1. Item 5 – Indications et stratégies d’utilisation des principaux examens d’imagerie
ECN
◗ Argumenter et hiérarchiser l’apport des principales techniques d’imagerie.
◗ En évaluer le bénéfice, le risque et le coût.
Cofer
◗ Connaître les lésions radiographiques articulaires, osseuses et rachidiennes caractérisant les lésions malignes, septiques, inflammatoires et dégénératives.
◗ Connaître la sémiologie des données du scanner, de l’IRM et de la scintigraphie osseuse et citer les contre-indications des examens scanographique, IRM et scintigraphique.
◗ Savoir élaborer une stratégie d’imagerie concernant une maladie de l’appareil locomoteur ; savoir distinguer un examen :
• diagnostic : arbre décisionnel, notion de sensibilité et spécificité de l’examen appliqué à la méthodologie statistique ;
• diagnostic positif (oui/non) ;
• diagnostic de maladie active (oui/non) ;
• diagnostic de sévérité (oui/non) ;
• diagnostic de maladie potentiellement sévère (oui/non) ;
• de suivi de la maladie.
◗ Connaître les principes, l’intérêt et les limites de l’échographie ostéoarticulaire, musculaire et tendineuse (notamment en ville) et de la tomographie par émission de positons (TEP).
◗ Citer les RMO en imagerie du rachis.
L’image radiologique procure des données anatomiques, approche une connaissance tissulaire et montre des données fonctionnelles avec l’IRM (imagerie par résonance magnétique), l’échographie et la TEP (tomographie par émission de positons). La connaissance des données cliniques et des antécédents du patient reste fondamentale pour une interprétation optimale des lésions révélées par l’imagerie.
I. Radiographies standard
Les radiographies standard restent la clé de tout examen d’imagerie et sont toujours réalisées en première intention. On décrira les lésions radiographiques articulaires, osseuses et rachidiennes selon leur nature et les données d’orientation clinicobiologiques.
A. En faveur d’une lésion maligne
1. Articulaire
La localisation articulaire tumorale est exceptionnelle : synovialosarcome et plus rarement encore métastase articulaire. L’aspect est proche de l’atteinte septique et/ou des tumeurs osseuses.
2. Osseuse
Les tumeurs osseuses primitives sont plus fréquentes chez l’enfant et l’adulte jeune. Il s’agit souvent de lésions uniques lytiques, diaphysométaphysaires, envahissant les parties molles de voisinage avec rupture corticale et/ou réaction périostée. La distinction avec une tumeur bénigne est difficile sur un cliché standard. Une ou plusieurs lésions lytiques à limites floues chez l’adulte orientent vers une pathologie métastatique ou myélomateuse, en particulier en cas de Lacuneslacunes multiples à l’emporte-pièce (crâne, diaphyse des os longs) (figure 1.1). Les Métastasemétastases ou les lymphomes osseux peuvent aussi réaliser un aspect de lésions condensantes à contours flous, localisées ou diffuses.
Fig. 1.1 |
3. Rachidienne
Une fracture vertébrale asymétrique, une topographie dorsale haute de la fracture, un aspect de vertèbre « borgne » par lyse pédiculaire sur le cliché de face, une atteinte lytique des plateaux vertébraux, ou des murs antérieur et postérieur de la vertèbre, des lésions de l’arc postérieur, sont autant d’éléments suspects en faveur d’une lésion maligne. L’aspect de vertèbre condensée, « ivoire », peut révéler une Métastasemétastase, un Lymphomelymphome (malin), mais aussi une Maladie de Pagetmaladie de Paget ou une Spondylitespondylite infectieuse.
B. En faveur d’une lésion septique
1. Articulaire périphérique
Les signes osseux sont absents au début; on observe une tuméfaction des parties molles adjacentes, puis une déminéralisation épiphysaire, un pincement global de l’interligne articulaire, des érosions marginales et centrales mal définies, une ostéolyse des épiphyses et, enfin, une ankylose fibreuse ou osseuse séquellaire.
2. Osseuse
Les signes d’ Ostéomyélite aiguëostéomyélite aiguë sont tardifs : Ostéolyseostéolyse métaphysaire ou diaphysaire mal limitée cernée d’une zone de condensation, appositions périostées. Dans l’ostéomyélite subaiguë, on observe une lacune ovalaire avec ostéosclérose périphérique (abcès de Brodie). Dans l’ostéomyélite chronique prédominent l’ostéocondensation, une trabéculation épaisse et anarchique, des cavités intraosseuses, des appositions périostées épaisses, circonférentielles, responsables d’un aspect d’hypertrophie osseuse.
3. Rachidienne
Les signes de Spondylodiscitespondylodiscite sont en retard sur la clinique: fuseau paravertébral, perte de définition des contours des plateaux vertébraux, puis pincement du disque intervertébral, ostéolyse sous-chondrale et érosion des plateaux vertébraux, enfin ostéocondensation réactionnelle et constitution d’un bloc intervertébral. En cas de germes atypiques (tuberculose, brucellose), l’atteinte peut se limiter au corps vertébral ( Spondylitespondylite) avec des macrogéodes vertébrales en miroir.
