Gastro-entérologie – Hépatologie

SOMMAIRE

MALADIES	MÉDICAMENTS
Achalasie du sphincter inférieur de l’œsophage (mégaœsophage idiopathique) 502
Anomalies anatomiques de l’œsophage 503
Cancer de l’œsophage (1) 504
Cancer de l’œsophage (2) 505
Œsophagite caustique 506
Reflux gastro-œsophagien (1) 508	Antireflux – antiémétiques 509
Reflux gastro-œsophagien (2) 510	Gels antireflux 511
Reflux gastro-œsophagien (3) – œsophagite par reflux (1) 512
Reflux gastro-œsophagien (4) – œsophagite par reflux (2) 513
Endobrachyœsophage – œsophage de Barrett (1) 514
Endobrachyœsophage – œsophage de Barrett (2) 515
Ulcère gastrique 516
Gastrinome (syndrome de Zollinger-Ellison) 516
Cancer de l’estomac (1) 517
Cancer de l’estomac (2) 518
Cancer de l’estomac (3) 519
Ulcère duodénal (1) 520	Inhibiteurs de la pompe à protons (1) 521
Ulcère duodénal (2) 522	Inhibiteurs de la pompe à protons (2) 523
Ulcère duodénal (3) 524	Topiques antiulcéreux 525
Ulcère duodénal (4) 526	Prostaglandines antiulcéreuses 527
Ulcère duodénal (5) 528	Antihistaminiques H2 (1) 529
	Antihistaminiques H2 (2) – pharmacologie 530
	Antihistaminiques H2 (3) 531
	Topiques antiacides 532
	Topiques antiacides – pharmacologie 533
Diarrhée aiguë (1) 534
Diarrhée aiguë (2) 535	Réhydratation orale 536
	Antidiarrhéiques (1) – antisécrétoires intestinaux 536
	Antidiarrhéiques (2) – ralentisseurs du transit 537
Diarrhée aiguë (3) – bactérienne 538	Antiseptiques intestinaux – nitrofuranes 539
Diarrhée aiguë (4) – intoxications alimentaires (1) 540
Diarrhée aiguë (5) – intoxications alimentaires (2) 541
Diarrhée aiguë (6) – diarrhée des antibiotiques (1) 542
Diarrhée aiguë (7) – diarrhée des antibiotiques (2) 543
Diarrhée aiguë (8) – diarrhée des antibiotiques (3) 544	Antidiarrhéiques (3) – produits d’origine microbienne 545
Diarrhée aiguë (9) – diarrhée du voyageur (turista) 546	Purification de l’eau de boisson 547
Malabsorption (1) 548
Malabsorption (2) 549
Maladie cœliaque de l’adulte (1) 550	Aliments sans gluten (1) 551
Maladie cœliaque de l’adulte (2) 552	Aliments sans gluten (2) 553
Constipation (1) 554	Laxatifs (1) – laxatifs osmotiques 555
Constipation (2) 556	Laxatifs (2) – laxatifs lubrifiants 557
Colopathie fonctionnelle – troubles fonctionnels intestinaux 558	Pansements digestifs 559
Endoscopie digestive basse (1) 560
Endoscopie digestive basse (2) 561
Endoscopie digestive basse (3) 562
	Laxatifs (3) – laxatifs de lest 563
	Laxatifs (4) – laxatifs stimulants 564
	Laxatifs (5) – laxatifs par voie rectale 565
Maladie de Crohn (1) 566	Anti-inflammatoires coliques (1) 567
Maladie de Crohn (2) 568	Anti-inflammatoires coliques (2) – pharmacologie 569
Maladie de Crohn (3) 570	Anti-inflammatoires coliques (3) 571
Maladie de Crohn (4) 572	Anti-inflammatoires coliques (4) 573
Maladie de Crohn (5) 574	Anticorps anti-TNF alpha 575
Maladie de Crohn (6) 576
Maladie de Crohn (7) 577
Rectocolite hémorragique (1) 578
Rectocolite hémorragique (2) 579
Rectocolite hémorragique (3) 580
Rectocolite hémorragique (4) 581
Rectocolite hémorragique (5) 582
Rectocolite hémorragique (6) 583
Colite collagène–colite lymphocytaire 584
Tumeurs carcinoïdes 585
Cancer du côlon et du rectum (1) 586
Cancer du côlon et du rectum (2) 587
Cancer du côlon et du rectum (3) 588
Cancer du côlon et du rectum (4) 589
Cancer du côlon et du rectum (5) 590
Cancer du côlon et du rectum (6) 591
Cancer du côlon et du rectum (7) 592
Cancer du côlon et du rectum (8) 593
Cancer du côlon et du rectum (9) 594	Sang dans les selles (recherche de) 595
Diverticulose colique non compliquée 596
Diverticulose colique compliquée (1) 597
Diverticulose colique compliquée (2) 598
