Chapitre 2 Greffes, lambeaux et expansion
GREFFES CUTANÉES
Matériel de base
Le dermatome mécanique de Lagrot modifié par Dufourmentel est un rasoir-rabot, utilisé par les mains expertes des pionniers en va-et-vient sur une surface cutanée bien tendue. Le réglage d’épaisseur doit être précis à 0,2 mm, contrôlé par l’épaisseur de la lame de bistouri. Ce dermatome à lames interchangeables est le moins onéreux et le plus adapté à la chirurgie en site défavorisé (figure 2.1).
Les dermatomes électriques génèrent eux-mêmes un mouvement de va-et-vient sur la lame. Ils sont d’utilisation plus facile et permettent des prélèvements fins et à bords réguliers. L’idéal est le dermatome sans fils à batterie rechargeable Dans tous les cas, les dermatomes électriques permettent un réglage de la largeur du prélèvement (figure 2.2).
Les ampligreffes sont des systèmes de traitement des greffes par section en résille qui permettent, selon les cas, la multiplication de la surface sous forme de « filets » aux mailles plus ou moins larges. Les modèles d’Aesculap sont à plaques interchangeables permettant, selon la plaque, une extension de 1,5 à 9. Les modèles à expansion unique de Brennen donnent un seul type de découpe par modèle (figure 2.3).
Techniques
Elles varient avec le choix de l’épaisseur du prélèvement (figure 2.4), dont dépend le capital épidermique restant : il est maximal dans les zones superficielles de l’épiderme, minimal au niveau des annexes épidermiques situées dans le derme (figure 2.5).
2.4 Épaisseurs de prélèvement.
1 : greffe dermo-épidermique mince (0,2 mm),2 : greffe de demiépaisseur, 3 : greffe de peau totale.
Greffe dermo-épidermique mince
Prélèvement
Le dermatome et la peau sont lubrifiés (huile). Le dermatome est monté avec sa lame. La largeur et l’épaisseur de la découpe sont réglées avec précision et contrôlées (épaisseur d’une lame de bistouri). La peau est tendue. Le dermatome glisse en un seul mouvement sur la longueur préalablement définie (figure 2.6).
Mise en place
La greffe pleine ou en filet est étalée à l’envers sur une feuille de tulle gras associée à son papier support pour donner une bonne rigidité. Le côté épidermique est posé contre le tulle, le côté dermique profond vers l’extérieur. On l’étale aux instruments et avec un geste de lissage de la pulpe du doigt. La greffe est ensuite transposée sur le site, étalée et fixée par des points ou des agrafes puis recouverte d’un pansement gras, de compresses, d’une couche de Dacron® (Rolta) et de bandes de contention (figure 2.7).
Autres greffes cutanées
Greffes ultraminces
Elles font 0,1 mm, prélevées au dermatome électrique réglé au minimum d’épaisseur et peau fortement tendue; elles ont pour but de réaliser un overgrafting, uniquement pour apporter un contingent de kératinocytes pigmentés afin de corriger une achromie (figure 2.8).
Greffes de peau totale
Le prélèvement se fait au bistouri lame selon une surface préalablement dessinée grâce à un « patron » découpé sur la perte de substance à recouvrir. La greffe étendue sur la pulpe de l’index est soigneusement débarrassée de la graisse souscutanée au ciseau courbe (figure 2.9).
La greffe est ensuite apposée sur la zone receveuse et suturée à points séparés, fins, maintenue par un pansement humide ou gras, légèrement compressif, plutôt qu’avec le classique « bourdonnet » (figure 2.10).
Greffes composées
Les prélèvements les plus utilisés sont de deux types : chondro- cutanés ou chondro-muqueux.
Le prélèvement chondro-cutané est choisi de la forme désirée selon un « patron » sur le pavillon de l’oreille, le plus souvent au niveau de la racine de l’anthélix. L’anesthésie, si elle est locale, ne doit pas comporter d’adrénaline, le greffon prélevé doit subir une expression douce et être suturé avec précision sur le site receveur à points séparés comme une pièce de marqueterie (figure 2.11).
Les indications sont les reconstructions partielles des pertes de substance du bord narinaire (figure 2.12).
Les autres greffes composées sont :
LAMBEAUX CUTANÉS
Petits lambeaux locaux « au hasard »
La technique est l’autoplastie, ou lambeaux locaux « au hasard ».