38. Item 329 – Prurit
◗ Chez un sujet se plaignant d’un prurit, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents éventuels.
◗ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
• Le prurit est un signe fonctionnel cutané responsable de grattage.
• Les lésions élémentaires dermatologiques permettent en général le diagnostic d’une affection dermatologique.
• En l’absence de lésion élémentaire, la recherche d’une cause de prurit repose sur un examen clinique exhaustif et quelques examens complémentaires systématiques.
• Il n’y a pas de traitement général symptomatique du prurit.
I. Définition
Le Pruritprurit est un signe fonctionnel et se définit comme « une sensation qui provoque le besoin de se gratter ». Il peut être localisé ou généralisé. Il ne concerne que la peau et certaines muqueuses ou semi-muqueuses.
Il existe un prurit que l’on peut qualifier de physiologique. Ce prurit est discret. Il est plus important le soir et/ou quand le malade se dévêt. Chaque individu se gratte de nombreuses fois dans une journée sans que cela entraîne de désagrément majeur.
Le prurit devient pathologique lorsqu’il induit des lésions de grattage (fig. 38.1) ou lorsqu’il incite à consulter.
Fig. 38.1 |
La physiopathologie du prurit est complexe. L’histamine est souvent impliquée mais pas toujours.
Le prurit peut parfois naître plus haut dans les voies de transmission (système nerveux central ou périphérique). En général, son origine est bien entendu cutanée. Il existe un contrôle de porte (gate control) à tous les niveaux.
II. Diagnostic positif
Le diagnostic de prurit est clinique et repose sur l’interrogatoire. Il peut être conforté par l’existence de lésions cutanées non spécifiques consécutives au grattage :
• excoriations et stries linéaires, voire ulcérations ;
• lichénification : peau épaissie, grisâtre, recouverte de fines squames dessinant un quadrillage (fig. 38.3) ;
Fig. 38.3 |
III. Diagnostic différentiel
Les autres sensations cutanées à différencier sont : les dysesthésies, les paresthésies, la douleur.
IV. Diagnostic étiologique
Il repose surtout sur :
• l’interrogatoire qui précise :
– le caractère localisé (topographie à faire préciser) ou diffus du prurit,
– sa sévérité : insomnie, troubles du comportement, importance des lésions de grattage, retentissement sur l’état général, gêne dans le travail ou les activités de la vie quotidienne,
– les circonstances déclenchantes ou aggravantes (hypersudation, repas, douche…), ou apaisantes (bains froids…),
– les horaires de survenue,
– l’évolution (aiguë, paroxystique ou chronique),
– les prises médicamenteuses et les traitements locaux,
– l’existence de signes généraux,
– l’éventuel caractère collectif du prurit,
– le métier ;
• l’examen physique complet qui recherche en particulier :
– des lésions cutanées, non expliquées par le grattage mais permettant d’orienter vers une dermatose spécifique responsable du prurit,
– un dermographisme,
– des adénopathies périphériques palpables, une hépato- ou splénomégalie.
V. Diagnostic étiologique d’un prurit diffus
A. Prurit diffus avec lésions dermatologiques spécifiques
Un prurit peut être observé dans de nombreuses dermatoses dont les caractéristiques cliniques et/ou histologiques des lésions élémentaires font le diagnostic (tableau 38.I).
Urticaire, dermographisme Dermatites de contact (caustiques, irritatives ou allergiques) Dermatite atopique Ectoparasitoses et piqûres d’insectes Psoriasis Lichen plan Pemphigoïde Mycosis fongoïde et syndrome de Sézary Dermatophytoses Mastocytose (fig. 38.4) |
Fig. 38.4 |
1. Urticaire et dermographisme (item 114)
L’urticaire est caractérisée par des papules œdémateuses rosées, fugaces, migratrices et récidivantes.
2. Eczéma (item 114)
Il se caractérise par des placards érythémato-vésiculeux d’extension progressive. Il peut être secondaire à un contact avec un allergène ou être constitutionnel (dermatite atopique).