C. En faveur d’une lésion inflammatoire
1. Articulaire
Les signes de rhumatisme inflammatoire périphérique se traduisent au début par un simple gonflement des parties molles ( Synovitesynovite) puis par une déminéralisation métaphysoépiphysaire « en bande », des Érosionérosions épiphysaires, un pincement irrégulier mais global de l’interligne articulaire et des Géodegéodes sous-chondrales (destruction articulaire) (figure 1.2).
Fig. 1.2 |
2. Osseuse
Dans certains rhumatismes inflammatoires ( Rhumatisme psoriasiquerhumatisme psoriasique), il existe un processus constructeur se traduisant par des condensations et proliférations des zones osseuses sous-lésionnelles, des réactions périostées souvent importantes (ostéopériostite), plus tardivement par une ankylose osseuse. Les Enthèseenthèses sont le siège d’une inflammation osseuse (ostéite) apparaissant sous la forme d’une Ostéocondensationostéocondensation ou d’une modification de la trame osseuse évoluant vers une ossification (enthésophytes).
3. Rachidienne
Les images de Spondylitespondylite sont constituées par des érosions des angles vertébraux, cernées par une réaction osseuse condensante (spondylite érosive de Romanus), rendant le bord vertébral antérieur rectiligne (mise au carré des vertèbres). Secondairement, se développe un processus d’ossification sous-ligamentaire à partir des angles vertébraux : c’est le Syndesmophytesyndesmophyte (plus fin et plus vertical que l’ostéophyte), qui peut conduire à une ossification intersomatique ( Colonne bamboucolonne « bambou » des spondylarthropathies) (figure 1.3).
Fig. 1.3 |
D. En faveur d’une lésion dégénérative
1. Articulaire
Les signes cardinaux de l’ Arthrosearthrose sont le pincement localisé de l’interligne articulaire dans les zones de contraintes mécaniques, l’ostéocondensation sous-chondrale, les géodes sous-chondrales cerclées et l’ostéophytose (figure 1.4).
Fig. 1.4 |
2. Rachidienne
La Discarthrosediscarthrose se traduit par un pincement global ou focal du disque intervertébral, une condensation sous-chondrale et une ostéophytose des plateaux vertébraux (figure 1.5) ; l’ Arthrose zygapophysairearthrose zygapophysaire par une condensation des facettes articulaires, un pincement articulaire sur les clichés de trois quarts, une Ostéophytoseostéophytose à développement endo ou exocanalaire, un remodelage et une horizontalisation des surfaces articulaires, responsable avec la dégénérescence discale d’un Spondylolisthésisspondylolisthésis dégénératif.
Fig. 1.5 |
II. Apport de l’imagerie complémentaire : sémiologie et contre-indications
A. Scanner
ScannerSur le plan sémiologique, les données scanographiques osseuses sont identiques à celles de la radiologie standard (condensation, ostéolyse, géodes) avec, cependant, une approche bidimensionnelle multiplanaire et la possibilité d’informations sur les parties molles (densité tissulaire, vascularisation sur les coupes avec injection de produit de contraste iodé) (figure 1.6). Le scanner est contre-indiqué en cas de grossesse. L’injection de produit de contraste iodé (scanner cervical, arthroscanner) peut éventuellement être contre-indiquée en cas d’allergie, d’insuffisance rénale, etc.
Fig. 1.6 |
B. Imagerie par résonance magnétique
Imagerie par résonance magnétiqueLa plupart des phénomènes pathologiques allongent le temps de relaxation par augmentation de la composante hydrique (œdème, inflammation, hypervascularisation…). Le signal se modifie en se rapprochant du signal du liquide céphalorachidien, c’est-à-dire un Hyposignal T1hyposignal sur les séquences pondérées en T1 et un Hypersignal T2hypersignal en T2 (figure 1.7). Il y a des exceptions, avec des anomalies en hypersignal T1 : composante graisseuse, prise de contraste vasculaire à l’injection de gadolinium, hématome subaigu, métastase de mélanome, vaisseaux traversant un plan de coupe (phénomène de flux) ; et des anomalies en hyposignal T2 : calcifications, artefact métallique, hématome chronique (dépôts d’hémosidérine). Les contre-indications absolues à l’IRM par risque lésionnel sont le pacemaker, l’intervention chirurgicale récente avec certains clips vasculaires neurochirurgicaux, certaines valves cardiaques, les corps étrangers métalliques intraoculaires. Les contre-indications relatives par risque de mobilisation sont la sonde métallique endocavitaire, le clip vasculaire, le matériel étranger, l’appareil dentaire inamovible et la prothèse auditive.
Fig. 1.7 |
C. Scintigraphie osseuse
Scintigraphie osseuseToute anomalie qui entraîne une modification du métabolisme osseux entraîne une modification de la fixation radiopharmaceutique. Une augmentation de l’activité ostéoblastique se traduit par une Hyperfixationhyperfixation, localisée ou diffuse (fracture, algodystrophie osseuse, maladie de Paget, métastases, arthropathies) (voir figure 1.9). Plus rarement, on peut observer une Hypofixationhypofixation en cas de diminution de l’activité ostéoblastique et d’activité ostéoclastique accrue (phase précoce d’ostéonécrose aseptique, séquelles de radiothérapie, métastase lytique pure, myélome). La fixation du traceur isotopique (bisphosphonate marqué au technétium 99 m) est évaluée sur les critères dynamiques (temps précoce vasculaire et tardif tissulaire) et morphologiques. Les contre-indications sont la grossesse et l’allaitement.