Item 307 – Douleur et épanchement articulaire. Arthrite d’évolution récente

38. Item 307 – Douleur et épanchement articulaire. Arthrite d’évolution récente






Objectifs pédagogiques




ECN






Devant une douleur ou un épanchement articulaire, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.


Devant une arthrite d’évolution récente, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.


Cofer






Savoir diagnostiquer un épanchement articulaire (le différencier de la douleur, de la bursite).


Connaître la démarche diagnostique devant une monoarthropathie avec épanchement : en particulier, connaître les symptômes et signes permettant de distinguer une arthrite (septique ou microcristalline) d’une affection non inflammatoire.


Connaître les méthodes de ponction des principales articulations périphériques.


Savoir interpréter les résultats de la ponction articulaire et connaître l’aspect macroscopique et microscopique d’un liquide synovial (arthrite septique, microcristalline, inflammatoire ou mécanique, hydarthrose d’une hémarthrose).


Connaître les principales étiologies d’arthrite récente en fonction de la localisation et des éventuels signes d’accompagnement.


I. Diagnostiquer un épanchement articulaire



A. Définition


ÉPANCHEMENT ARTICULAIREUn épanchement est toujours la traduction d’une souffrance intra-articulaire qui peut être d’origine diverse. Physiologiquement, dans une articulation normale, il existe un faible film liquidien qui, dans la plupart des cas, n’est pas visible, même avec des examens complémentaires sensibles (échographie, IRM). Le liquide articulaire a une fonction nutritive envers le cartilage, tissu avasculaire. Il exerce également un rôle mécanique de lubrification des surfaces articulaires par ses propriétés viscoélastiques reposant, particulièrement, sur sa haute teneur en acide hyaluronique.


B. Diagnostic


Un épanchement « pathologique » peut être identifié par l’examen clinique et les examens complémentaires.

L’examen clinique permet de rechercher un épanchement qui peut être observé dès l’inspection pour les articulations « superficielles » (doigts, poignets, coudes, genoux, pieds) sous la forme d’une tuméfaction globale de l’articulation, avec diminution ou disparition des reliefs anatomiques. L’épanchement peut se palper, en particulier au niveau du genou par la manœuvre du choc rotulien. Il faut signaler qu’un épanchement volumineux peut s’accumuler dans un kyste ou un diverticule de la capsule ( Kyste poplitékyste poplité, par exemple).

Quand un épanchement est détecté, différents éléments sont importants à recueillir :




• le contexte médical : hémophilie chez un enfant, traitement anticoagulant, chondrocalcinose articulaire connue chez un sujet âgé… ;


• son ancienneté (récent, chronique) ;


• son importance ;


• l’existence de signes locaux inflammatoires ;


• l’existence d’un épaississement de la membrane synoviale ( Synovitesynovite), qui est palpable surtout dans la polyarthrite rhumatoïde ( Pannuspannus rhumatoïde).

La suspicion clinique d’épanchement peut conduire directement à la réalisation d’une ponction articulaire dans certaines situations cliniques, telles que l’existence d’une fièvre ou la suspicion d’hémarthrose sous anticoagulant.

Différents examens complémentaires peuvent se discuter :




• les radiographies standard et le scanner (sans injection) ne permettent pas d’identifier directement un épanchement ;


• l’échographie, qui a l’avantage de la simplicité, est un excellent examen pour rechercher un épanchement, notamment d’une articulation profonde ;


• l’IRM permet aussi de détecter un épanchement et a aussi l’avantage de bien explorer les structures ostéoarticulaires et péri-articulaires.

Cependant, la ponction à l’aiguille est en pratique le meilleur moyen, simple et rapide, pour confirmer un épanchement et l’analyser B9782294095412000389/icon05-9782294095412.jpg is missing.


C. Diagnostic différentiel


Un épanchement articulaire ne doit pas être confondu avec :




• un Hygromahygroma (ou bursite) ou une ténosynovite, qui sont la conséquence d’une atteinte des structures péri-articulaires ;


• une lésion cutanée inflammatoire, en particulier un érysipèle ;


• une lésion tumorale ostéoarticulaire (rare).


II. Démarche diagnostique devant une monoarthropathie avec un épanchement










































































































































Tableau 38.1 Caractéristiques cliniques des principales formes d’atteintes articulaires.
*Différentes formes de « stress » sont parfois des facteurs déclenchants des rhumatismes inflammatoires.

