Item 95 – Maladies sexuellement transmissibles : infections urogénitales à gonocoque et Chlamydia trachomatis (en dehors de la maladie de Nicolas-Favre)

10. Item 95 – Maladies sexuellement transmissibles : infections urogénitales à gonocoque et Chlamydia trachomatis (en dehors de la maladie de Nicolas-Favre)







Des recommandations diagnostiques et thérapeutiques sur les maladies sexuellement transmissibles ont été publiées par le groupe MST de la Société Française de dermatologie en septembre 2006.

Neisseria gonorrhoeae D et Chlamydia trachomatis, isolément ou en association, sont responsables d’infections sexuellement transmissibles (IST) anciennement appelées maladies sexuellement transmissibles (MST). Ils sont impliqués dans la majorité des infections urogénitales sexuellement transmises chez l’homme et dans une bonne part des cervico-vaginites de la femme.







Gonococcie


Le gonocoque, Neisseria gonorrhoeae D, est un diplocoque encapsulé, cytochrome oxydase positif, immobile et asporulé, notamment retrouvé dans les polynucléaires neutrophiles Gram négatif, intra- ou extracellulaires dont la transmission est presque toujours sexuelle. La transmission lors de rapports orogénitaux est possible et le portage pharyngé de gonocoques est le plus souvent asymptomatique d’où la nécessité d’une recherche systématique en cas de conduite à risque (multipartenariat avec rapports orogénitaux réceptifs non protégés).

Depuis quelques années, on assiste à une augmentation des cas, mais l’incidence reste cependant très inférieure à celle des gonococcies, observée au début des années 1980.

On observe des résistances à la pénicilline par production de β-lactamase (15 % des souches), aux cyclines (20 %) et plus récemment à la ciprofloxacine (40 %). Depuis quelques années, dans plusieurs pays européens, une augmentation régulière et significative des CMI pour les céphalosporines de 3e génération (CG3) est observée, faisant planer le risque du développement de résistance aux CG3. Ceci a entraîné une mise au point récente du traitement des gonococcies en Europe.


Infection à Chlamydia trachomatis


Chlamydia trachomatis (CT) est un bacille Gram négatif, intracellulaire obligatoire, immobile. Les sérotypes D à K, transmissibles par contact direct, sont responsables d’infections urogénitales. Les sérotypes L1, L2 et L3 sont responsables de la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) ou maladie de Nicolas-Favre.

L’infection à CT est devenue 50 à 80 fois plus fréquente que la gonococcie et représente la première maladie bactérienne sexuellement transmissible dans les pays industrialisés (prévalence estimée entre 2 et 10 % chez les sujets jeunes).

La prévalence des infections à CT tend à diminuer dans les pays d’Europe où des programmes de recherche et de contrôle actifs ont été mis en place. La distribution des infections à CT n’est pas superposable à celle du gonocoque. Elles seraient plus fréquentes chez les femmes de classes sociales favorisées. En France, le dépistage systématique par autoprélèvement vulvaire de CT chez les jeunes femmes de moins de 25 ans est recommandé. Le jeune âge et le nombre de nouveaux partenaires sont associés à ce risque. La fréquence élevée du portage asymptomatique favorise sa diffusion dans la population générale. Ces infections sont responsables de complications sur le haut appareil génital chez la femme : stérilités tubaires, algies pelviennes inflammatoires et risques de grossesse extra-utérine.


I. Gonococcie (tableau 10.I)


La gonococcie est une infection due à Neisseria gonorrhoeae ou gonocoque. Le gonocoque est un diplocoque Gram négatif intracellulaire. Le gonocoque est transmissible par contact direct, essentiellement lors des rapports sexuels.











































Tableau 10.I Caractéristiques diagnostiques et thérapeutiques des urétrites à gonocoque et à Chlamydia trachomatis.

Neisseria gonorrhoeae Chlamydia trachomatis
Prévalence parmi les urétrites en France 10 % 20-30 %
Incubation 2-5 jours Plusieurs semaines
Écoulement 90 % (purulent) 40-50 % (clair)
Cervicite Oui Oui
Portage asymptomatique Exceptionnel à l’urètre
Plus fréquent pharynx et anus
Au moins 10 % à l’urètre
Complications Prostatite, orchi-épidydimite,
Septicémie avec signes cutanés et arthrites septiques
Salpingite rare
Prostatite, orchi-épididymite
Arthrite réactionnelle
Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter
Kératoconjonctivite
Salpingite ++
Stérilité tubaire +++
GEU ++
Algies pelviennes inflammatoires
Transmission néonatale Rare conjonctivite purulente Conjonctivite, pneumopathie
Diagnostic Examen direct, culture et antibiogramme +++ PCR sur premier jet d’urine chez l’homme et sur prélèvement à l’endocol chez la femme
Dépistage Pas d’intérêt en dehors des sujets consultant pour une IST, notamment recherche de portage pharyngé voire anal Intérêt chez les sujets jeunes du fait des complications chez la femme
PCR sur le premier jet d’urine dans les 2 sexes


A. Épidémiologie


L’incidence des gonorrhées a tendance à augmenter depuis 1998. Elle est plus forte chez les hommes que chez les femmes et en Ile-de-France qu’en province. L’âge médian est de 31 ans chez les hommes et de 22 ans chez les femmes. Les principaux sites d’infection à gonocoques sont l’urètre chez les hommes et le col et le vagin chez les femmes. Le portage pharyngé est fréquent chez les homo- ou bisexuels ayant des rapports orogénitaux non protégés.

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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on Item 95 – Maladies sexuellement transmissibles : infections urogénitales à gonocoque et Chlamydia trachomatis (en dehors de la maladie de Nicolas-Favre)

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