Diverticulose colique compliquée (3) 599
Hémorroïdes 600	Antihémorroïdaires locaux 601
Fissure anale 602	Sclérosants hémorroïdaires 603
Pancréatite aiguë (1) 604
Pancréatite aiguë (2) 605
Pancréatite aiguë (3) 606
Pancréatite aiguë (4) 607
Pancréatite chronique (1) 608	Extraits pancréatiques 609
Pancréatite chronique (2) 610	Triglycérides à chaîne moyenne 611
Cancer du pancréas (1) 612
Cancer du pancréas (2) 613
Colique hépatique 614	Antispasmodiques non anticholinergiques (1) 615
Lithiase vésiculaire 616	Antispasmodiques non anticholinergiques (2) 617
Cholécystite aiguë lithiasique 618
Angiocholite aiguë lithiasique 620	Antispasmodiques anticholinergiques 621
Hépatite virale aiguë (1) 622	Vaccin anti-hépatite A (1) 623
Hépatite virale aiguë (2) 624	Vaccin anti-hépatite A (2) – pharmacologie 625
Hépatite virale aiguë (3) – hépatite fulminante 626	Immunoglobulines spécifiques antihépatite A 627
Hépatite virale chronique B (1) 628
Hépatite virale chronique B (2) 629
Hépatite virale chronique B (3) 630
Hépatite virale chronique B (4) 631
Hépatite virale chronique B (5) 632
Hépatite virale chronique B (6) 633
Hépatite virale chronique B (7) 634	Antiviraux – anti VHB (1) 635
	Antiviraux – anti VHB (2) 636
	Antiviraux – anti VHB (3) 637
	Immunoglobulines spécifiques antihépatite B 638
	Vaccin anti-hépatite B (1) 639
	Vaccin anti-hépatite B (2) – pharmacologie 640
Hépatite virale chronique C (1) 641
Hépatite virale chronique C (2) 642
Hépatite virale chronique C (3) 643
Hépatite virale chronique C (4) 644
Hépatite virale chronique C (5) 645
Hépatite virale chronique C (6) 646
Hépatite virale chronique C (7) 647
Hépatite virale chronique C (8) 648	Interféron alpha (1) 649
	Interféron alpha (2) 650
	Interféron alpha (3) – pharmacologie 651
	Antiviraux – anti VHC (1) 652
	Antiviraux – anti VHC (2) – pharmacologie 653
Hépatite auto-immune (1) 654
Hépatite auto-immune (2) 655
Hépatite auto-immune (3) 656
Hémochromatose 658	Chélateur du fer 659
Cirrhose non compliquée (1) 660
Cirrhose non compliquée (2) 661
Cirrhose compliquée (1) 662
Cirrhose compliquée (2) 663
Cirrhose compliquée (3) 664
Cirrhose compliquée (4) 665
Hépatite alcoolique aiguë 666
Cancer du foie (1) 667
Cancer du foie (2) 668
Tumeurs bénignes du foie (1) 669
Tumeurs bénignes du foie (2) 670
Tumeurs bénignes du foie (3) 671
Cholangite sclérosante primitive cirrhose biliaire primitive (1) 672
Cholangite sclérosante primitive cirrhose biliaire primitive (2) 673	Acides biliaires 674
	Acides biliaires – pharmacologie 675
Transplantation hépatique (1) 676
Transplantation hépatique (2) 677
Transplantation hépatique (3) 678
Transplantation hépatique (4) 679
Transplantation hépatique (5) 680
Transplantation hépatique (6) 681
Hémorragie digestive haute (1) 682	Analogues de la vasopressine 683
Hémorragie digestive haute (2) 684	Analogues de la somatostatine 685
Hémorragie digestive haute (3) 686
Hémorragie digestive basse 687
Nausées – vomissements (1) 688	Antiémétiques (1) 689
Nausées – vomissements (2) 690	Antiémétiques (2) – mal des transports (médicaments du) 691
Hoquet 692	Antiémétiques (3) – antireflux 693

NOTES

ACHALASIE DU SPHINCTER INFÉRIEUR DE L’ŒSOPHAGE (MÉGAŒSOPHAGE IDIOPATHIQUE)

L’achalasie du sphincter inférieur de l’œsophage (SIO), anciennement appelée mégaœsophage idiopathique, peut être considérée schématiquement comme l’opposé du reflux gastroœsophagien. Il s’agit d’une absence de péristaltisme du corps de l’œsophage. Cet apéristaltisme est associé à une hypertonie de base du SIO et à une absence de relaxation ou une relaxation incomplète du SIO à la déglutition.

