3. Item 129 bis – Dyslipidémies
Objectifs pédagogiques
Nationaux
◗ Diagnostiquer les principales dyslipidémies primitives et secondaires.
◗ Connaître les recommandations pour la prise en charge des dyslipidémies.
CNEC
◗ Connaître les définitions des trois grands types d’hyperlipidémies et savoir explorer une anomalie lipidique (EAL).
◗ Savoir identifier une hyperlipidémie secondaire.
◗ Connaître succinctement les principaux types d’hyperlipidémies primitives.
◗ Connaître la notion de risque cardiovasculaire global, comment l’estimer et comment intégrer le phénotype lipidique à cette estimation.
◗ Connaître les cibles thérapeutiques concernant le LDL-cholestérol en fonction du niveau de risque.
◗ Savoir prescrire un régime alimentaire hypolipémiant.
◗ Connaître les règles de prescription et de surveillance des principaux médicaments hypolipémiants et notamment les statines.
Les risques médicaux associés aux dyslipidémies sont essentiellement le risque de maladie cardiovasculaire athéromateuse quelle que soit la localisation. Il est associé :
– positivement et de façon graduelle, à la concentration de LDL-cholestérol ;
– négativement et de façon graduelle, à la concentration de HDL-cholestérol ;
– à l’hypertriglycéridémie à (HTG) qui est en grande partie « dépendant » des autres marqueurs ou facteurs de risque, généralement associés à l’hypertriglycéridémie. Ces facteurs sont habituellement le surpoids, le diabète et le HDL-cholestérol bas.
Les autres risques sont beaucoup plus rares à envisager : surtout le risque de pancréatite aiguë en cas d’hypertriglycéridémie > 10 g/L.
I. DIAGNOSTIC PHÉNOTYPIQUE
Le bilan lipidique (phénotype) d’un sujet à un moment donné représente une situation instantanée, qui peut varier notamment en fonction des facteurs environnementaux (principalement l’alimentation et le statut pondéral). Le phénotype ne préjuge pas nécessairement du génotype, ni du mécanisme physiopathologique sous-jacent. Un génotype donné peut parfois s’exprimer chez un même sujet sous forme de plusieurs phénotypes en fonction des circonstances et notamment l’alimentation.
Le bilan lipidique usuel consiste en l’exploration d’une anomalie lipidique (EAL) comportant les dosages du cholestérol total (CT), du HDL-cholestérol et des triglycérides (TG), à partir desquels la concentration de LDL-cholestérol est calculée par la formule de Friedewald soit : LDL-C = CT – HDL-C – TG/5 (en g/L) ou TG/2,2 (en mmol/L). Cette formule n’est valable que pour des TG < 4 g/L.
Bien que le risque associé au LDL-C et au HDL-C soit graduel, les recommandations AFSSAPS (2005) considèrent que le bilan lipidique est normal si les valeurs suivantes sont présentes simultanément :
– LDL-C < 1,6 g/L ;
– HDL-C > 0,4 g/L ;
– TG < 1,5 g/L.
La classification ancienne de Fredrickson (types I, Ila, Ilb, III, IV, V) est une classification biochimique qui est de moins en moins utilisée dans la pratique clinique, au profit d’une classification pragmatique en trois types :
– hypercholestérolémie pure (ex-type IIa) : LDL-c > 1,60 g/L ;
– hypertriglycéridémie pure (essentiellement type IV : TG > 1,5 g/L) ;
– hyperlipidémie mixte : association d’une hypercholestérolémie et d’une hypertriglycéridémie (essentiellement type IIb ; rarement type III).
L’hypoHDLémie (< 0,40 g/L chez l’homme ; 0,50 g/L chez la femme) peut être associée à l’une ou l’autre des catégories précédentes.
II. ÉLIMINER UNE CAUSE D’HYPERLIPIDÉMIE SECONDAIRE
Le tableau 3.1 résume les principales étiologies d’hyperlipidémies secondaires, l’outil diagnostique usuel pour les rechercher et le type d’hyperlipidémie le plus souvent associé à ces étiologies.
*HCH : hypercholestérolémie ; HLM : hyperlipidémie mixte ; HTG : hypertriglycéridémie. | ||
Étiologies | Moyen diagnostique | Type d’hyperlipidémie* |
---|---|---|
Hypothyroïdie | TSH | HCH/HLM |
Cholestase | Bilirubine, phosphatase alcaline | HCH |
Syndrome néphrotique | Protéinurie, œdème | HLM |
Insuffisance rénale chronique | Créatinine | HTG/HLM |
Alcoolisme | Interrogatoire | HTG |
Diabète | Glycémie, HbA1C | HTG |
Hyperlipidémie iatrogène | Interrogatoire | |
Œstrogènes | “ | HTG |
Corticoïdes | “ | HLM/HTG |
Rétinoïdes | “ | HTG |
Antirétroviraux | “ | HTG |
Ciclosporine | “ | HCH/HLM |
Diurétiques, bêta-bloquants | “ | HTG modérée |
III. DIAGNOSTIC DES HYPERLIPIDÉMIES PRIMITIVES
A. Hypercholestérolémies familiales monogéniques
1. Par mutation du gène du LDL-récepteur
– Forme hétérozygote :
• 50 % des récepteurs aux LDL sont touchés, 50 % sont fonctionnels ;
• fréquente (1/500 dans la population) ;
• avec une élévation importante du LDL-C entre 2 et 5 g/L ;
• parfois, dépôts lipidiques caractéristiques : xanthomes tendineux, arc cornéen prématuré ;
• risque cardiovasculaire élevé.
– Forme homozygote :
• exceptionnelle (1/1 000 000 dans la population) ;
• élévation majeure du LDL-C > 5 g/L ;
• dépôts lipidiques xanthomateux présents dès l’enfance ;
• complications athéromateuses (y compris rétrécissement aortique) pouvant survenir dès la première décennie.
2. Liée à une mutation de l’apolipoprotéine B (apoB)
– Fréquence de l’ordre de 1/600 dans la population.
– Expression de l’hypercholestérolémie plus modérée avec LDL-C classiquement entre 2 et 3 g/L.
– Xanthomes rares.
B. Hypercholestérolémies polygéniques
– Hyperlipidémie très fréquente avec LDL-C entre 1,3 et 2,5 g/L le plus souvent ; parfois HTG associée.
– Prédisposition familiale polygénique.
– Physiopathologie faisant probablement intervenir plusieurs mécanismes.
– Souvent assez sensible à l’alimentation.
– Risque cardiovasculaire modulé par le niveau de l’hypercholestérolémie et la présence des autres facteurs de risque.
C. Hyperlipidémie familiale combinée
– Fréquente : 1 à 2 % de la population.

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