9. Item 94 – Maladies éruptives de l’enfant
◗ Diagnostiquer et distinguer une rougeole, une rubéole, un mégalérythème épidémique, un exanthème subit, une mononucléose infectieuse, une scarlatine.
◗ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
• Les fièvres éruptives infantiles correspondent surtout à des viroses exanthématiques ne justifiant que des traitements symptomatiques.
• Il n’existe aucun lien univoque entre un type d’exanthème, ou de maladie éruptive, et un agent infectieux donné.
• L’hospitalisation est nécessaire uniquement si l’exanthème s’associe à un ensemble d’autres manifestations viscérales aggravant l’état général de l’enfant.
• Les examens complémentaires sont inutiles sauf si :
– l’enfant est immunodéprimé ;
– le contexte de survenu est particulier ;
– l’enfant a une femme enceinte dans l’entourage.
• Les diagnostics à ne pas manquer sont :
– le syndrome de Kawasaki chez le nourrisson (urgence thérapeutique) ;
– la mononucléose infectieuse chez l’adolescent recevant une aminopénicilline (il n’est pas allergique aux pénicillines).
Dans la majorité des cas, les fièvres éruptives infantiles correspondent à des viroses bénignes, parfois à des infections bactériennes.
Elles peuvent être les premières manifestations d’une affection potentiellement sévère.
I. Aspects cliniques
A. Rougeole, rubéole, mégalérythème épidémique, exanthème subit
1. Caractéristiques sémiologiques
À noter :
• l’OMS avait pour objectif l’éradication de la Rougeolerougeole d’Europe occidentale en 2007. La couverture vaccinale par le ROR (vaccin à virus vivants atténués, rougeole, oreillons, rubéole) encore insuffisante explique que la maladie soit encore rencontrée (épidémie en 2010, touchant surtout les adultes) ;
• la Rubéolerubéole ou 3e maladie est une affection virale devenue rare avec la vaccination. Elle passe totalement inaperçue dans un cas sur deux.
Les caractéristiques sémiologiques des principales maladies éruptives virales sont résumées dans le tableau 9.I.
Rougeole | Rubéole | Mégalérythème épidémique | Exanthème subit | |
---|---|---|---|---|
Âge | 3-7 ans | 2-10 ans et adultes | 5-10 ans et adultes | 6-24 mois |
Incubation | 10-15 jours | 14-21 jours | 5-14 jours | 10-15 jours |
Prodromes | Fièvre 39-40 °C Catarrhe Conjonctivite Photophobie Enfant grognon | Fièvre modérée | Aucun | Fièvre à 40 °C, tombant à 37 °C le jour de l’éruption |
Lésion élémentaire | Maculo-papuleuse, morbilliforme, confluente en placards | Macules rose pâle, morbilliforme parfois absente | Aspect de visage souffleté | Maculo-papules rose pâle |
Topographie | Tête (derrière les oreilles) puis tronc et membres | Visage puis tronc et membres, atteinte des fesses (++) | Visage puis membres : érythème en « maille de filet » Adulte : « gants et chaussettes » | Cou, puis tronc, membres visage respecté |
Énanthème | Signe de Köplik : taches blanches sur les faces internes des joues, avec halo inflammatoire | Macules ou pétéchies peu fréquentes | Macules rares, lésions aphtoïdes possibles | Petites papules érythémateuses du palais mou (spots de Nagayama) possibles |
Autres signes | Toux | Adénopathies cervicales postérieures Lymphocytose ou plasmocytose sanguine | Aucun | Adénopathies cervicales, bombement de fontanelle possible |
Guérison | 8 à 10 jours desquamation fine | 6 à 10 jours | 6 à 10 jours | 1 à 2 jours |
Virus | Paramyxovirus | Togavirus | Parvovirus B19 | Virus HHV6 parfois HHV7 |
2. Complications
a. Rougeole
Les complications de la rougeole sont rares : méningo-encéphalite, pneumopathies, myocardite, kératite.
b. Rubéole
La gravité de la rubéole est celle des atteintes congénitales en cas de contamination d’une femme enceinte.
D’où :
• la recherche d’anticorps antirubéoleux obligatoire dans la surveillance des grossesses ;
• lors de l’examen prénuptial, les femmes séronégatives doivent être vaccinées en évitant toute grossesse dans les 3 mois après le vaccin.
c. Mégalérythème épidémique
Après la disparition de l’éruption du mégalérythème épidémique, il existe une possibilité de résurgence, même pendant plusieurs semaines, voire mois, au soleil, à la chaleur, à l’effort.
La responsabilité du Parvovirus est parfois difficile à établir, les immunoglobulines M (IgM) spécifiques pouvant persister pendant 6 mois.
d. Exanthème subit
Bombement de la fontanelle et survenue de convulsions dont on ne sait si elles sont à rapporter à l’hyperthermie, ou à une encéphalite.