Affections rhumatismales inflammatoires Arthropathies microcristallines Arthropathies infectieuses Arthropathies mécaniques
Polyarthrite rhumatoïde Spondylarthropathies Connectivites et vascularites Aiguës Chroniques
Circonstances déclenchantes Non* Non* Non*


Alimentation


Médicaments
Infection (porte d’entrée ?) Infection (porte d’entrée ?) Traumatisme
Prodromes Non Non Non


Non = CCA


Oui = goutte
Non Non Non
Fièvre Rare Rare Rare Possible Oui Inconstante Non
Arthralgies/arthrites Arthrites


Arthrites


Arthralgies



Arthralgies


Arthrites



Arthrites


Arthralgies
Arthrites Arthrites


Arthralgies


Arthropathies avec signes locaux
Topographie articulaire
Type d’atteinte Poly ou oligoarthrite à prédominance distale Mono, oligo ou polyarthrite Poly ou oligoarthrite Mono, oligo ou plus rarement polyarthrite Mono ou plus rarement oligoarthrite Monoarthrite Mono, oligo ou polyarticulaire
Localisation spécifique Oui Oui Non Oui Non Non Oui
Caractéristiques de la douleur
Intensité faible/forte Forte à faible Forte à faible Forte à faible Forte Forte Faible à forte Faible à forte
Type Inflammatoire Inflammatoire Inflammatoire Inflammatoire Inflammatoire Inflammatoire Mécanique
Signes locaux articulaires



Chaleur, rougeur


Épanchement


Synovite



Rarement


Oui


Oui



Rarement


Oui


Non



Rarement


Parfois


Parfois



Oui


Oui


Non



Oui


Oui


Parfois



Rarement


Oui


Parfois



Non


Parfois


Non
Signes ostéoarticulaires associés
Atteinte rachidienne Possible (rachis cervical) Oui Non Rare Possible (spondylodiscite ou sacro-iliite) Possible Oui
Enthésopathie Non Oui Non Non Non Non Non
Signes extra-articulaires Possibles Possibles Oui Tophus (goutte) Oui Oui Non























































































Tableau 38.2 Liquide synovialCaractéristiques des principales formes d’atteintes articulaires.
FR : facteurs rhumatoïdes ; CCA : chondrocalcinose ; Auto-Ac : autoanticorps ; ANA : anticorps antinucléaires ; Anti-CCP : anti-peptides cycliques citrullinés ; GB : globules blancs ; IDR : intradermoréaction ; MICI : maladie inflammatoire chronique de l’intestin.

Affections rhumatismales inflammatoires Arthropathies microcristallines Arthropathies infectieuses Arthropathies mécaniques
Polyarthrite rhumatoïde Spondylarthrite ankylosante Connectivites et vascularites Aiguës Chroniques
Biologie « non spécifique »
Anomalies inflammatoires Oui Inconstantes Inconstantes Oui Oui Inconstantes Non
Cytopénies Non Non Possibles Non Non Non Non
Anomalies hépatiques Non Non Possibles Non Possibles Non Non
Anomalies rénales Rares Rares Possibles Non Possibles Non Non
Biologie spécifique


FR


Anti-CCP
HLA-B27


ANA


Auto-Ac
Hyperuricémie (inconstante au moment des crises) Non Non Non
Liquide synovial


GB > 2 000/mm 3


Pas de germes


Pas de cristaux



GB > 2 000/mm 3


Pas de germes


Pas de cristaux



GB > 2 000/mm 3


Pas de germes


Pas de cristaux



GB > 2 000/mm 3


Présence de cristaux



GB > 2 000/mm 3


(90 % PNN)


Présence de germes



GB > 2 000/mm 3


(formule mixte)


Présence de germes



GB < 500/mm 3


Pas de cristaux


Pas de germes
Examens complémentaires utiles Recherche complications viscérales (rares)


Examen ophtalmologique (uvéite ?)


Endoscopie digestive éventuellement (MICI ?)
Recherche complications viscérales (selon étiologie) Bilan rénal et métabolique en cas de goutte et CCA


Hémoculture


Autres prélèvements infectieux


ECG



Recherche de BK


IDR à la tuberculine
Non
Radiographie


Déminéralisation


Érosions


Destructions

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