Traitement médical

Il n’est efficace qu’au début de la maladie et devient rapidement insuffisant. On utilise des médicaments qui réduisent le tonus du SIO :

– dérivés nitrés, isosorbide dinitrate (RISOR-DAN 5 mg ou spray) : 1 à 2 cp. ou bouffées sublinguales avant chaque repas ;

– inhibiteurs calciques, nifédipine (ADALATE, 10mg) : 1 à 2 caps. avant chaque repas.

Traitement endoscopique

Dilatation pneumatique au ballonnet

Cette méthode donne 75 % de bons résultats à long terme. Le risque est la perforation (3 à 5 %).

Infiltration du SIO par de la toxine botulique

Certaines équipes évaluent l’efficacité de l’infiltration du SIO avec de la toxine botulique au cours d’une endoscopie. Les résultats à court terme sont favorables mais sont encore inconnus à long terme.

Traitement chirurgical

C’est l’intervention de Heller. On pra-tique une œso-cardio-myotomie extramuqueuse sur les 8 derniers centimètres de l’œsophage. Cette intervention peut être réalisée par voie cœlioscopique ; elle doit être associée à la confection d’un dispositif antireflux (fundoplicature). Elle donne 85 % de résultats favorables à long terme. Le risque est le reflux et l’œsophagite peptique (3 à 5 %).

Dans tous les cas, la surveillance doit être régulière, rythmée par la clinique. Le risque est la survenue dans 4 % des cas d’un carcinome épidermoïde de l’œsophage, même après traitement.

ANOMALIES ANATOMIQUES DE L’ŒSOPHAGE

Diverticule de Zenker

C’est un diverticule par pulsion développé aux dépens de la paroi pharyngée postérieure ; les symptômes sont dus à la stase alimentaire dans le diverticule : dysphagie intermittente, fétidité de l’haleine, pneumopathies d’inhalation, etc.

Il faut être très prudent lors de la fibroscopie car il existe un risque de perforation du diverticule à l’introduction de l’endoscope.

Le traitement est chirurgical : il consiste en une diverticulectomie associée à une myotomie en dessous du diverticule (crico-pharyngien) pour éviter les récidives.

Un traitement endoscopique peut être proposé dans certains cas (diverticule de petite taille) : le geste consiste à sectionne le muscle cricopharyngien qui apparaît comme un septum entre la lumière œsophagienne et le diverticule.

Anneau de Schatzki

C’est un diaphragme muqueux œsogastrique, circulaire, toujours associé à une hernie hiatale. Il est responsable d’une dysphagie intermittente.

Si la dysphagie est sévère, on peut proposer une rupture endoscopique de l’anneau, des dilatations endoscopiques, untraitement laser, voire, si besoin, une intervention chirurgicale (intervention antire flux associée à un effondrement au doigt de l’anneau).

Syndrome de Mallory-Weiss

C’est une déchirure longitudinale de la jonction œsogastrique. Elle apparaît lors d’effort de vomissements et est responsable de 5 à 10 % des hématémèses. Le diagnostic est endoscopique.

Le traitement est le plus souvent symptomatique (cf. Hématémèse) : repos du tube digestif, antiémétiques, antisécrétoires.

Dans les formes graves, on peut proposer une coagulation perendoscopique ou une suture chirurgicale.

CANCER DE L’ŒSOPHAGE (1)

La stratégie thérapeutique doit être décidée en milieu spécialisé. Les facteurs influençant le choix du traitement sont :

– le niveau de la lésion (1/3 inférieur don’t l’abord chirurgical est abdominal et 2/3 supérieurs dont l’abord nécessite une thoracotomie) ;

– le type histologique : 90 % de carcinomes épidermoïdes ; les adénocarcinomes sont situés sur l’extrémité inférieure et compliquent surtout un endobrachyœsophage ;

– l’extension de la tumeur ;

– le terrain.

