7. Item 249 – Insuffisance aortique
Objectifs pédagogiques
Nationaux
◗ Diagnostiquer une insuffisance aortique.
◗ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
CNEC
◗ Connaître la définition de l’insuffisance aortique (IA).
◗ Connaître la physiopathologie de l’IA chronique volumineuse et de l’IA aiguë.
◗ Connaître les principales étiologies des IA.
◗ Savoir dépister et reconnaître une IA sur les critères d’auscultation.
◗ Connaître les signes cliniques, l’apport de l’échocardiographie et des examens d’imagerie en coupes (IRM, scanner).
◗ Connaître l’évolution et les complications et notamment le risque de dissection ou de rupture de la paroi aortique en cas de maladie annulo-ectasiante, de syndrome de Marfan ou de bicuspidie.
◗ Savoir surveiller les patients porteurs d’IA volumineuse.
◗ Connaître les critères d’indications chirurgicales, cliniques et échocardiographiques et notamment les indications opératoires en cas de fuite importante mais asymptomatique.
◗ Connaître les modalités du traitement des patients non opérés d’emblée.
◗ Connaître les modalités du traitement chirurgical et le suivi des patients opérés.
◗ Savoir mesurer le rapport bénéfice – risque des deux types de prothèses : biologique et mécanique en cas de remplacement valvulaire.
I. DÉFINITION
– Régurgitation valvulaire aortique ou fuite aortique, «insuffisance» aortique ou IA.
– Régurgitation de sang de l’aorte vers le ventricule gauche (VG) en diastole.
II. PHYSIOPATHOLOGIE
B. Insuffisance aortique aiguë
Surtout dans l’endocardite infectieuse (EI), survenue brutale d’une IA volumineuse, donc surcharge volumétrique très importante du VG, sur une cavité de petite taille et à compliance normale ce qui explique une élévation brutale des pressions de remplissage du VG, donc une élévation des pressions dans la petite circulation, puis un œdème pulmonaire. L’IA est souvent peu audible dans ce cas. Dans ce cas, la circulation coronaire est particulièrement pénalisée du fait de l’augmentation de la contrainte pariétale en diastole et de l’abaissement de la pression de perfusion aortique.
III. ÉTIOLOGIES
A. Insuffisance aortique chronique
– IA dystrophique, cas le plus fréquent actuellement dans les pays occidentaux. Deux types :
• IA annulo-ectasiante : dysplasie élastique intéressant l’anneau aortique, la paroi de l’aorte ascendante et les valves ; rencontrée dans le syndrome de Marfan, le syndrome d’Ehlers-Danlos plus rarement, et le plus souvent sans cause identifiable. L’IA dans ce cas est due exclusivement à la dilatation de l’anneau aortique, qui fait que les valves ne sont plus jointives, alors qu’elles sont normales ;
• dysplasie valvulaire isolée primitive ou syndrome des valves flasques, plus rare.
– IA secondaire à une endocardite infectieuse ancienne qui a souvent laissé comme conséquence des perforations valvulaires.
– IA rhumatismale devenue rare dans les pays occidentaux du fait de l’éradication du rhumatisme articulaire aigu.
– IA des maladies inflammatoires ou infectieuses (Takayasu, spondylarthrite ankylosante…).
– IA malformative, notamment sur bicuspidie aortique. Dans ce cas, il existe des anomalies de la paroi aortique, avec risque de dilatation de l’aorte ascendante.
B. Insuffisance aortique aiguë
– Endocardite infectieuse (EI) en phase aiguë : IA souvent massive, consécutive à des perforations valvulaires et/ou à un abcès de l’anneau aortique.
– Dissection aortique aiguë : atteignant l’anneau aortique.
– Rupture d’anévrysme d’un sinus de Valsalva.
– IA traumatique (traumatisme fermé du thorax).
C. Cas particulier des insuffisances aortiques sur prothèse valvulaire
L’IA est due à une désinsertion partielle aseptique de la prothèse (anneau aortique fragilisé par des interventions multiples ou par des calcifications) ou à une EI, précoce ou tardive.
IV. DIAGNOSTIC
A. Circonstances de découverte
– Découverte le plus souvent fortuite en cas d’IA chronique (souffle entendu lors d’une visite de médecine du travail ou d’une consultation pour une autre raison…).
– Découverte par une complication, notamment EI.
– De nos jours, découverte tardive au stade d’insuffisance cardiaque (IC) rare.
B. Signes fonctionnels
– Dyspnée d’effort, à quantifier (classification NYHA).
– Angor d’effort et parfois de repos (fonctionnel) ; rarement, en cas d’IA massive.
– Insuffisance cardiaque rare et tardive, de mauvais pronostic.
C. Signes physiques
– Souffle diastolique, de durée variable dans la diastole.
– Prédomine au foyer aortique et irradie le long du bord sternal gauche ; il est mieux entendu lorsque le patient est assis ou debout, penché en avant.
– Souffle holodiastolique en cas d’IA importante, ou proto-mésodiastolique en cas d’IA de moindre importance.
– Souffle systolique éjectionnel d’accompagnement fréquent au foyer aortique.
– Roulement de Flint apexien ou bruit de galop, témoins d’une IA sévère.
– Choc de pointe étalé, dévié en bas et à gauche : choc « en dôme ».
– Artères périphériques hyperpulsatiles, battements artériels parfois apparents au niveau du cou + autres signes d’hyperpulsatilité artérielle périphérique…
– Élargissement de la pression artérielle différentielle, avec abaissement de la pression diastolique, traduisant une IA sévère.

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