Item 117 – Lupus érythémateux disséminé. Syndrome des antiphospholipides

16. Item 117 – Lupus érythémateux disséminé. Syndrome des antiphospholipides









L’appartenance au sexe féminin est un facteur de susceptibilité : la prévalence chez les femmes en âge de procréer est 7 à 9 fois supérieure à la prévalence chez les hommes (sex-ratio : 3 femmes pour 1 homme au cours des périodes pré- et post-ménopausiques).

La description d’une forme typique est impossible. Les principales manifestations seront décrites en indiquant leur fréquence. Les atteintes viscérales, qui peuvent toutes révéler la maladie, s’associent lors des poussées à des signes généraux : fièvre, asthénie, amaigrissement.


I. Atteinte cutanée


De nombreuses manifestations dermatologiques sont observées au cours du lupus érythémateux. Elles sont schématiquement classées en trois groupes : les lésions lupiques (histologie évocatrice de lupus), les lésions vasculaires et les autres manifestations.


A. Lésions cutanées spécifiques (tableau 16.I)


Les lésions lupiques principalement observées au cours du LES sont des lésions de lupus érythémateux aigu. Les lésions de lupus subaigu ou chronique sont plus rares. Ces différents types de lupus cutané peuvent être associés chez un même malade. Ils diffèrent par leur aspect clinique, histologique et leur évolution.
















Tableau 16.I Signes principaux des lésions cutanées lupiques du lupus.
Type de lupus Signes cliniques
Lupus érythémateux aigu Érythème en vespertilio, en « loup »
Lésions érosives muqueuses
Lupus érythémateux subaigu Lésions annulaires disséminées
Lésions psoriasiformes disséminées
Photosensibilité
Lupus érythémateux discoïde Lésions érythémato-squameuses
Évolution atrophiante, dyschromique, cicatricielle


1. Lupus érythémateux aigu





Dans la forme localisée, l’atteinte est située principalement sur les joues et le nez, en vespertilio ou en loup, respectant relativement les sillons nasogéniens et les paupières, s’étendant souvent sur le front, le cou, dans la zone du décolleté avec une bordure émiettée.

Dans la forme diffuse, les lésions prédominent sur les zones photoexposées réalisant une éruption morbilliforme, papuleuse, eczématiforme ou bulleuse. Sur le dos des mains, les lésions lupiques atteignent surtout les zones interarticulaires.



Le diagnostic différentiel se pose avec :




• la rosacée (item 232) ;


• la dermatite séborrhéique (item 232) ;


• la dermatomyosite qui prédomine au visage, sur les paupières supérieures, de couleur lilacée avec un œdème généralement plus important et aux mains, sur les zones articulaires.

Les formes disséminées peuvent faire évoquer un eczéma ou une éruption virale.


2. Lupus érythémateux cutané subaigu


Des lésions de lupus cutané subaigu sont observées dans 7 à 21 % des LES, notamment en présence d’anticorps anti-Ro/SSA.

Les lésions sont érythémateuses, maculeuses ou papuleuses évoluant :




• soit vers des lésions annulaires à contours polycycliques avec une bordure érythémato-squameuse ;


• soit vers des lésions papulo-squameuses, d’aspect psoriasiforme (fig. 16.4).


Elles prédominent sur les zones photoexposées de la moitié supérieure du corps.

Elles peuvent être induites par certains médicaments (thiazidiques, inhibiteurs calciques).

Le diagnostic différentiel peut être :




• une dermatophytie ;


• un érythème polymorphe ;


• un psoriasis ;


• un pityriasis rosé de Gibert ;


• un vitiligo dans les formes dépigmentées.



4. Autres aspects


D’autres aspects sont plus rarement observés au cours du LES :




• le lupus tumidus se manifeste par des lésions érythémateuses, infiltrées, non squameuses ;


• le lupus à type d’engelures des extrémités ;


• la panniculite lupique débutant par des nodules et laissant une atrophie cicatricielle sur les bras et les cuisses.


a. Aspects histopathologiques







Les lésions sont épidermiques et dermiques : hyperkératose, atrophie épidermique, dégénérescence des kératinocytes basaux, épaississement de la membrane basale, œdème et infiltrat lymphocytaire dermique.

Les lésions sont plus marquées dans les formes discoïdes, parfois minimes dans les autres variantes.

L’étude en immunofluorescence directe d’une lésion lupique met en évidence des dépôts granuleux (par opposition aux dépôts linéaires des dermatoses bulleuses auto-immunes) d’immunoglobulines (lgG, A ou M) et/ou de complément (C1q, C3) à la jonction dermo-épidermique dans 90 % des cas de lupus aigu et chronique et dans 60 % des cas de lupus subaigu.

Ces dépôts sont présents en peau saine dans 30 % des cas de LES.


b. Aspects évolutifs


Les lésions de lupus érythémateux aigu ont une évolution parallèle à celle des poussées systémiques, disparaissant sans cicatrice. Les lésions de lupus cutané subaigu peuvent laisser des macules hypo- ou achromiques séquellaires.

Les lésions de lupus discoïde ont une évolution chronique et cicatricielle sans parallélisme avec les poussées viscérales.


B. Lésions cutanées vasculaires



1. Phénomène de Raynaud (item 327)


Un phénomène de Raynaud est présent chez 15 à 45 % des malades.

Il peut précéder de longue date l’apparition du LES.

Il ne justifie que rarement un traitement spécifique.

L’apparition d’une nécrose digitale doit faire suspecter une thrombose ou une vasculite associée.


2. Livedo


Le livedo est significativement associé à la présence d’anticorps antiphospholipides, à l’atteinte cardiaque et aux manifestations vasculaires ischémiques cérébrales.

Il est diffus, à mailles fines non fermées, formant des cercles incomplets (livedo racemosa ou ramifié), localisé sur les membres et le tronc.

La biopsie cutanée est d’intérêt limité.


3. Purpura (item 330)


Le purpura peut témoigner d’une vasculite ou de lésions thrombotiques : plus les lésions sont nécrotiques, plus le risque de thrombose est important (justifiant la recherche d’anticorps antiphospholipides).


4. Ulcères de jambe (item 137)


Les ulcères de jambe, présents chez environ 3 % des malades, sont rarement secondaires à une atteinte des troncs profonds (Doppler artériel et veineux).

Il s’agit le plus souvent d’ulcères superficiels par vasculite ou plus souvent thrombose cutanée (anticorps antiphospholipides).


5. Vasculite urticarienne


Les lésions d’urticaire, notées dans 4 à 13 % des cas, correspondent histologiquement à une vasculite leucocytoclasique des vaisseaux superficiels dermiques et sont généralement associées à une baisse du complément.


6. Autres lésions vasculaires


On peut aussi observer un érythème palmaire, des télangiectasies periunguéales et des hémorragies en flammèches sous-unguéales.

Des aspects d’engelure sont parfois observés : lupus engelure.


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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on Item 117 – Lupus érythémateux disséminé. Syndrome des antiphospholipides

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