Item 87 – Infections cutanéo-muqueuses bactériennes

6. Item 87 – Infections cutanéo-muqueuses bactériennes














• La majorité des infections cutanées bactériennes sont dues à des cocci Gram+ : streptocoque β-hémolytique du groupe A, Staphylococcus aureus.


• Ces infections sont auto-inoculables et non immunisantes.


• Elles sont favorisées par des facteurs locaux (plaies, dermatoses préexistantes, macération cutanée…), des affections prurigineuses (ectoparasitoses, dermatite atopique, varicelle…) pour l’impétigo et des brèches cutanées (intertrigo des orteils, ulcère de jambe, brûlure) pour l’érysipèle, à rechercher dans tous les cas.


• Les infections récurrentes à staphylocoque témoignent souvent d’un portage chronique personnel et/ou dans l’entourage familial. L’émergence de SARM (S. aureus résistant à la méthicilline) communautaires justifie un prélèvement bactériologique devant tout abcès nécrotique et une prise en charge spécifique, y compris préventive dans une telle situation.


• Le diagnostic de ces infections cutanées communes est surtout clinique.


• Les complications sont rares mais potentiellement graves, justifiant le recours habituel à une antibiothérapie générale en dehors des impétigos très localisés.


• Le développement actuel des infections par des souches de S. aureus résistantes à la méthicilline (SARM), y compris en pratique de ville doit être pris en compte.


• La prévention des récidives repose sur :




– le traitement des portes d’entrée (plaies et intertrigo à dermatophytes dans l’érysipèle) ;


– la détection et décontamination des gîtes en cas de furoncles.

Les textes officiels sont :

















Tableau 6.I Types de flore bactérienne présente à la surface de l’épiderme.
Flore commensale résidente habituellement pathogène Flore transitoire éventuellement pathogène
Streptocoques microcoques
Staphylocoque épidermidis « blanc »
Quelques staphylocoques dorés
Cocci Gram négatif : Neisseria
Bacilles Gram positif : corynebactéries aérobies et anaréobies (Propionibacterium acnes)
Bacilles Gram négatif : quelques Proteus, Acinetobacter et Pseudomonas
Staphylocoque doré (+++)
Bacilles Gram négatif : Esherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Proteus

Ce portage bactérien constant et physiologique est plus marqué dans certaines zones telles les grands plis, le périnée et les orifices narinaires, qui constituent des « gîtes » fréquents en cas de portage.

La peau dispose dune protection naturelle contre la pénétration et la pullulation des bactéries pathogènes, qui associe plusieurs niveaux de défense :




• protection mécanique grâce à la continuité des cornéocytes ;


• protection chimique liée :




– au pH cutané voisin de 5,5 peu propice à la croissance bactérienne,


– au sébum qui recouvre les cornéocytes d’un film hydrophobe renforçant la barrière kératinocytaire et s’opposant à l’adhésion des bactéries aux kératinocytes,


– à la présence de substances à activité spécifiquement antibactérienne (défensines, lysozyme, cathélicidines…) qui s’attaquent notamment à la paroi des bactéries ;


• protection biologique par :




– la présence constante de bactéries commensales non pathogènes résidentes qui se comportent en compétiteurs biologiques vis-à-vis d’espèces plus dangereuses,


– l’activité d’un réseau immunitaire associant : cellules de Langerhans épidermiques qui tissent un véritable filet de protection continu, macrophages dermiques et lymphocytes à tropisme cutané, activés par les cellules de Langerhans qui leur présentent les antigènes bactériens dans le ganglion lymphatique de drainage.

La survenue dune infection bactérienne est souvent la conséquence dune altération dun ou plusieurs de ces mécanismes de défense :




• rupture de la barrière kératinocytaire (frottements, plaie aiguë ou chronique quelle que soit sa cause, brûlure physique ou chimique, lésion de grattage, fissuration, injection directe d’un germe par un agent vulnérant physique ou biologique…) permettant la pénétration de germes en profondeur ;


• modification du pH cutané ;


• disparition du film sébacé par l’emploi abusif de détergents ;


• modification de l’adhésion germes/bactéries notamment pour les staphylocoques dorés chez l’atopique ;


• disparition de la flore commensale résidente notamment en raison de l’emploi indu d’antiseptiques ;


• passage à un statut permanent de germes en principe transitoires en particulier sur des zones précises (« gîtes » bactériens) riches notamment en staphylocoques dorés, circonstance fréquente chez les atopiques, les dialysés, les diabétiques et chez un faible pourcentage de la population générale sans contexte particulier (défaut intrinsèque des mécanismes anti-adhésion ou des molécules naturelles antibactériennes ?) ;


• altérations des mécanismes immunitaires portant sur les cellules de Langerhans et surtout les lymphocytes (diabète, agents immunosuppresseurs notamment au cours des maladies systémiques, des néoplasies et des greffes d’organe) ;


• anomalies génétiques des protéines du stratum cornéum (déficit en filaggrine au cours de la dermatite atopique par exemple).

Certaines conditions physiques altèrent également ces mécanismes de défense telle la chaleur et l’humidité et donc la macération.


I. Impétigo



A. Définition


C’est une infection cutanée purement épidermique (sous la couche cornée de l’épiderme) à streptocoque β-hémolytique du groupe A et/ou à staphylocoque doré.


B. Épidémiologie


Il s’agit d’une infection auto- et hétéro-inoculable, non immunisante.

L’impétigo atteint surtout l’enfant, plus rarement l’adulte où il complique presque toujours une affection cutanée prurigineuse préexistante, en particulier une ectoparasitose ou la dermatite atopique (impétiginisation).

Il est contagieux avec de petites épidémies familiales ou en collectivités notamment en été justifiant l’éviction scolaire.


C. Diagnostic


Le diagnostic est essentiellement clinique.

L’aspect est non prédictif du germe ou des germes en cause.

Le prélèvement bactériologique est à faire uniquement en cas de doute diagnostique ou si suspicion dassociation à S. aureus résistant à la méthicilline (SARM, notamment en cas d’hospitalisation récente du patient ou d’un de ses proches ou dans un contexte d’épidémie) : identification d’un streptocoque le plus souvent du groupe A et/ou d’un staphylocoque doré + antibiogramme, voire recherche de toxines sécrétées par la souche de staphylocoque doré (TSST1, exfoliatine, toxine de Panton-Valentine à effet nécrosant, etc.).



2. Impétigo bulleux




Une évolution est possible vers le syndrome SSSS (staphylococcal scalded skin syndrome) ou épidermolyse staphylococcique aiguë induit par une toxine exfoliante staphylococcique (exfoliatine) (fig. 6.2).


Les signes cliniques sont :




• un érythème diffus et un décollement épidermique superficiel débutant autour d’un foyer infectieux parfois minime (nasal, ombilical ou périnéal) ;


• un signe de Nikolsky positif (décollement épidermique apparaissant sur la peau apparemment saine après une forte pression) superficiel, laissant une peau sèche ;


• une extension rapide dans un tableau fébrile pouvant se compliquer de déshydratation.

Un diagnostic histologique extemporané rapide avec un décollement très superficiel qui écarte une nécrolyse épidermique toxique (syndrome de Lyell) où l’épiderme est nécrosé sur toute sa hauteur.

Autre forme clinique : scarlatine staphylococcique avec érythème diffus prédominant dans les plis et ne s’accompagnant pas de bulles, évoluant vers une desquamation en 10 à 20 jours.


3. Ecthyma


L’ecthyma est :










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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on Item 87 – Infections cutanéo-muqueuses bactériennes

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