22. Item 149 – Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques : tumeurs à papillomavirus humain (HPV)
◗ Diagnostiquer une tumeur cutanée épithéliale bénigne : papillomes viraux cutanés et condylomes.
◗ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
• Plus de 120 génotypes d’HPV actuellement connus, 20 d’entre eux ont un tropisme génital dont certains (HPV16/18) ont un potentiel oncogène bien documenté dans le cancer du col de l’utérus.
• Les infections génitales à HPV sont une des IST les plus fréquentes dans les pays développés en raison des formes latentes.
• Le dépistage systématique par frottis des infections HPV cervicales assure la prévention du cancer du col.
• L’infection VIH et l’immunodépression augmentent la prévalence des infections HPV, la sévérité des récidives, la progression des néoplasies intraépithéliales.
• Le diagnostic positif des infections HPV repose sur la clinique ; celui des infections génitales infracliniques sur le frottis, l’acidoréaction et la colposcopie/biopsie.
• Le traitement des verrues cutanées n’est pas consensuel : leur régression spontanée écarte les traitements agressifs. Les mesures thérapeutiques seront adaptées au type clinique et à la localisation.
• Le traitement des condylomes doit être adapté aux formes cliniques et à la localisation ; les récidives fréquentes imposent un suivi médical à 6 mois.
• La présence de verrues anogénitales impose la recherche d’une IST associée et l’examen du partenaire.
Les infections à Papillomaviruspapillomavirus humains (Human papillomavirus [HPV]) sont très fréquentes.
Les HPV sont responsables de lésions épithéliales cutanées ou muqueuses qui sont le plus souvent bénignes (verrues et condylomes), mais qui sont associées à certaines néoplasies (carcinomes périunguéaux, carcinomes génitaux vulvaires et péniens, carcinomes du col de l’utérus).
Caractéristiques des HPV
Définis par leur génotype (et non leur sérotype).
Plus de 120 génotypes de HPV sont actuellement caractérisés selon la séquence de leur ADN :
• soit réplication virale en profitant de la prolifération de la cellule hôte responsable d’un effet cytopathogène spécifique sur les kératinocytes (aspect de koïlocytes) (fig. 22.1) ;
• soit persistance à l’état latent sous forme épisomale d’ADN viral libre (infection latente, porteur sain) ;
• soit intégration dans le génome cellulaire avec un risque oncogène.
Durée d’incubation
La durée d’incubation des HPV est mal connue et semble varier entre 3 semaines et plusieurs mois, en fonction du statut immunitaire de l’hôte.
Risque oncogène
Certains HPV muqueux dits « à haut risque oncogène » (HPV16 et 18) peuvent être directement carcinogènes, mais le plus souvent d’autres facteurs carcinogènes sont nécessaires (tabac, immunosuppression pour les greffés d’organe et les patients infectés par le VIH ; tabac pour les muqueuses).
Tropisme exclusif pour les épithéliums malpighiens.
Très résistants au froid et à la chaleur et transmis par contact.
On distingue les infections à HPV cutanées (verrues) et muqueuses (condylomes).
Verrues cutanées
Prévalence de 7 à 10 % dans la population générale, en particulier chez les enfants scolarisés et les adultes jeunes.
Transmission favorisée par les microtraumatismes et la fréquentation des piscines et salles de sports (douches).
Certaines professions (bouchers, vétérinaires, abattoirs, poissonniers) sont plus exposées aux verrues des mains causées par un type spécifique (HPV7).
Condylomes
Incidence en constante augmentation dans tous les pays développés, touchant avec prédilection les 16-25 ans.
Portage asymptomatique d’HPV au niveau génital.
Transmission sexuelle : l’IST la plus fréquente actuellement.
Transmission non sexuelle possible : contact avec des linges humides contaminés, ou lors de l’accouchement si la mère est porteuse de condylomes exposant l’enfant au risque de papillomatose laryngée (transmission périnatale).
Cas particulier des immunodéprimés
Infections à HPV plus fréquentes et plus agressives.
Greffés d’organe : augmentation d’incidence des verrues et des cancers de la peau corrélée à la durée et à l’intensité de l’immunodépression, justifiant un suivi dermatologique au long cours chez ces patients en raison du risque carcinogène.
Infection VIH : la prévalence des infections HPV du col de l’utérus, génitales (pénis, vulve) et anales augmente avec l’immunodépression viro-induite qui aggrave la sévérité et la progression des néoplasies associées aux HPV (néoplasies cervicales, néoplasies anales).
I. Diagnostic clinique
A. Lésions cutanées
1. Verrues plantaires
On distingue deux variétés :
• la myrmécie (HPV1) : la plus fréquente. C’est une verrue profonde, douloureuse à la pression, unique ou réduite à quelques unités. Elle est circonscrite par un épais anneau kératosique recouvrant partiellement la région centrale dont la surface kératosique est piquetée de points noirs (micro-hémorragies) (fig. 22.2) ;
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Fig. 22.2 |
• les verrues en mosaïque (HPV2) : la moins fréquente. Elle est non douloureuse et composées de multiples verrues se groupant en un placard kératosique (fig. 22.3).
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Fig. 22.3 ![]() Stay updated, free articles. Join our Telegram channel![]() Full access? Get Clinical Tree![]() ![]() ![]() |