Traitement curatif (cancer opérable) [1]

Il est chirurgical. C’est le traitement à proposer en première intention en l’absence de métastase à distance si le terrain le permet.

Les critères d’inopérabilité sont les suivants:

• contre-indications relatives :

– âge ≥ 75 ans,

– OMS = 2,

– perte de poids > 15 % du poids de base,

– artériopathie sévère.

• contre-indications absolues :

– insuffisance respiratoire (PaO₂ = 60 mmHg, PaCO₂ > 45 mmHg, VEMS = 1 000 mL/s),

– cirrhose décompensée (ascite, ictère, présence de varices œsophagiennes),

– insuffisance rénale (créatininémie > 1,25 x N),

– infarctus du myocarde datant de moins de 6 mois ou cardiopathie évolutive. Il faut toutefois noter que statistiquement, en traitement curatif, la chirurgie n’est pas supérieure à l’association radio-chimiothérapie pour l’amélioration de la survie.

Préparation du malade

• Bilan préanesthésique :

– état nutritionnel (pourcentage d’amaigrissement, protidémie, albuminémie) : renutrition si possible orale, sinon entérale ou parentérale en milieu spécialisé,

– examen respiratoire (EFR, gazométrie),

– examen cardiovasculaire (palpation des pouls et recherche de souffles, ECG),

– créatininémie et calcul de la clairance,

– recherche de signes de cirrhose et bilan biologique hépatique,

– recherche de signes de neuropathie,

– état général (classification OMS).

• Consultation d’aide au sevrage tabagique et alcoolique en préopératoire. pour arrêt de l’alcool et du tabac.

• Éradication des foyers infectieux ORL et stomatologiques.

• Antibiothérapie périopératoire.

Chimiothérapie néoadjuvante et radiothérapie

L’utilité de la radio-chimiothérapie néoadjuvante est de plus en plus établie : elle associe le 5-FU et le cisplatine.

Une radiothérapie externe sur la lésion est parfois associée à la chimiothérapie, en particulier en cas de localisation haute.

Intervention chirurgicale

Elle a pour but d’enlever la lésion néoplasique en passant à distance (5 cm).

• Voie d’abord abdominale (et thoracique si lésion des 2/3 supérieurs).

• Œsophagectomie totale ou subtotale, débordant sur l’estomac si lésion inférieure.

• Cellulectomie péritumorale et curage lymphatique cœliaque et médiastinal. Au moins 6 ganglions (idéalement 12) doivent être examinés.

• Anastomose œsogastrique la plus haute• Anastomose œsogastrique la plus haute possible en tubulisant la grande courbure gastrique (continuité rétablie avec le côlon si antécédent de gastrectomie).

• Fermeture plan par plan et examen de la pièce opératoire.

Complications : fistule anastomotique avec médiastinite, insuffisance respiratoire après thoracotomie, complications liées au terrain.

Mortalité : 15 à 30 %. Séquelles : reflux gastro-œsophagien, sténose de l’anas- tomose.

Radiothérapie

• Associée à la chimiothérapie préopératoire (cf. supra ).

• Secondaire à la chirurgie si des adénopathies sont envahies.

• Exclusive mais ses résultats sont modestes.

CANCER DE L’ŒSOPHAGE (2)

Traitement palliatif (cancer inopérable)

Traitement de la dysphagie

Il existe plusieurs possibilités :

– association radio-chimiothérapie palliative ;

– dilatation endoscopique de l’œsophage souvent suivie de la mise en place d’une endoprothèse ;

– photocoagulation de la tumeur par laser ;

– gastrostomie d’alimentation mise en place par voie endoscopique ou chirurgicale ;

– en dernier recours, une sonde nasogastrique à demeure.

Mesures aspécifiques

• Arrêt de l’alcool et du tabac.

• Éradication des foyers infectieux.

• Alimentation hypercalorique avec supplémentation vitaminique.

• Traitement des douleurs : recours aux morphiniques si besoin, radiothérapie antalgique.

• Soutien psychologique.

Surveillance

Après traitement curatif

• Examen clinique tous les 3 à 6 mois pendant 3 ans

• Examens paracliniques : en fonction des symptômes (transit œsophagien, gastroscopie, radiographie thoracique, échogra phie et/ou scanner abdominal). Pour le diagnostic précoce de nouvelles localisations ORL ou bronchiques : examen ORL annuel, à la recherche d’un cancer métachrone, en cas de cancer épider moïde. Fibroscopie bronchique non systématique.

