Chapitre 22 La mémoire
On définit ces termes de la manière suivante :
Les différentes catégories de la mémoire
On distingue la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.
Mémoire à court terme
Elle est appelée également mémoire de travail. C’est la capacité à garder des informations pendant des périodes de quelques secondes à quelques minutes. Cette mémoire permet donc de garder des éléments présents à l’esprit suffisamment longtemps pour mener à bien une tâche séquentielle. Elle permet par exemple de suivre une conversation, de retenir un numéro de téléphone ou la position d’un objet dans l’espace. La trace mnésique d’un chiffre ou d’un objet s’efface au bout de 1,7 s, si elle n’est pas entretenue par une sorte de boucle de rafraîchissement (c’est-à-dire répéter plusieurs fois le numéro de téléphone à retenir). La mémoire de travail a une capacité de stockage limitée, « l’empan mnésique », qui selon les langues varie de 6 à 9 unités. Tout dépend de la longueur des mots. En français, il est possible de retenir sept chiffres, mais rarement huit (à moins de les grouper par deux comme les numéros de téléphone).
Mémoire à long terme
C’est la rétention d’informations, pendant des jours, des semaines, voire toute la vie.
Elle implique le transfert des informations initialement acquises à une forme de stockage plus durable, stable et définitive qui constitue « l’engramme », nom sous lequel on désigne le substrat physique de la mémoire dans les circuits nerveux et qui dépend de modifications synaptiques.
Les structures cérébrales impliquées dans les processus mnésiques
Implication du lobe temporal et des structures limbiques
Jusqu’en 1950, on n’avait pas localisé de structure impliquée spécifiquement dans la mémoire (figure 22.1).
Un déficit comparable est observé chez les patients ayant un syndrome de Korsakoff, lié à une intoxication alcoolique chronique avec carence en vitamine B1. Cette intoxication est responsable de lésions du système limbique, avec des lésions combinées de l’hippocampe et de l’amygdale. Ce syndrome est caractérisé par l’existence d’une amnésie antérograde, c’est-à-dire l’impossibilité d’acquérir de nouveaux souvenirs (phénomène de consolidation), associée à une amnésie rétrograde, c’est-à-dire l’impossibilité de rappeler les souvenirs. La mémoire à court terme est en revanche intacte.
Circuit amygdalien
C’est une autre composante du système limbique. Il reçoit des informations de l’hypothalamus, du tronc cérébral et de l’hippocampe (figures 22.2 et 22.3).
Figure 22.2 Interconnexions des structures limbiques constituant le circuit de Papez.
Extrait de Neuroanatomie Elsevier 2004.
De ces observations cliniques, on peut conclure deux faits : d’une part que le système limbique et la partie médiane des lobes temporaux jouent un rôle important dans les mécanismes de la mémoire déclarative et la consolidation mnésique, d’autre part que les souvenirs de la mémoire procédurale doivent avoir une base anatomique différente de ceux de la mémoire déclarative.
Implication des lobes frontaux et préfrontaux
Étant donné les interconnexions (figure 22.4) existantes entre le cortex préfrontal et les structures du lobe temporal interne et du diencéphale, on pense que les cortex frontal et préfrontal doivent jouer un rôle dans l’apprentissage et la mémorisation à long terme des informations. Des expériences effectuées chez l’animal corroborent ces hypothèses.
Les diverses régions du cortex ont donc manifestement des fonctions cognitives différentes. Il n’est ainsi guère étonnant que certaines d’entre elles soient proposées pour être des sites de stockage de l’information à long terme, conformément à leur rôle spécifique dans les processus mentaux. Selon toute vraisemblance, les connexions de l’hippocampe avec les aires du langage servent à acheminer les informations déclaratives vers ces destinations.
Dans les processus liés à la mémoire déclarative, les informations sensorielles qui sont analysées dans les aires associatives du cortex alimentent le système limbique, où les mécanismes de mémorisation s’élaborent, avant que les souvenirs ne soient finalement stockés de façon plus permanente dans le néocortex associatif. En résumé, ces observations cliniques nous permettent d’élaborer un certain nombre de conclusions (figures 22.2 à 22.5). L’acquisition de la mémoire déclarative à long terme, c’est-à-dire les processus de mémorisation, dépend de l’intégrité des circuits limbiques, comprenant notamment l’hippocampe et ses connexions sous-corticales avec les corps mamillaires et le thalamus dorsal. L’hippocampe ou corne d’Ammon (figure 22.5) est la partie du cerveau qui stocke les souvenirs de façon momentanée avant de les transférer dans des régions spécialisées du cortex cérébral. L’hippocampe est un site temporaire de stockage des souvenirs.