30 Greffes de peau mince
Historique
La pratique des greffes de peau débute à la fin du xixe siècle en Europe [1, 2]. Ollier a utilisé le premier des greffes « dermoépidermiques » (1872) et insisté sur la nécessité de greffer sur un tissu de granulation sain. Thiersch suggérait d’aviver d’abord le sous-sol de la greffe et préconisait de prélever les greffes de sorte qu’elles soient les plus minces possibles, avec un rasoir spécialement conçu pour cet usage.
Blair et Barrett-Brown ont décrit les avantages d’une greffe cutanée ni trop mince, ni trop épaisse, qualifiée de demi-épaisse, prélevée avec un simple rasoir sans garde sur une peau tendue par des plaques et un appareil aspirateur qu’ils avaient inventés [3]. Lagrot créa en 1942 son dermatome. Il s’agissait d’un rasoir « rabot », qui devait être aiguisé à chaque utilisation. Dufourmentel modifia le rasoir de Lagrot en le dotant d’une lame interchangeable et surtout d’une garde avec un réglage d’épaisseur. Lanz est l’inventeur de la greffe en filet (1908). Sa technique fut mécanisée plus tard par Tanner et Vandeput (1964) dans un appareil à rouleaux [4].
Techniques
Les greffes cutanées utilisées en pratique courante sont des autogreffes prélevées de manière extemporanée. Elles sont indiquées pour des pertes de substance étendues, mettant à nu des tissus bien vascularisés. Sur les membres, il est fait le plus souvent appel à des greffes de peau mince, sauf pour privilégier le résultat esthétique ou fonctionnel [5].
D’une épaisseur d’environ 0,2 à 0,3 mm, les GPM intéressent l’épiderme et une partie du derme. Elles peuvent être prélevées au bistouri de façon tangentielle pour de petites surfaces, ou grâce à un dermatome mécanique (Lagrot, Dufourmentel) (Figure 30.1), électrique, ou pneumatique (Padgett) (Figure 30.2).
Les greffes de petite dimension peuvent être prélevées sur l’éminence hypothénar, alors que les greffes plus étendues sont prélevées le plus souvent sur la face antérieure ou externe de la cuisse (Figure 30.3). Le cuir chevelu est naturellement riche en annexes et la zone donneuse est cachée par les cheveux lorsqu’ils ont repoussé.
Le rasoir manuel de Lagrot-Dufourmentel est robuste, simple et sûr (absence de pannes), mais son maniement correct nécessite toutefois une solide expérience. L’épaisseur de la greffe doit être en effet contrôlée non pas seulement sur la mollette du rasoir, mais sur la qualité du saignement de la zone donneuse. Un piqueté hémorragique très fin correspond à une greffe mince, un piqueté plus gros à une greffe demi-épaisse (0,6 à 0,7 mm), la main qui utilise le dermatome appuyant alors davantage sur la zone prélevée (Figure 30.4). Il ne faut évidemment pas voir de lobules graisseux, qui témoigneraient d’une prise totale du derme.