• Surveillance du maintien du sevrage d’alcool et de tabac.

Après traitement palliatif

Examen clinique et examens complémentaires orientés par les symptômes.

Cancer superficiel

Il s’agit des cancers n’envahissant pas la muscularis mucosae. Une mucosectomie endoscopique peut être proposée. La photothérapie dynamique est en cours d’évaluation.

Consensus

[1] Thésaurus de cancérologie digestive : cancer de l’œsophage, FFCD et SNFGE, 2007, www.ffcd.fr, www.snfge.asso.fr

ŒSOPHAGITE CAUSTIQUE

Circonstances de survenue

Elles sont de deux types :

–accidentelles : lésions peu sévères, essentiellement buccales car le produit est recraché ;

– volontaires (tentative de suicide) : lésions graves.

Produits en cause

Les acides provoquent des lésions étendues en surface mais peu profondes ; ils lèsent surtout l’estomac (Harpic).

Les bases provoquent des lésions profondes mais peu étendues en surface ; elles lèsent surtout l’œsophage car elles sont tamponnées par l’estomac (Destop, ammoniac).

Les oxydants dont seule la forme concen trée est toxique (eau de Javel).

Traitement

Le patient doit être rapidement transporté en ; milieu hospitalier spécialisé pour pratiquer le bilan lésionnel et la prise en charge.

En cas de lésions superficielles

Une surveillance de quelques jours en milieu hospitalier est souvent suffisante. La réalimentation orale peut être rapidement reprise. Le risque de sténose secon daire après quelques semaines impose la pratique régulière d’une endoscopie.

En cas de lésions profondes

En cas de perforation, l’intervention chirurgicale est indispensable : la suture est impossible et on est donc conduit à pratiquer une œsogastrectomie en urgence.

Une alimentation parentérale exclusive est débutée.

Une antibiothérapie à large spectre est débutée : ex. amoxicilline + acide clavulanique (AUGMENTIN) IV : 1 g x 3/j ou en cas d’allergie : ofloxacine (OFLOCET) IV : 200 mg x 2/j.

Des complications peuvent survenir pendant cette phase : hémorragies, perforation tardive, surinfection.

Après 3 sem., un bilan endoscopique et radiologique (transit à la Gastrografine) doit être pratiqué :

– si les lésions sont cicatrisées, on reprend l’alimentation orale ;

– si les lésions sont toujours évolutives, on poursuit la mise au repos du tube digestif et on refait un bilan après 3 mois de traitement.

Les séquelles et leur traitement :

– sténose œsophagienne : abstention, dilatation endoscopique, œsophagoplastie

– sténose antrale : gastrectomie ;

– troubles digestifs ;

– dégénérescence néoplasique.

Classification endoscopique des lésions caustiques de l’œsophage

Stade	Lésions muqueuses
I	Érythème ou pétéchies
IIa	Ulcérations linéaires ou rondes
IIb	Ulcérations circulaires ou circonférentielles
IIIa	Nécrose localisée
IIIb	Nécrose étendue
IV	Perforation

Gestes à faire et à ne pas faire devant une œsophagite caustique

Certains gestes doivent impérativement être évités :

– faire boire,

– faire vomir,

– faire absorber un antidote,

– tenter de neutraliser un acide par une base ou inversement,

– mettre une sonde nasogastrique avant le bilan endoscopique.

Les gestes à faire sont :

– mettre en place une voie veineuse périphérique,

– prélever un bilan préopératoire,

– faire des soins buccaux avec des compresses sèches.

Dans tous les cas, un bilan endoscopique s’impose, après avoir éliminé une perforation (radiographie).

NOTES

REFLUX GASTRO-ŒSOPHAGIEN (1)

Indications des explorations du RGO de l’adulte

CLASSIFICATION	SYMPTÔMES	EXPLORATIONS
Symptômes typiques	Pyrosis Régurgitations acides	Non indiquées
Symptômes typiques + symptômes d’alarme ou autres éléments décisionnels	Amaigrissement Dysphagie Hémorragie Anémie Âge > 50 ans Résistance au traitement Récidive précoce à l’arrêt du traitement	Endoscopie œsogastroduodénale
Symptômes atypiques	Douleurs épigastriques Toux nocturne Asthme Douleurs pseudo-angineuses Enrouement Brûlures pharyngées Otalgies	Endoscopie œsogastroduodénale pH-métrie œsophagienne si absence d’œsophagite

Ainsi, il n’y a pas lieu de pratiquer une endoscopie chez le sujet jeune pour un reflux gastro-œsophagien à symptomatologie typique, modérée, non compliquée sauf en cas d’échec du traitement symptomatique et de récidives fréquentes.

