supérieure du lobe temporal entre le cortex auditif et le gyrus angulaire de l’hémisphère gauche. On lui a donné le nom d’« aire de Wernicke ». En fait, les limites de cette aire varient d’un sujet à l’autre.