1. L’accident vasculaire cérébral dans le service d’urgences
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est la plus fréquente des urgences neurologiques et, parce qu’un traitement efficace est disponible et qu’il doit être mis en place dans les premières minutes, la plupart des tableaux neurologiques aigus doivent être considérés comme des AVC jusqu’à preuve du contraire, sur la base de l’histoire de la maladie, des examens et de l’imagerie. Malheureusement, il n’existe pas d’examen clinique ou biologique rapide et facile qui permette de dire avec certitude que le patient est victime d’un AVC. C’est pourquoi la connaissance exacte de l’histoire de la maladie et un examen clinique précis sont essentiels.
Est-ce un AVC?
DÉFINITION
Le terme AVC fait généralement référence à un infarctus cérébral ou à une hémorragie cérébrale non traumatique. En fonction de la population considérée (ethnie, âge, comorbidité) le ratio infarctus/hémorragie est d’environ 4:1.
Comme nous le détaillerons dans le chapitre 3, les infarctus cérébraux peuvent être causés par différents processus pathologiques qui tous, finalement, ont en commun l’occlusion d’une artère ou d’une veine cérébrale. Si l’occlusion d’une artère résulte en une réduction significative du flux sanguin qui devient insuffisant, causant la mort des tissus (infarctus), le terme utilisé est ischémie.
Comme nous le verrons avec plus de détails dans le chapitre 8, les hémorragies intracérébrales non traumatiques sont causées par un nombre important de processus pathologiques qui conduisent tous à un saignement dans le parenchyme cérébral et les ventricules. Un saignement dans l’espace sous-arachnoïdien (voir chapitre 9) est généralement causé par une rupture d’anévrisme ou une malformation vasculaire. Les autres types de saignements cérébraux, par exemple dans l’espace sous-dural ou épidural, sont souvent d’origine traumatique et ne seront pas abordés dans ce livre.
PRÉSENTATION
Lorsque l’on évoque l’histoire de la maladie, l’aspect le plus caractéristique de l’AVC, qu’il soit ischémique ou hémorragique, est le début brutal. Ainsi, il faut être certain de connaître exactement les modalités de survenue du symptôme. Il faut aussi, impérativement, déterminer aussi précisément que possible l’heure de survenue des symptômes. Les symptômes restent souvent les mêmes ou s’améliorent un peu au cours des heures qui suivent. Cependant, ils peuvent s’aggraver de façon linéaire ou par à-coups. Les AVC ischémiques (et non les hémorragiques) peuvent rapidement régresser mais, même s’ils sont complètement régressifs, ils peuvent récidiver après quelques minutes ou quelques heures.
La seconde caractéristique de l’histoire de l’infarctus cérébral est que les symptômes sont généralement concentrés sur un seul territoire vasculaire. C’est aussi la plus importante caractéristique de l’examen neurologique d’un patient présentant un infarctus cérébral. Ainsi, des patients ayant un infarctus cérébral présentent des signes et des symptômes, au niveau des artères cérébrales antérieure, moyenne ou postérieure, d’une artère pénétrante (donnant un syndrome lacunaire), ou de l’artère vertébrale ou basilaire (voir plus loin).
Les hémorragies parenchymateuses apparaissent aussi dans des localisations caractéristiques et partagent souvent les mêmes signes et les mêmes symptômes complexes que l’infarctus cérébral, si ce n’est que les troubles de la conscience précoces, les nausées et les vomissements, les céphalées et l’hypertension sont plus courants avec les hémorragies.
Les hémorragies sous-arachnoïdiennes (HSA) se présentent couramment comme une explosion avec une céphalée très violente (« le pire mal de tête de ma vie ») et sont souvent accompagnées par une raideur de la nuque, une diminution de la conscience, des nausées et des vomissements. Les signes neurologiques focaux sont souvent absents ; s’il y en a, cela traduit habituellement la présence d’un saignement dans le parenchyme.
Signes et symptômes caractéristiques des différents territoires artériels
• Cérébral moyen : paralysie et perte de sensibilité controlatérales de la face, du membre supérieur, et de façon moindre du membre inférieur. Aphasie s’il s’agit de l’hémisphère dominant, négligence dans le cas contraire.

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