Règles hygiéno-diététiques

Repas

Ils doivent être pris : au calme, à heures fixes, en mâchant bien.

Il faut éviter les aliments qui diminuent la pression du sphincter inférieur de l’œsophage : repas gras, épices, café, thé, chocolat, boissons gazeuses, menthe, alcool et tabac.

Mesures posturales

Elles ont pour but de diminuer la pression intra-abdominale :

– pas de décubitus post-prandial ;

– surélévation nocturne de la tête du lit de 15° environ (cette mesure est la seule qui ait véritablement démontré son efficacité) ;

– pas d’antéflexion brutale et prolongée ;

– éviter gaines, corsets, lombostats, ceintures, vêtements serrés, chaussures à lacets.

Médicaments à éviter

• Les médicaments diminuant la pression du sphincter inférieur de l’œsophage : inhibiteurs calciques, dérivés nitrés (souvent au cours de l’angine de poitrine), théophylline, β-stimulants (souvent au cours de l’asthme), anticholinergiques, benzodiazépines, barbituriques, morphiniques, estroprogestatifs, progestérone.

• Les médicaments pouvant léser la muqueuse digestive : AINS, aspirine.

Traitement médicamenteux

ANTIREFLUX – ANTIÉMÉTIQUES

Dompéridone

PROPRIÉTÉS

Antiémétique neuroleptique (butyrophénone : antagoniste de la dopamine) sans effet anticholinergique passant très faiblement la barrière hémato-encéphalique. Il augmente la vitesse de vidange de l’estomac et s’oppose au reflux duodéno-œsophagien. Il renforce le péristaltisme du tube digestif supérieur :

– augmentation du tonus du sphincter inférieur de l’œsophage ;

– inhibition de la relaxation du fundus gastrique et stimulation de l’activité motrice ;

– élargissement du pylore au moment de son ouverture ;

– augmentation de la fréquence, de l’amplitude et de la durée des contractions duodénales.

La dompéridone normalise les contractions anarchiques de la maladie des spasmes étagés de l’œsophage. Elle ne modifie pas les fonctions sécrétoires.

CONTRE-INDICATIONS

Ne pas utiliser si la stimulation de la motricité gastro-intestinale présente un danger : hémorragie gastro-intestinale, obstruction mécanique, perforation digestive.

Dyskinésies tardives iatrogènes (neuroleptiques).

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

Insuffisance rénale : diminuer les doses de 30 à 50 % en cas d’utilisation prolongée.

Grossesse : aucune malformation rapportée.

Allaitement : passage dans le lait.

EFFETS SECONDAIRES

Syndrome extrapyramidal exceptionnel (1,4 cas par million) presque toujours en rap port avec un surdosage ou une perméabilité anormale de la barrière hémato-encéphalique (immaturité, lésion).

Rarement, à posologie élevée et prolongée : gynécomastie, troubles des règles.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’association d’anticholinergiques est illogique car ils ont des effets opposés à la dompéridone.

Cf. aussi Métoclopramide.

REFLUX GASTRO-ŒSOPHAGIEN (2)

Reflux gastro-œsophagien typique

S’il n’existe pas de signes d’alarme (amaigrissement, dysphagie, hémorragie, anémie) et si l’âge du sujet est < 50 ans, on peut pratiquer un traitement d’épreuve sans fibroscopie.

Si les symptômes sont espacés (moins d’une fois par sem.), on propose la démarche

• Traitement à la demande par alginates Ex. : alginate de sodium + bicarbonate de sodium (GAVISCON) : 1 càc 30 min après chaque repas et au coucher.

• Renforcement de la pression du sphincter inférieur de l’œsophage

Il est souvent utilisé mais n’a jamais prouvé son efficacité.

Ex. : dompéridone (MOTILIUM) : 1 cp. 15 min avant chaque repas et au coucher.

Durée du traitement : 6 sem.

Si les symptômes sont rapprochés (une fois par sem. ou plus), on peut proposer un traitement antisécrétoire à faible dose

• Inhibiteur de la pompe à protons : MOPRAL (oméprazole), 1 gél. à 10 mg/j ou LANZOR, 1 gél. à 15 mg/j.

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